« Fédération populaire »: Mélenchon retente de placer LFI au coeur du jeu à gauche

« Fédération populaire »: Mélenchon retente de placer LFI au coeur du jeu à gauche

Certains saluent un "premier pas" d'union, d'autres dénoncent un "calcul" opportuniste: en appelant à la création d'une ...
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Par Baptiste BECQUART

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Certains saluent un "premier pas" d'union, d'autres dénoncent un "calcul" opportuniste: en appelant à la création d'une "fédération populaire" après les Européennes, Jean-Luc Mélenchon tente de replacer une France insoumise en difficulté au centre du jeu à gauche.

Comme il y a un an avec sa demande de nouveau "front populaire", Jean-Luc Mélenchon annonce dans Libération son ouverture à un rapprochement des forces de gauche mercredi, appelant cette fois-ci à la création d'une "fédération populaire": "Si l'élection (européenne) nous en donne la force, nous assumerons de nouveau notre responsabilité. Nous proposerons de nouveau une fédération populaire à construire dans les élections suivantes et dans les mouvements écologiques et sociaux".

Il estime que pour unir "les classes populaires et les classes moyennes plus favorisées qui n'appartiennent pas à l'oligarchie", son programme, l'Avenir en commun, peut fournir "une bonne base de départ" aux discussions.

Ce détail n'a pas échappé à ses potentiels partenaires à gauche. "C'est +Je veux bien rassembler mais sur mes bases et derrière moi+. Et c'est comme ça qu'on n'y arrive jamais", a déploré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, sur Europe 1.

Jean-Luc Mélenchon a certes particulièrement ciblé le PS: "Soutient-on ou non le mouvement +gilets jaunes +? Le PS se sépare-t-il du SPD qui participe à une coalition avec Merkel ? Pourquoi soutiennent-ils Frans Timmermans pour la présidence de la Commission sur des idées libérales ?"

Le sénateur Rachid Temal, secrétaire national en charge des relations extérieures du PS, s'étrangle auprès de l'AFP: "Mélenchon dit +Je veux discuter avec la gauche+, mais ne veut pas des partis et met des oukases sur le PS!"

Le secrétaire national d'EELV David Cormand ne cache pas non plus sa méfiance:Mélenchon le fait maintenant parce qu'il est en difficulté politique, interne, et dans les sondages. Il voit bien que le peuple de gauche qui lui avait avait accordé sa confiance à la présidentielle considère moins que c'est lui qui peut offrir une alternative aux libéraux et aux fachos".

- "Chevalier blanc de la gauche" -

La liste LFI est créditée de 7 à 9% d'intentions de vote le 26 mai, tantôt au coude à coude avec EELV, tantôt menacée par la liste PS/Place Publique, et dans tous les cas loin des presque 20% qu'avait obtenu M. Mélenchon à la présidentielle de 2017.

Pour M. Cormand, "l'occasion historique d'unir la gauche" est passée pour M. Mélenchon: après l'élection présidentielle, "il a refusé de choisir entre les fachos et Macron, et décidé de partir seul aux législatives pour éradiquer tout ce qui n'était pas lui à gauche". "Si cette interview est une forme de mea culpa, c'est une bonne nouvelle, si c'est un nouveau zig zag, ça n'a pas d'intérêt", explique-t-il.

Pascal Cherki, proche de Benoît Hamon à Générations, "voit bien la part de calcul" d'un Jean-Luc Mélenchon "essayant de se repeindre en chevalier blanc de la gauche", mais il préfère saluer ce "premier pas": "Chez nous qui considérons qu'il n'y a pas de gauche irréconciliable, nous préférons le Mélenchon fidèle à la stratégie de Mitterrand qu'à celle de Che Guevara".

Une allusion au débat qui secoue LFI depuis plusieurs mois. Tenants d'une stratégie dite "populiste", qui estime que le véritable clivage de l'époque oppose le peuple à une oligarchie, deux candidats aux élections européennes, Djordje Kuzmanovic et François Cocq, ont été exclus. La tête de liste a été confiée à Manon Aubry, ancienne d'Oxfam représentant la société civile de gauche.

"Il prend acte de l'échec de sa stratégie visant à absorber les électeurs +fachés mais pas fachos+ de Marine Le Pen", analyse Philippe Raynaud, professeur de sciences politiques à l'université Panthéon-Assas, qui estime qu'"il ne capitalise pas sur près de six mois de mobilisation des +gilets jaunes+". Le politologue considère néanmoins que l'appel dans Libération relève d'un "bluff".

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