Former les nouveaux députés aux enjeux climatiques, une initiative des scientifiques

Former les nouveaux députés aux enjeux climatiques, une initiative des scientifiques

Océanographes, climatologues, géographes ; ils seront 25 scientifiques spécialistes du climat et de la biodiversité à la disposition des nouveaux députés. Aux portes de l’Assemblée Nationale du 20 au 22 juin, ce collectif propose une action de formation scientifique des parlementaires aux enjeux environnementaux et vise un « réveil écologique », avec l’aide des jeunes générations.
Public Sénat

Par Clara Barge

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Pendant trois jours, ce collectif de scientifiques propose aux nouveaux parlementaires de quitter leur costume pour enfiler la casquette d’universitaire. A travers des formations de 30 minutes animées par un binôme de chercheurs, ils entendent leur fournir les clés de compréhension et les outils nécessaires pour prendre en compte les enjeux climatiques et écologiques durant leur mandat. Des documents synthétiques sont à leur disposition, avec les constats du GIEC résumés en quelques pages. Traduire la science représente pour eux un objectif démocratique, afin de « partager les connaissances pour qu’elles deviennent des réalisations politiques », confie Christophe Cassou, climatologue. A l’origine du mouvement, Christophe Cassou lance l’idée avec Matthieu Orphelin, ex-député du Maine-et-Loire. Son expérience parlementaire lui permet d’affirmer, « le dérèglement climatique est un des sujets dont on parle le moins à l’Assemblée nationale ».

 

« Nul n’est censé ignorer la loi, et nul n’est censé ignorer les enjeux climatiques », Matthieu Orphelin

 

L’idée de réunir ces scientifiques vise à impulser une considération nouvelle du climat au sein du débat parlementaire : « ces enjeux doivent rayonner dans toutes les politiques publiques […] et les rapports du GIEC sont utiles s’ils sont lus et utilisés ». Si ces considérations écologiques ont jusque-là été déniées, Christophe Cassou et Matthieu Orphelin alertent sur l’urgence d’agir, notamment pour la jeunesse, « qui attend toujours une réaction et souffre d’anxiété pour son futur ». Justement, le groupe scientifique partage cette initiative avec un collectif de jeunes, « Pour un Réveil Écologique », présent à leurs côtés afin de mettre en œuvre la rencontre entre science et politique. En 2018, ce collectif d’étudiants avait lancé un manifeste signé par plus de 30 000 jeunes, cherchant à accélérer la transition vers un modèle économique compatible avec les limites planétaires, notamment par le biais de formations pour les dirigeants. Léa Falco, une des représentantes de ce mouvement, affirme qu’il s’agit d’une « première mondiale, dont la mise en place d’une médiation scientifique dès les premiers jours de mandat suscite beaucoup d’espoirs ».

 

Des solutions clés en main

 

« Les différents rapports scientifiques ont prouvé qu’il y a de nombreuses solutions politiques à mettre en œuvre, avec des co-bénéfices sur la santé, la psychologie, l’économie, etc », rapporte Magali Reghezza, géographe. Couvet Denis, spécialiste de la dynamique des socioécosystèmes, rajoute, « l’Etat peut agir ; il peut inciter les acteurs à réduire leurs impacts, décourager la surexploitation, protéger les espèces naturelles, comme prôner l’économie circulaire ou l’agroécologie… ». Face à l’urgence écologique, toutes les sciences représentées, sont prêtes à prêter main-forte au champ politique ; et espèrent une participation massive de la part des députés.

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Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. On l’a votée avec beaucoup de difficultés, on garde les acquis », défend un cadre de la majorité sénatoriale. Quelques ajustements du texte ne sont donc pas à exclure, ne serait-ce que pour « répondre », estime-t-il, à l’initiative parlementaire du RN et aux syndicats, qui prévoient une manifestation le 1er octobre. La ligne rouge des 64 ans n’interdit pas, par ailleurs, de rediscuter d’autres points de la réforme. Au Sénat, l’introduction de nouvelles mesures sur l’emploi des seniors semble par exemple faire consensus au sein de la majorité. À l’occasion de l’examen du texte, la chambre haute s’était déjà exprimée en faveur de l’instauration d’un « index seniors », censé pousser les entreprises à davantage de transparence sur l’emploi des salariés en fin de carrière, et sur la création d’un « CDI seniors », nouveau contrat de travail exonéré de certaines cotisations. Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. 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