Faire battre le FN, « l’ultime devoir » de Hollande et Cazeneuve
Entre mises en garde contre le "populisme" et déplacements en terres frontistes, François Hollande et Bernard Cazeneuve ont engagé leur dernière...

Faire battre le FN, « l’ultime devoir » de Hollande et Cazeneuve

Entre mises en garde contre le "populisme" et déplacements en terres frontistes, François Hollande et Bernard Cazeneuve ont engagé leur dernière...
Public Sénat

Par Hervé ASQUIN, Marc PRÉEL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Entre mises en garde contre le "populisme" et déplacements en terres frontistes, François Hollande et Bernard Cazeneuve ont engagé leur dernière bataille: oeuvrer à la défaite du Front national à la présidentielle, même si les deux têtes de l'exécutif peinent à exister.

"Tout faire pour que la France ne puisse pas être convaincue" par le projet de Marine Le Pen, "ni porter une si lourde responsabilité" que d'être le prédécesseur de la candidate frontiste est "mon ultime devoir", explique le chef de l’État dans une longue interview à plusieurs journaux européens lundi, où il juge que la "menace" d'une victoire FN "existe".

François Hollande met en garde contre le programme du FN qui, sitôt à l’Élysée, s'évertuerait à "quitter l’Europe, se fermer au monde et imaginer un avenir entouré de barrières de toutes sortes et de frontières défendues par des miradors", allusion à Donald Trump dont il ne cesse de dénoncer le populisme et l'isolationnisme.

Pour un proche du chef de l’État, "il se sentirait responsable si un parti d'extrême droite lui succédait. C'est pour ça qu'il se bat. Il y a une révolte en lui parce qu'il pense que plus que jamais, l'heure est grave et qu'on ne peut pas faire l'autruche".

Le président François Hollande (g) et le premier ministre Bernard Cazeneuve à l'Élysée, le 1er février 2017, après le conseil des ministres
Le président François Hollande (g) et le premier ministre Bernard Cazeneuve à l'Élysée, le 1er février 2017, après le conseil des ministres
AFP

François Hollande et Bernard Cazeneuve sont-ils encore utiles à la cause? Même si certains prêtent au premier des ambitions européennes et au second, pas candidat à sa réélection aux législatives, des visées sénatoriales dans la Manche, l'un comme l'autre jouent leurs dernières cartes.

En cette fin de quinquennat inédite où le président de la République a renoncé à se représenter après un seul mandat et où le Premier ministre est condamné au bail le plus court de la Ve République, le Front national joue lui sur du velours.

"Que le président de la République, après le bilan épouvantable qui fut le sien- il n'a même pas pu se représenter tellement il a honte - se taise, ait un peu l'humilité de se taire", a lancé le numéro 2 du parti, Florian Philippot.

- Sur les terres frontistes -

Depuis le début de l'année, les agendas des deux têtes de l'exécutif ressemblent à un tour de France des terres frontistes, même si leurs nombreux déplacements sont désertés par les journalistes, trop occupés par la campagne présidentielle.

Le Premier ministre Bernard Cazeneuve le 6 mars 2017 à Batilly dans une usine Renault
Le Premier ministre Bernard Cazeneuve le 6 mars 2017 à Batilly dans une usine Renault
AFP

François Hollande s'est récemment rendu à Dreux et à Chartres en Eure-et-Loir, à Épinal ou à Charleville-Mézières dans l'Est, et il sera encore dans la Marne mardi et dans le Var la semaine prochaine, des régions fortement travaillées par le FN.

Objectif, selon l’Élysée: "mettre en garde ceux qui seraient tentés par un vote en faveur du FN, par exemple les agriculteurs qui ne bénéficieraient plus des aides de la PAC, les classes populaires ou les classes moyennes qui verraient leur pouvoir d'achat régresser si nous sortions de la zone euro ou encore les ouvriers dont les emplois seraient menacés si nos frontières étaient fermées".

Bernard Cazeneuve multiplie lui aussi les initiatives contre le FN, avertissant des "dégâts irréparables" d'une victoire de Marine Le Pen ou fustigeant une candidate qui cherche à se placer au-dessus des lois de la République" lorsque elle refuse d'être entendue par les enquêteurs dans l'affaire des assistants d'eurodéputés.

Marine Le Pen (d), la présidente du FN et candidate du Front National à l'élection présidentielle, à Paris le 2 mars 2017 après un discours
Marine Le Pen (d), la présidente du FN et candidate du Front National à l'élection présidentielle, à Paris le 2 mars 2017 après un discours
AFP

Lundi en Lorraine, le Premier ministre s'en est pris aux "mensonges dissimulés" derrière les "messages simplistes" du Front national, lors d'une visite dans une usine Renault où il s'est notamment attaqué au protectionnisme prôné par Marine Le Pen.

"Si demain il n'y a plus d'Europe, si demain il y a de nouveau des frontières qui s'érigent, si demain le protectionnisme est partout, où exportera-t-on ce que vous fabriquez ici?", a-t-il lancé.

Mardi, le chef du gouvernement se rendra à Oignies dans l'ancien bassin minier du Pas-de-Calais, où Marine Le Pen avait fait plus de 48% au premier tour des régionales de 2015; et jeudi, il sera à Bordeaux devant la promotion de l’École nationale de la magistrature, dont la suppression figure au programme du FN à la présidentielle.

Partager cet article

Dans la même thématique

Faire battre le FN, « l’ultime devoir » de Hollande et Cazeneuve
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Faire battre le FN, « l’ultime devoir » de Hollande et Cazeneuve
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le