Fonctionnaires : la gauche s’indigne, la droite ne dit rien (ou salue)

Fonctionnaires : la gauche s’indigne, la droite ne dit rien (ou salue)

Le gouvernement veut plus de contractuels dans la fonction publique et entend lancer un plan de départ volontaire pour supprimer 120.000 postes de fonctionnaires. Emmanuel Macron veut que le public puisse se « réorganiser plus vite, comme le font les entreprises ».
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Le gouvernement a présenté jeudi sa vision de la fonction publique. Edouard Philippe et Gérald Darmanin veulent une réduction du nombre de fonctionnaires de pas moins de 120.000 postes. Une mesure d’économie qui ne passera pas, comme sous Nicolas Sarkozy, par la « RGPP » et le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, mais par un plan de départs volontaires. Une nouveauté.

« Ce n'est pas la fin de la fonction publique » a assuré jeudi en marge de son déplacement en Tunisie Emmanuel Macron, ajoutant : « Des éléments de bon sens de la gestion de la fonction publique ne sont plus appliqués à cause des rigidités ». Il faut donc permettre à l'État de se « réorganiser plus vite comme le font les entreprises ». « Sinon vous gérez tout par le statut, y compris l'impossibilité de bouger », a-t-il expliqué.

Fonctionnaires : « C’est la porte ouverte à la privatisation » du service public, tempête Pierre Laurent
01:22

A gauche, on n’a pas tardé à réagir. Le numéro 1 du Parti communiste, Pierre Laurent, a fustigé le recours accru aux contractuels. « En vérité c’est la porte ouverte à la privatisation grandissante » du service public, a-t-il affirmé dans la matinale de Public Sénat. « On organise, on libéralise, la possibilité de licencier aussi dans la fonction publique », poursuit le sénateur PCF de Paris.

« Une attaque en règle contre le service public »

Le député de la France insoumise, Adrien Quatennens, dénonce une « logique purement comptable ». Et met en garde : « Les services publics craquent faute d’effectifs et de moyens ».

Le coordinateur national du PS, le sénateur Rachid Temal, dénonce sur Twitter une « coupe à la hache » et y voit « une attaque en règle contre le service public et ses agents, et donc des conséquences pour les Français dans leur vie quotidienne ».

« Nous avons besoin de fonctionnaires » réagit le député Olivier Faure, candidat à la tête du PS. Il propose « un plan de formation pour favoriser la mobilité, la fluidité et accompagner l'essor de nouveaux métiers », « plutôt qu'un plan de départs volontaires ». Le député du Val-de-Marne, Luc Carvounas, également candidat au poste de premier secrétaire du PS, y va aussi de sa réaction en défense de la fonction publique : « Ces fonctionnaires « trop nombreux » sont les hommes et les femmes qui éduquent nos enfants, secourent les Français inondés, sécurisent nos villes et gardent nos prisons. Le Gouvernement pense que nous n’avons pas besoin d’eux, moi si ».

Woerth : « C’est une bonne chose que le gouvernement revienne aux méthodes précédentes »

Si ces annonces ne laissent pas indifférentes à gauche, on ne se bouscule pas en revanche du côté LR pour les commenter. Sur la politique économique et sociale, la droite se retrouve en réalité coincée. L’exécutif applique peu ou prou ce qu’elle préconisait depuis des années : réforme du marché du travail dans une optique libérale, mesures d’économies, réduction du nombre de fonctionnaires.

L’un des rares à réagir à droite, le président LR de la commission des finances de l’Assemblée, Eric Woerth, a pondu un communiqué pour… saluer l’exécutif. Il souligne au passage que le pouvoir ne fait que reprendre ce qu’avait initié Nicolas Sarkozy. « C’est une bonne chose que le gouvernement revienne aux méthodes précédentes » souligne Eric Woerth, regrettant juste le niveau trop faible, à ses yeux, de réduction du nombre de fonctionnaires. Un débat sur le niveau du curseur, mais pas sur le fond.

Au-delà des choix économiques, cette « triangulation » qui empêche l’adversaire de clairement se différencier et donc de s’opposer, joue un rôle politique essentiel. Dans ces conditions, difficile pour le parti de Laurent Wauquiez de trouver prise, du moins sur ces sujets, pour critiquer Emmanuel Macron.

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