Robert Ménard a bâti un fief politique sur des thèses de l'ultradroite à Béziers, qu'il juge "plus sûre, plus belle, plus propre". Mais la sous...
Fief de Robert Ménard, Béziers reste pauvre, inégalitaire et divisée
Robert Ménard a bâti un fief politique sur des thèses de l'ultradroite à Béziers, qu'il juge "plus sûre, plus belle, plus propre". Mais la sous...
Par Isabelle LIGNER
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Robert Ménard a bâti un fief politique sur des thèses de l'ultradroite à Béziers, qu'il juge "plus sûre, plus belle, plus propre". Mais la sous-préfecture de l'Hérault reste une des villes les plus pauvres de France.
Elu en 2014 à la faveur d'une triangulaire avec le soutien du Front national, devenu Rassemblement national (RN), le chantre de "l'union des droites" brigue un second mandat. En face, l'opposition de droite comme de gauche est faible et fragmentée.
En 2014, l'ancien président de l'ONG Reporters Sans Frontières (RSF) avait pris les rênes d'une ville de 77.000 habitants en plein marasme socio-économique.
Né à Oran (Algérie) et élevé à Béziers, Robert Ménard avait succédé à Raymond Couderc (UDF puis UMP, 1995-2014) dans une ville où "les passerelles entre la droite dite républicaine et la droite extrême sont très anciennes", selon Emmanuel Négrier, politologue directeur de recherche au CNRS.
Pour résumer son bilan, Robert Ménard lance: "Au fond, c'est la fierté retrouvée: les Biterrois sont fiers de leur ville, je crois un peu fiers de leur maire".
"La sécurité, c'est la première preuve d'amour qu'on doit au peuple", poursuit-il. Dans la plus grande ville de France gérée par le RN ou ses alliés, l'édile se targue d'un triplement des effectifs de la police municipale qu'il a armée, de la multiplication des caméras de surveillance et d'une baisse de la délinquance de 14% en 2018.
Il assure avoir également "redonné sa splendeur" au patrimoine longtemps délaissé du centre historique, une réhabilitation pourtant largement imputable à d'autres collectivités.
- Moins de commerces fermés -
M. Ménard revendique aussi la baisse du nombre de commerces fermés avec un taux de vacance passé de 24% à 16,4% en 2019.
L'opposition, qui ne comporte aucun ténor politique, dénonce les "façades Potemkine" - des fresques recouvrant des magasins ou bâtiments abandonnés - emblématiques d'une politique "en trompe l'oeil" du maire.
Maison d'arrêt de Béziers et cathédrale Saint-Nazaire en 2009
AFP/Archives
Des pans entiers du centre-ville, classé quartier prioritaire, restent très pauvres à deux pas de la belle façade rénovée d'un théâtre municipal au programme attrayant. Et dans une région très visitée, peu de touristes viennent admirer la splendide cathédrale Saint-Nazaire.
Les opposants mettent en cause "la mauvaise image" que l'édile donne selon eux à la ville. Ils pointent les polémiques incessantes, qui se terminent souvent devant les tribunaux, sur l'Algérie française, l'immigration ou la sécurité.
M. Ménard insiste de son côté sur le fait que Béziers est "bien gérée" depuis six ans.
"Si la situation financière est en voie de rétablissement, l'absence de réalisation de nouveaux équipements structurants, notamment en direction des étudiants et des jeunes actifs, est un handicap susceptible de pénaliser le développement du territoire", commente la Cour des comptes dans un rapport sur la période 2013-2019.
En matière de développement économique, la Cour relève une coordination "limitée" de la politique communale avec l'agglomération: en 2014, la présidence de Béziers-Méditerranée a échappé à M. Ménard au profit du maire divers droite de Sérignan Frédéric Lacas. Une guerre ouverte les oppose depuis.
Les adversaires de M. Ménard mettent pour leur part en cause ses priorités, lui reprochant d'avoir consacré uniquement 11 millions à la rénovation des écoles contre 26 millions d'euros pour celle du centre-ville.
- "La sécurité, on n'en n'a pas" -
Béziers reste dans un contexte de "grande détresse sociale et d'inégalités d'une rare intensité", relève M. Négrier. Les indicateurs socio-économiques de cette ville historiquement liée à la viticulture, restent alarmants: 34% de pauvreté, 23,4% de chômage selon les derniers chiffres de l'Insee.
M. Ménard est aussi accusé d'avoir accentué les maux du quartier défavorisé de la Devèze. Un retrait de subventions a notamment entraîné la fermeture du seul centre social du quartier entre 2015 et 2018.
Entre de modestes pavillons et des barres HLM dégradées, une école maternelle avait flambé dans un incendie criminel nocturne fin octobre.
Les élèves du collège Krafft sortent eux dans un paysage désolé: des dealers menaçants trônent sur des canapés défoncés devant un immeuble aux portes de garages et stores éventrés sur lequel un tag géant proclame "Nique la Mumu" (la police municipale ndrl).
Le maire de Béziers Robert Ménard et l'ex-patron des Républicains de l'Hérault Sébastien Pacull, le 22 janvier 2020 lors d'un meeting à Sète
AFP
"La sécurité, ici on n'en a pas. Ménard laisse crever la Devèze, qui est pour lui un quartier de +racailles arabes+", s'emporte Mélissa, une habitante de 39 ans, qui doit "escorter" son fils de 12 ans de son domicile à l'établissement et préfère ne pas donner son nom de famille.
Pourtant, sur le plan politique, "une forme de majoritarisme Ménard", est née à Béziers au cours du mandat, note Emmanuel Négrier. "Même si le bilan de Robert Ménard est intrinsèquement critiquable, il semble y avoir une sorte d'impasse de la critique de la part d'une opposition enferrée dans ses propres divisions", ajoute le politologue.
La position du maire a été renforcée en 2017 par l'élection de son épouse Emmanuelle, députée (non-inscrite, apparentée RN) de la circonscription comprenant Béziers.
Pour les municipales, M. Ménard travaille désormais à "faire sauter la digue" entre droite et extrême droite dans d'autres villes. Il y est déjà parvenu à Sète (Hérault).
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