Européennes : une campagne qui tarde à démarrer

Européennes : une campagne qui tarde à démarrer

À un mois du scrutin, la campagne pour les élections européennes peine à intéresser les Français. Conclusions du grand débat, incendie de Notre-Dame, mobilisations des gilets jaunes… Autant de sujets nationaux qui semblent détourner l’attention d’une élection qui traditionnellement est marquée par un fort taux d’abstention.
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Top départ. Les candidats aux élections européennes peuvent déposer à partir de ce mardi leur liste au ministère de l’Intérieur et ce jusqu’au 3 mai. C’est d’ailleurs chose faite pour la tête de liste communiste, Ian Brossat qui assure sur Twitter qu’il s’agit de « la seule liste composée à 50% d'ouvrier.e.s et d'employé.e.s et en capacité de faire élire une ouvrière au Parlement européen ! ».

Certes la campagne officielle n’a pas encore commencé (elle se déroulera du 13 au 25 mai 2019 pour un scrutin le 26 mai), mais à un mois de l’échéance, les Français peinent à se mobiliser. Selon le dernier sondage IFOP, « Euro-rolling », seules 41% des personnes interrogées assurent qu’elles iront voter, soit le même pourcentage que le mois dernier selon la même étude. Aucun frémissement en vue donc, mais ces chiffres sont à comparer avec ceux des deux derniers scrutins européens : 59% d’abstention en 2009, 56% en 2014.

Grand débat et Notre-Dame 

Reportées pour cause d’incendie spectaculaire de Notre-Dame, les conclusions du grand débat seront présentées par Emmanuel Macron lors d’une conférence de presse, jeudi soir à partir de 18H. Un contretemps qui a conduit la tête de liste LREM, Nathalie Loiseau à décaler la présentation de son programme au 9 mai. Il y a deux semaines, le directeur de campagne, Stéphane Séjourné avait annoncé sur Public Sénat que le programme précis du parti majoritaire serait donné la semaine du 25 avril. Une réaction en chaîne, qui une nouvelle fois, conforte cette impression de verticalité du pouvoir présidentiel.

La semaine dernière, Les Républicains ont également dû s’adapter à l’actualité nationale. Laurent Wauquiez et la tête de liste, François-Xavier Bellamy ont annulé le grand meeting de lancement de campagne à Nîmes prévu initialement le lendemain de l’incendie de Notre-Dame. Ce mardi, c’est à Caen en présence du président du Sénat, Gérard Larcher, que les LR présenteront leur slogan pour les Européennes. Selon le Figaro, il s’agirait de : « Refonder l’Europe, rétablir la France ». Fin janvier, le choix d’un jeune philosophe versaillais, proche de la manif pour tous, avait fait grincer des dents en interne. Trois mois plus tard, les intentions de votes sont passées de 8% à 14%. « Ce frémissement dans les sondages est seulement un début » promettait François-Xavier Bellamy début avril à l’issue d’une rencontre avec les sénateurs LR.

Des couacs qui s’enchaînent

Depuis des mois, LREM et le Rassemblement national sont au coude à coude dans les intentions de votes. Ce week-end, l’IFOP donnait 22,5% pour la formation de Marine Le Pen et 22% pour la liste de Nathalie Loiseau. L’ancienne ministre en charge des affaires européennes, qui fait campagne sur la lutte contre le populisme, doit, ce mardi, faire face à une polémique. Mediapart a révélé sa présence sur une liste d'extrême droite lors d’élections à Sciences Po en 1984. « Une vraie connerie », une « erreur de jeunesse » a-t-elle plaidé, ce matin, sur France Info.

Au moment de la composition de sa liste en janvier dernier, le Rassemblement national a pu s’enorgueillir de quelques prises de guerre, comme celle de l’ancien député UMP, Thierry Mariani en position éligible sur la liste conduite par le jeune Jordan Bardella. Mais à l’instar de la France Insoumise, le RN a dû une nouvelle fois avoir recours à un « emprunt patriotique » auprès de ses sympathisants pour financer sa campagne.

« La difficulté provient des délais de traitement des demandes de prêt par les banques (…) « celles-ci répondent très tardivement et ne versent, le cas échéant, le montant du prêt que quelques semaines, voire quelques jours, avant le vote » expliquait la France Insoumise au début du mois pour justifier la mise en place de leur « emprunt populaire » sur leur la plateforme « finactions ». Toujours selon le sondage IFOP, avec 7% d’intention de vote, la liste menée par Manon Aubry se place en quatrième position, derrière Europe-Ecologie-Les Verts (8%). La semaine dernière, le parti de Jean-Luc Mélenchon a fait face à des remous en interne avec le départ du politologue Thomas Guénolé, 14e sur la liste et accusé de harcèlement sexuel. De son côté, Thomas Guénolé a dénoncé « méthodes staliniennes » du parti.

La gauche éparpillée

Le PS a fait le choix osé et contesté en interne, du philosophe Raphaël Glucksmann pour conduire la liste Parti socialiste-Place publique. Pour le moment, les sondages ne décollent pas (6,5%). Bien peu à l’aise dans les premiers débats organisés entre têtes de liste, sur le terrain, les salles de meeting ne font pas non plus salles combles comme le rapporte Le Monde.

Éparpillée entre le PS, LFI, Europe-Ecologie-Les Verts, Génération(s) (3%), le Parti communiste (2,5%), ou encore Lutte ouvrière (1%), la gauche, ou du moins une partie, n’est pas parvenue à se rassembler pour les Européennes. La tête de liste PC, Ian Brossat a lancé un appel, ce mardi, à s'en tenir à un « code de bonne conduite » en évitant de se « taper dans les pattes ». Un appel que Raphaël Glucksmann n’a vraisemblablement pas encore entendu en qualifiant Jean-Luc Mélenchon de « Thatcher de gauche », en raison de son rejet de la « logique de solidarité européenne ».

Si l’ensemble des listes n’est pas encore connu, parmi les autres prétendants aux 79 sièges dévolus à la France au Parlement européen, on pourra compter sur l’UDI de Jean-Christophe Lagarde, Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, les Patriotes de Florian Philippot, ou encore l’UPR de François Asselineau.

Encore d’autres listes pourraient voir le jour comme celle du philosophe Dominique Bourg baptisé « Urgence écologie ». Et on ne compte pas moins de 5 listes revendiquées « gilets jaunes » sur la ligne de départ : « Rassemblement des gilets jaunes citoyens », « Union jaune », « Ralliement d’initiative citoyenne », « Évolution citoyenne », et « jaunes et citoyens ».

À noter que contrairement à 2014, le scrutin de liste par circonscriptions a été remplacé par une circonscription nationale unique. Les partis doivent obtenir au moins 3% des suffrages pour obtenir remboursement de leurs frais de campagne. Le plafond des dépenses électorales est fixé à 9 200 000 euros.

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