Le Haut-commissaire au plan, François Bayrou était auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat. Il y a expliqué sa mission : avoir de « l’influence » auprès de l’exécutif, pour orienter les choix stratégiques de demain.
François Bayrou : « La France est championne du monde des compétences non utilisées »
Le Haut-commissaire au plan, François Bayrou était auditionné par la commission des affaires économiques du Sénat. Il y a expliqué sa mission : avoir de « l’influence » auprès de l’exécutif, pour orienter les choix stratégiques de demain.
« Dans l’après-guerre, le plan était un élément essentiel pour raffermir la confiance (…) aujourd’hui il s’agit également de préparer le pays à un avenir difficile » a résumé en introduction la présidente LR de la commission des affaires économiques, Sophie Primas.
Deux mois après sa nomination au nouveau poste de Haut-commissariat au plan, François Bayrou vient de rédiger une note intitulée : « Et si la Covid durait ? ». Il y forme une série de recommandations comme l’accélération de la couverture numérique du territoire, un système de couverture de soins et de la protection sociale repensée, une nouvelle politique d’aménagement du territoire qui passe par un désengorgement des métropoles ou encore une nouvelle forme d’action publique qui devra trouver un équilibre entre l’exercice des libertés et la gestion des risques collectifs.
« J’ai toujours trouvé que c’était une erreur absolue de supprimer ce travail de prospective »
« Un pays comme la Chine gouverne à 30 ans. Il y a une réflexion continuelle prospective sur ce que les nécessités vont être. Nous, nous gouvernons à 30 jours, et encore (…) Quels que soient les gouvernements, la pression de l’urgence est l’élément déterminant pour la prise de décision au sommet (…) j’ai toujours trouvé que c’était une erreur absolue de supprimer ce travail de prospective » a déploré François Bayrou avant d’indiquer qu’il comptait s’inspirer de Jean Monnet, commissaire général au plan de l’après-guerre.
« Je compte beaucoup travailler avec vous »
Autre regret de l’ancien ministre de l’Éducation, « la France est championne du monde des compétences non utilisées. Les rapports des assemblées, de France Stratégie, du Conseil Économique et social s’entassent dans les bibliothèques (…) personne n’utilise ce gisement de ressources (…) Il faudrait que toutes ces compétences soient mises en exploitation ». Une tache désormais à sa charge. « Vous aussi, vous êtes des producteurs de rapports et je compte beaucoup travailler avec vous et avec la commission compétente de l’Assemblée nationale » a-t-il annoncé à son auditoire séduit.
« Je pense que ce serait une erreur pour cette institution recréée de rechercher du pouvoir »
Le poste de commissaire au plan est rattaché directement à l'Élysée, et non à Matignon, les sénateurs ont donc souhaité savoir comment s’articulaient ses compétences et ses moyens avec celles de l’exécutif. « Je n’ai pas de compétence sur le plan de relance. Je ne souhaite pas en avoir car Bercy a tous les moyens du monde pour prendre ses orientations (…) Je pense que ce serait une erreur pour cette institution recréée de rechercher du pourvoir. Le pouvoir, c’est du domaine de l’exécutif. Ce que je cherche c’est que ces questions d’avenir soient réimplantées dans le débat et que nous puissions, en les éclairant, avoir de l’influence. Et influence et pouvoir ce n’est pas la même chose ».
François Bayrou pas favorable aux cessions des participations de l’État
Parmi les inquiétudes du Sénat, la question de la dette et à travers elle, celle de possibles cessions de participations de l’État dans de grandes entreprises publiques comme ceux du chantier de l’Atlantique ou encore ADP (Aéroports de Paris). François Bayrou a rappelé que dans sa vie politique la question de la dette était primordiale. « Le François Bayrou qui serait venu devant vous il y a 10 ans avait des idées granitiques sur la dette, sur les garanties qu’on doit apporter, qu’on doit toujours finir par payer… (…) Aujourd’hui, tout a changé (…) Il faut aborder le problème de façon différente et personne ne sait véritablement comment l’aborder » a-t-il expliqué laissant entendre que les cessions des participations de l’Etat n’étaient pas la bonne réponse.
Télétravail : risques de désocialisation et « d’ubérisation »
Face aux bouleversements économiques et sociaux engendrés par la crise sanitaire, le Haut-commissaire au plan a pointé les risques de désocialisation et « d’ubérisation » du télétravail et évoque un changement anthropologique des rapports sociaux « qui toucheront le travail naturellement ». « On se trouve devant la question des garanties que le contrat de travail apporte aux travailleurs. Ce sont des situations très lourdes et nous allons travailler, au plan, sur ce sujet » a-t-il indiqué.
« On ne peut pas continuer à fermer des tranches de centrales nucléaires »
Sur un point en particulier, François Bayrou a été catégorique : le nucléaire. « Si l'on considère que les émissions de gaz à effet de serre sont la question climatique principale, alors s'agissant d'électricité, on ne peut pas continuer à fermer des tranches de centrales nucléaires. C'est absolument contradictoire ».
Enfin, François Bayrou s’est risqué à une analyse sur la relative résistance de l’Asie au Covid-19. « Ils avaient déjà des masques et ils ne se touchaient pas (…) Je suis prêt à parier qu’après cette épidémie, on s’embrassera moins et on se saluera de plus loin que l’on ne faisait avant ».
La suspension de la réforme des retraites passera par un amendement au budget de la Sécu. Mais le texte comporte de nombreuses mesures dénoncées au PS. « On va se battre pied à pied pour sortir toutes les saloperies qui existent », prévient le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. En interne, certains dénoncent aujourd’hui « l’erreur » d’Olivier Faure, qui a exigé le non-recours au 49-3, au risque de donner « un budget invotable ». « Si la copie est trop injuste, nous voterons contre », prévient la porte-parole du PS, Dieynaba Diop.
Le gouvernement Lecornu II est parvenu à se négocier un sursis, en acceptant de suspendre la réforme des retraites jusqu’au 1er janvier 2028, ardemment réclamée par les socialistes. Une ligne rouge des Républicains, qui ont toutefois décidé de ne pas censurer. Un choix que n’aurait pas fait la sénatrice Muriel Jourda.
C’était attendu, le Conseil d’Etat a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) de Marine Le Pen. La triple candidate à l’élection présidentielle avait promis d’utiliser « toutes les voies de recours possibles » pour contester l’exécution provisoire de sa peine de 5 ans d’inéligibilité prononcée en première instance dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires RN. Mais elle va devoir attendre la décision de son procès en appel pour savoir si elle pourra se présenter devant les électeurs. Explications.
La motion de censure de La France Insoumise, examinée ce matin par les députés, a été rejetée. 271 voix ont été récoltées contre les 289 nécessaires. Sept élus socialistes lui ont apporté leur vote. Celle déposée par le RN a également échoué avec 144 voix pour.