Fraude à la Sécu : des chiffres réévalués à la baisse
La commission des Affaires sociales du Sénat, a publié une estimation concernant la fraude aux « faux numéros » de sécurité sociale. Elle s’évaluerait entre 117 et 138,6 millions d’euros.

Fraude à la Sécu : des chiffres réévalués à la baisse

La commission des Affaires sociales du Sénat, a publié une estimation concernant la fraude aux « faux numéros » de sécurité sociale. Elle s’évaluerait entre 117 et 138,6 millions d’euros.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Pour tordre le cou à des chiffres fantaisistes (une estimation à 14 milliards circulait), le rapporteur général de la commission des Affaires sociales du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe s’est penché sur la fraude aux faux numéros de sécurité sociale, attribués à des personnes nées à l’étranger. Après la publication de son rapport en juin, le sénateur (MoDem) du Pas-de-Calais a communiqué lundi 16 septembre sur de nouveaux chiffres, grâce à de nouveaux travaux.

A partir « d’un échantillon de 2 000 dossiers représentatif des quelque 17,2 millions de personnes vivantes nées à l’étranger disposant d’un numéro de sécurité sociale », la direction centrale de la police aux frontières (DCPAF) et des agents du service administratif national d’immatriculation des assurés (Sandia), ont pu travailler.

Il en est ressorti, comme le précise le communiqué de la commission des Affaires sociales, que 47 dossiers comportaient une « anomalie critique ». Sur ces 47 dossiers, 14 « n’ont pu être régularisés ». « Les intéressés ont perçu un total de prestations de 13 546 euros en 2018. En rapportant cette somme à l’ensemble des dossiers de personnes vivantes immatriculées nées à l’étranger, on aboutit à un préjudice financier de 117 millions d’euros associés aux « fausses » immatriculations. Et en appliquant le même taux d’anomalie aux dossiers « indéterminés », ce montant passe à 138,6 millions d’euros ».

« On est remonté sur la base de cet échantillon de 2000 dossiers, jusqu’à la source pour voir s’il y a derrière une prestation monétaire » explique Jean-Marie Vanlerenberghe à publicsenat.fr. « Et on arrive (…) en gros, à 10 000 euros sur les 14 dossiers qui paraissent comme étant suspects. Cela fait moins de 1% sur 17,2 millions de personnes vivantes nées hors de France. »

 « On fait un travail scientifique. On ne fait pas au doigt mouillé, avec une extrapolation » ajoute le sénateur centriste.

Et pour lutter contre cette fraude documentaire, Jean-Marie Vanlerenberghe a fait, dans son rapport, cinq propositions. Parmi lesquelles : organiser en cas de doute, un face-à-face entre le demandeur et l’organisme prestataire ; améliorer la qualité des documents transmis au service administratif national d’immatriculation des assurés et renforcer le partage des informations entre les différents organismes.

« Il faut arrêter de fantasmer »

En parallèle aux travaux de Jean-Marie Vanlerenberghe, la sénatrice (UDI) Nathalie Goulet, a été missionnée par le Premier ministre, sur la fraude sociale. Avec la députée Carole Grandjean, elle rendra son rapport à l’automne. Les deux sénateurs ne semblent, pour le moment, pas sur la même longueur d’onde. Mais Jean-Marie Vanlerenberghe doit être auditionné par les deux parlementaires « C’était prévu il y a une quinzaine de jours et ça a été reporté (…) j’attends une autre invitation ».

Par ses travaux, le rapporteur général de la commission des Affaires sociales du Sénat, souhaite balayer des chiffres « totalement irréalistes » qui alimentent « la xénophobie et le fantasme qu’il y ait des gens qui viennent » : « C’est grave d’agiter tout ça (…) C’est la même chose pour l’AME (l’aide médicale de l’État - NDLR). Il faut arrêter de fantasmer. La France ne dépense pas des sommes fabuleuses pour des gens qui n’auraient pas le droit à ces prestations. Qu’il y ait des erreurs, qu’il y ait des fraudes, qu’il y ait des gens qui tentent de frauder, c’est une évidence. C’est notre rôle, nous parlementaires, non pas d’alimenter le fantasme mais de contrôler et d’aller jusqu’au bout. Moi, je voulais éviter de nourrir le fantasme. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Clairefontaine: Celebration of French Training Model’s 50 Years
8min

Politique

A Lyon, avec le soutien Laurent Wauquiez, Jean-Michel Aulas marque-t-il vraiment des points ?

L’ancien président de l’Olympique Lyonnais, quasi-candidat aux municipales à Lyon, reçoit le soutien des LR, avec Laurent Wauquiez. « La candidature Aulas est en train de marquer des points », selon le sénateur LR Etienne Blanc. « Il faudra qu’il muscle un peu son jeu, il n’est pas au niveau », raille le sénateur des Ecologistes, Thomas Dossus.

Le

SIPA_01222969_000002
8min

Politique

Vote de confiance : quel est le bilan de François Bayrou à Matignon ?

Malgré la surexposition médiatique de ces derniers jours où François Bayrou a tant bien que mal défendu son budget et son choix surprenant de demander en amont aux députés un vote de confiance, le sort du Premier ministre semble scellé. Ses dix mois à Matignon ont été marqués par une propension à s’appuyer sur des propositions de loi, de longues conférences de presse sur le danger de la dette publique, l’échec d’une amélioration de la réforme des retraites et la polémique Bétharram.

Le

Durain ok
2min

Politique

Le sénateur PS Jérôme Durain élu à la tête de la région Bourgogne-Franche-Comté

Le sénateur de Saône-et-Loire, qui s’est récemment illustré en tant que président de la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic, a été élu à la tête de la région, succédant à Marie-Guite Dufay. Elu sénateur en 2014, il va devoir lâcher son mandat de parlementaire en raison du non-cumul des mandats.

Le