Exclusion des LR : un dernier épisode pour la route

Exclusion des LR : un dernier épisode pour la route

Les LR n’en finissent toujours pas avec l’exclusion des Constructifs et des membres LR du gouvernement. Une volonté de clarification de la direction qui renvoie la droite à ses fractures profondes sur sa ligne politique.
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Sortez le pop-corn, le feuilleton continue. Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, l’un des sujets préférés des Républicains, c’est l’exclusion. Celle des membres des LR partis au gouvernement ou chez les Constructifs, pour appuyer la majorité présidentielle. Des « traîtres », accusent en substance une partie des LR.

Le bureau politique de mardi soir n’a pas clos l’histoire. « J’attends le dernier épisode » lâche en arrivant Nadine Morano. Elle aura droit à un ultime numéro, la semaine prochaine. Une histoire de quorum non atteint. Il faudra revoter.

« Feux de l’humour », « mauvais gag »

Si le bureau politique a bien décidé d’exclure Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, Sébastien Lecornu, secrétaire d'Etat à l'Ecologie, ainsi que les deux députés Constructifs, Franck Riester et Thierry Solère, qui avaient accepté de s’expliquer devant une commission, le premier ministre, qui n'a pas souhaité le faire, a pour la forme reçu un traitement différent : « Le BP a pris acte du départ d'Edouard Philippe » de LR. « Il n'est pas parti. N'importe quoi ! Certains prennent leurs désirs pour des réalités », s’est étonné auprès de l'AFP l'entourage du premier ministre.

Sur Twitter, Gilles Boyer, conseiller d’Edouard Philippe, se délecte de ces péripéties. Il donne rendez-vous la semaine prochaine « pour le prochain épisode des Feux de l’humour »…

Même Laurent Wauquiez, grand favori de l’élection pour la présidence des LR, a vu dans le BP « un mauvais gag ». « Il y a une stratégie d'Emmanuel Macron qui consiste aussi bien à gauche qu'à droite, à ne faire exister que lui face aux extrêmes et il y a des Français qui aspirent à ce qu'il y ait une autre politique », a-t-il dit sur France Inter. « Et pour ça, ça suppose de clarifier la situation parce que Les Constructifs participent de cette stratégie ». « Comme on a des gens très cyniques, qui ont d'emblée signalé qu'ils feront des actions en justice, ce que je trouve surréaliste parce que je préférerais qu'ils aient l'élégance d'un Bruno Le Maire qui au fond est allé au bout de sa démarche, qui a dit « moi je suis plus aux Républicains j'ai basculé En Marche », du coup il faut qu'on soit très prudent, très strict sur notre processus », a-t-il justifié.

« On n’est pas clair sur ce lien avec le FN »

Si l’exclusion a été votée à une large majorité, les quelques opposants ne sautaient pas de joie, à la sortie du bureau. « Je suis pour mettre fin à cette comédie, j’ai voté contre » a expliqué Patrick Devedjian.

« On ne reconstruira pas la droite de notre pays en excluant des amis qui aujourd’hui servent l’intérêt général de la France, et de l’autre côté en laissant certains d’entre nous apporter leur soutien à Sens commun dont il apparaît clairement au grand jour ses accointances avec le FN. C’est beaucoup de contradictions » souligne l’ancien maire de Nice, Christian Estrosi.

« C’est très décevant » pour la sénatrice Fabienne Keller, tenté un temps de suivre les Constructifs du Sénat, qui ont formé leur groupe. « Au même moment, on ne prend pas de décision sur Sens commun qui vient de déclarer son souhait de construire une plateforme avec le FN. Où sont les valeurs des Républicains ? Nous avons fait un choix de déplacement sur la droite. (…) Et on n’est pas clair sur ce lien avec le FN » pointe Fabienne Keller (voir la vidéo).

Fabienne Keller, sénatrice LR : « On n’est pas clair sur ce lien avec le FN »
00:39

Thierry Solère a lui accusé Laurent Wauquiez, ce matin sur RMC, d'avoir « cassé la digue avec l'extrême-droite ». Nadine Morano, de son côté, a qualifié le Constructif de « sale type » sur Twitter…

Pour le secrétaire général des Républicains, Bernard Accoyer, c’est au contraire l’attitude des Constructifs qui peut faire monter l’extrême droite. « Nous avons besoin d'une droite claire et l'hypothèse d'une droite et d'une gauche confondue, (...) ça donne ce qui s'est passé en Allemagne, la grande coalition de la droite et de la gauche fait qu'aujourd'hui l'Allemagne compte 92 députés d'extrême-droite au Bundestag », a-t-il souligné sur France 2.

Il est temps pour LR de tourner la page des exclusions et pour se consacrer exclusivement à son rôle d’opposition. Mais la tâche est rendue ardue par Emmanuel Macron. En attirant à lui des membres des LR, tout en appliquant globalement la politique économique que défend la droite depuis des années, Emmanuel Macron réussit à affaiblir la droite. Peut-être pour longtemps.

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