Fillon, favori en perte de vitesse, tente de relancer sa campagne
Un mois et demi après avoir créé la surprise en remportant la primaire de la droite, François Fillon concentre toutes les...

Fillon, favori en perte de vitesse, tente de relancer sa campagne

Un mois et demi après avoir créé la surprise en remportant la primaire de la droite, François Fillon concentre toutes les...
Public Sénat

Par Déborah CLAUDE

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Un mois et demi après avoir créé la surprise en remportant la primaire de la droite, François Fillon concentre toutes les attaques et essaie de rassembler au-delà de son camp pour relancer une campagne qui semble patiner.

A la veille de son intronisation comme candidat lors d'un conseil national du parti Les Républicains, l'ex Premier ministre s'efforce de rallier les hésitants, après une campagne des primaires résolument à droite qui lui avait permis de recueillir 66,5% des voix.

Pour montrer sa volonté de rassemblement, il s'est entouré d'une équipe de campagne pléthorique. "La présidentielle, c'est puissance 10" par rapport à la primaire, "il y a besoin de tout le monde", décrypte un sarkozyste.

François Fillon a également reçu les dirigeants centristes, et l'un de ses proches, le président du Sénat Gérard Larcher, a été missionné pour parler avec eux, tant programme qu'investitures pour les législatives de juin.

Pas convaincu, le président du MoDem François Bayrou, ex-soutien d'Alain Juppé qui entretient désormais le suspense sur une éventuelle quatrième candidature à l'élection présidentielle, ne cesse de s'en prendre au député de Paris et à son programme "récessif".

La "sincérité sera la marque de mon message politique", rétorque François Fillon, sans fermer pour l'instant la porte à un accord avec le maire de Pau, sur les terres duquel chasse Emmanuel Macron.

Le Front national et Marine Le Pen pilonnent aussi quotidiennement François Fillon.

- Séduire les classes populaires -

Dès le lendemain de la primaire, la présidente du FN a sorti l'artillerie lourde. "Depuis sa victoire, Fillon est tombé dans un trou, il est congelé, il ne bouge plus!", a-t-elle moqué récemment.

La gauche, elle, rivalise de mises en garde contre sa proximité avec la Russie de Vladimir Poutine et surtout contre la "brutalité" de son programme, l'accusant - comme le FN - de vouloir "privatiser" la Sécu, ou critiquant sa promesse de supprimer 500.000 postes de fonctionnaires.

M. Fillon s'emploie à déminer, affirmant avoir été "mal compris" sur ses propositions de réforme de l'Assurance maladie, dont une partie a été "retirée" de son site internet. Il promet désormais de nouvelles propositions "avant la fin du mois de janvier ou début février", à l'issue d'un "débat avec l'ensemble des responsables de la santé".

"Le projet pour la présidentielle ne peut pas être différent du projet pour la primaire, ce serait complètement suicidaire", explique Eric Woerth, l'un de ses conseillers, sans exclure toutefois des nuances: "Un projet, c'est vivant."

M. Fillon tente aussi de reprendre la main sur des dossiers régaliens, avec notamment un meeting mercredi à Nice, où il a présenté ses propositions en matière d'immigration, assurant que "la France doit non seulement lutter contre l'immigration illégale", mais aussi "réduire son immigration légale au strict minimum".

François Fillon est "très conscient que cela va être difficile", résume un député qui s'est entretenu avec lui.

L'ancien locataire de Matignon reste toutefois promis, selon les sondages, à une qualification pour le second tour face à Marine Le Pen, qu'il battrait d'environ 30 points.

Pour ne pas faire mentir ces études d'opinion, François Fillon doit aussi trouver de quoi séduire les classes populaires qui ont boudé la primaire, désenchantées par la politique, aussi bien à gauche qu'à droite, alors qu'elles avaient constitué un réservoir de voix pour l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007.

M. Fillon, qui cultive la discrétion, pourrait aussi être amené à répondre aux attaques de ses opposants sur les photos de son château dans la Sarthe, publiées dans le Canard Enchaîné, ou sur les activités de sa société de conseil "2F Conseil", créée en 2012 au sortir de Matignon.

Lors de ses voeux, il a comme à son habitude fait fi des critiques: face à "un pays à cran qui cherche des solutions (...), il faut des repères, des lignes de force". Premier "repère" cité? Le "redressement national, qui commande la radicalité de mon projet".

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