Exportation de pesticides interdits : « On peut parler d’un véritable scandale » affirme Ronan Dantec
Selon Le Monde, l’Union européenne a approuvé, en 2018, l’exportation de plus de 80 000 tonnes de pesticides, pourtant interdits sur le sol européen. Les sénateurs écologistes dénoncent un scandale.

Exportation de pesticides interdits : « On peut parler d’un véritable scandale » affirme Ronan Dantec

Selon Le Monde, l’Union européenne a approuvé, en 2018, l’exportation de plus de 80 000 tonnes de pesticides, pourtant interdits sur le sol européen. Les sénateurs écologistes dénoncent un scandale.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le sujet fait bondir les écologistes. Une enquête de l’association suisse Public Eye et de la branche britannique de Greenpeace, à laquelle Le Monde a eu accès révèle l’ampleur du commerce et de l’exportation, par l’Union européenne, de plus d’une quarantaine de pesticides pourtant interdits sur le territoire européen. En 2018, l’UE a ainsi approuvé l’exportation de de 81 615 tonnes de pesticides contenant des substances bannies depuis parfois plus de dix ans sur son propre sol, soutient le quotidien. Dans la liste des 41 produits exportés par les pays membres de l’Union européenne, on retrouve le dichloropropène, ou encore le paraquat, tous deux interdits en raison de leur très haute toxicité, et des risques qu’ils font peser sur l’environnement et la santé.

Dans le classement des pays exportateurs de ces produits dangereux, l’enquête révèle que la France n’est pas en reste. 5e pays exportateur de l’Union européenne, avec 8000 tonnes de produits en 2018, elle détient le palmarès de la plus grande diversité de produits exportés. « Je pense qu’on peut parler d’un véritable scandale, sans avoir besoin de modérer ses propos », réagit le sénateur écologiste Ronan Dantec. « C’est évidemment quelque chose qui doit cesser dans les plus brefs délais. L’Union européenne ne peut pas considérer que ces substances sont dangereuses pour elle, mais qu’elles ne le sont pas pour le reste du monde. C’est d’une hypocrisie sans nom. » Pour le sénateur de Loire-Atlantique, la question doit être saisie par le Parlement européen. « De même qu’on a une législation pour interdire l’exportation de nos déchets en dehors de l’Europe, il faut légiférer pour que, dès que l’on considère qu’un produit est dangereux sur le sol européen, on ait la stricte interdiction de l’exporter », estime-t-il.

L’influence des lobbys en question

Mais la question de l’exportation de substances dangereuses hors du territoire européen a déjà été traitée par le Parlement. « C’est une vieille histoire », rappelle le sénateur écologiste Guillaume Gontard. En 2018, l’article 83 de la loi Egalim prévoyait l’interdiction, à compter du 1er janvier 2022 « de la production, du stockage et de la circulation de produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives non approuvées dans l'Union européenne pour des raisons liées à la protection de la santé humaine, animale ou de l'environnement ». « Au moment de la loi Pacte, la droite sénatoriale, sous la pression des lobbys, est revenue sur cette interdiction, et l’Assemblée nationale a tenté de repousser ce délai à 2025, dans son article 18. Plusieurs élus ont alors saisi le Conseil constitutionnel, qui a déclaré l’article non conforme, et la date de l’interdiction a de nouveau été fixée au 1er janvier 2022 », relate le sénateur de l’Isère.

Un sujet qui, pour Guillaume Gontard, questionne à nouveau sur l’influence des lobbys dans le domaine de l’écologie. « Il faut être vigilants sur ce genre de sujets, car avec la puissance de l’influence des lobbys dans notre pays, on n’est jamais à l’abri d’un rebondissement », estime-t-il. « Nous devons donc nous battre pour que la disposition reste en 2022, car ce sont des produits particulièrement dangereux, qui ne sont pas interdits par hasard dans notre pays. Se dire qu’on va les exporter paraît dès lors assez fou… »

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Exportation de pesticides interdits : « On peut parler d’un véritable scandale » affirme Ronan Dantec
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Exportation de pesticides interdits : « On peut parler d’un véritable scandale » affirme Ronan Dantec
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le