Fillon, une campagne toujours parasitée par ses déboires judiciaires
S'il compte aller au bout de sa candidature même en cas de mise en examen, François Fillon risque de voir sa campagne...

Fillon, une campagne toujours parasitée par ses déboires judiciaires

S'il compte aller au bout de sa candidature même en cas de mise en examen, François Fillon risque de voir sa campagne...
Public Sénat

Par Mathieu FOULKES

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

S'il compte aller au bout de sa candidature même en cas de mise en examen, François Fillon risque de voir sa campagne présidentielle toujours parasitée par l'ouverture, vendredi d'une information judiciaire, à moins de deux mois du scrutin.

- Une information judiciaire qui tombe mal:

Après avoir fortement décroché dans les sondages quand Le Canard enchaîné a publié fin janvier ses premières révélations sur les emplois présumés fictifs de sa femme, Penelope, M. Fillon avait ces dernières semaines repris de timides couleurs dans les enquêtes d'opinion.

"On pouvait se dire que sans nouveau développement, il aurait pu se redresser. Là il replonge, au moins pour la semaine prochaine", explique à l'AFP Jérôme Fourquet, de l'Ifop.

"Ça tombe très mal en terme d'opinion, ça allait un peu moins mal, leurs courbes (avec M. Macron) commençaient à se recroiser", abonde Gaël Sliman (Odoxa). Là, M. Fillon risque de replonger dans les affres de son feuilleton judiciaire, quand M. Macron, auteur de plusieurs bourdes la semaine dernière, déroule son programme et bénéficie de son alliance avec François Bayrou, avant d'éventuels nouveaux ralliements.

- Une campagne inaudible et perturbée

Entendu par les policiers dans les premiers jours de l'enquête, M. Fillon a depuis laissé le soin à ses avocats de mener leur contre-offensive sur le terrain judiciaire. L'ex-Premier ministre tente, lui, de reprendre le fil de sa campagne. Mais chacun de ses déplacements est perturbé par des concerts de casseroles. "Sa campagne est polluée, ça se voit à la forme que prennent ses déplacements, il doit entrer par des portes dérobées", relève M. Fourquet.

"Il y a quelques manifestants et quelques casseroles, c'est organisé de façon méticuleuse par l'extrême gauche", veut croire un de ses proches, Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR. Son accueil au Salon de l'agriculture la semaine prochaine sera scruté.

Plus inquiétant, M. Fillon, qui passait durant la primaire de la droite pour le candidat ayant le programme le plus charpenté, voit désormais ses propositions susciter très peu de réactions. Déjà amendé, son projet de réforme de la santé présenté en début de semaine, est ainsi passé sous les radars médiatiques.

L'affaire Fillon "rend inaudible son projet, qui fait écho à chaque fois à ses problèmes judiciaires", relève M. Sliman à propos d'un candidat qui a gagné la primaire en mettant en exergue sa probité, face notamment à Nicolas Sarkozy, et en demandant des efforts aux Français.

M. Fillon, qui a rencontré récemment l'ancien chef de l’État, a même tenté un coup que n'aurait pas renié l'ancien Président en proposant d'abaisser à 16 ans la majorité pénale. "Mais ce n'est pas aussi décoiffant que quand c'était Sarkozy", remarque M. Fourquet.

- Des motifs d'espoir, malgré tout

M. Fillon, auquel était promis il y a encore quelques semaines, lorsque les premières révélations ont été publiées, un retrait piteux au profit d'une candidature alternative est désormais quasi assuré d'aller au bout de sa candidature.

M. Fillon est ainsi revenu sur sa promesse de renoncer s'il était mis en examen et dans son propre camp, les quelque tentatives pour le pousser à renoncer à la course ont échoué, faute de plan B qui ferait l'unanimité. "L'envoi des parrainages (aux maires depuis quelques jours) fait qu'il n'y a plus de plan B possible, ils vont devoir faire campagne avec M. Fillon" pendant les deux mois à venir, explique M. Fourquet.

Autre motif d'optimisme pour M. Fillon: après avoir perdu près d'une dizaine de points dans les sondages depuis fin janvier, il a stoppé l'hémorragie et reste soutenu par un socle de sympathisants de droite, ce qui lui permet de se maintenir autour de 20%.

"Jacques Chirac n'a jamais été à plus de 20% à un premier tour de présidentielle", rappelle M. Fourquet, convaincu que la qualification de M. Fillon au second tour "n'est pas hors de portée". D'autant que l'électorat potentiel de son principal rival, M. Macron, "n'est pas solidifié".

Le député de Paris a "tout de même un socle de 70% de sondés certains de voter pour lui, quand Macron est autour de 50%", renchérit M. Sliman. "Fillon ne pourra plus perdre beaucoup".

Partager cet article

Dans la même thématique

Fillon, une campagne toujours parasitée par ses déboires judiciaires
2min

Politique

« On impose des rythmes de cadres à des enfants », constate Sylvain Chemin, membre de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant

Depuis septembre, près de 140 citoyens tirés au sort se réunissent plusieurs fois par mois au Conseil économique et social pour débattre des temps de l’enfant. Sylvain Chemin, responsable immobilier à Cherbourg-en-Cotentin et père d’une collégienne en classe de 6ème, a pris part aux travaux de cette nouvelle Convention. Son constat est clair et limpide, la réalité des collégiens et des lycéens est à rebours des mesures préconisées. Il témoigne au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue Citoyen.

Le

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Lutte contre le communautarisme : la droite du Sénat propose encore une fois de réviser la Constitution

Lundi, le Sénat examinera une proposition de loi de la droite et du centre visant à inscrire dans la Constitution que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect des règles applicables ». Un principe que la majorité sénatoriale remet à l’ordre du jour régulièrement ces dernières années par le dépôt de différents textes. On retrouve aussi la même idée dans un texte de Marine Le Pen.

Le