Fermeture des marchés : « C’est la mort annoncée du commerce de proximité ! »

Fermeture des marchés : « C’est la mort annoncée du commerce de proximité ! »

L'annonce lundi soir par le Premier ministre Édouard Philippe de la fermeture des marchés de plein air pour lutter contre la propagation de l'épidémie Covid-19, - sauf dérogation locale, ne passe pas auprès de Joel Maurigney, le président de la CGAD (Confédération générale de l’alimentation en détail). Il craint pour l’activité des petits commerçants. Entretien.
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Par Propos recueillis par Sandra Cerqueira

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Vous jugez «  inadmissible » la décision du gouvernement de fermer les marchés ouverts ou couverts. Pourquoi ?

Joel Maurigney : Parce que tout un pan de l’économie se retrouve à l’arrêt. C’est la mort annoncée du commerce de proximité.  20% des commerces ne sont pas sédentaires. Leur activité repose sur les marchés avec de la vente en camion 4 à 5 fois par semaine : des boulangers, charcutiers, poissonniers, fromagers, primeurs…Le commerce de bouche est directement impacté par cette décision avec une perte sèche de son chiffre d’affaires, du personnel qui va se retrouver au chômage. Certains ne s'en remettront pas. À cause d’une dizaine de marchés qui ne respectaient pas les consignes de sécurité en France, on décide d’une interdiction stricte. Imaginez combien de commerçants, d'artisans et de producteurs vont être en difficulté. Beaucoup n’auront droit à rien. 402 000 entreprises sont concernées avec plus d’un million d’actifs.

Vous parlez même de « mépris » du gouvernement à l’égard des petits commerces ?

Oui, c’est indéniable ! On se sent clairement oubliés face à la grande distribution. Le 15 mars dernier lors de la réunion à Bercy avec Bruno le Maire les représentants de Leclerc, Carrefour étaient présents autour de la table. Le représentant des petits commerces que je suis a lui été appelé  une heure avant le début de la réunion avec un suivi à distance en visioconférence, ce qui en dit long. Je déplore que le lobbying de la grande distribution ait encore fait son effet. Dans ces moments de crise nous avons besoin de sentir que tout le monde est soutenu et que l’on se sert les coudes et là clairement ce n’est pas le cas.

En cette période de confinement, la fermeture des marchés n’est pas sans conséquences dans les milieux ruraux ?

Effectivement pour beaucoup d’habitants dans les petits villages le marché est le seul endroit où faire ses courses et maintenant que nous ne pouvons plus nous déplacer à plus d’un kilomètre de 4*4*notre domicile, comment font ceux qui n’ont pas de voiture pour s’approvisionner ? Sans compter que le marché apporte plus que des produits : c’est un garant de lien social pour bon nombre de personnes isolées dans les zones rurales.

En conséquence vous demandez aux maires de demander des dérogations aux préfets, comme le propose le Premier ministre ?

Nous avons écrit aux maires pour leur expliquer que c’est possible de laisser des marchés ouverts en respectant les mesures de sécurité sanitaire ( un guide pratique a d’ailleurs été mis en place pour tous les acteurs concernés) Nous avions déjà mis en place su7r de nombreux marchés tout un système de marquage au sol pour obliger les gens à s'espacer, et des portiers pour filtrer la clientèle, organiser les files d'attente, pour qu'il n'y ait pas trop d'affluence en même temps. C’est donc possible ! Les personnes ne sont pas moins les unes sur les autres dans les rayons de certains supermarchés.

Nous demandons donc aux maires de demander des dérogations aux préfets pour que les marchés puissent ouvrir à nouveau. Ce sont eux qui doivent défendre leurs commerces de proximité qui font vivre des filières locales dans tout le pays. C’est leur rôle. Très peu de maires nous ont répondu pour l’instant. L’économie de proximité représente 72% de l’emploi total du commerce. J’espère que la situation va vote évoluer, et que les maires vont être réactifs, car les conséquences pourraient être irrémédiables.  

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