Frédéric Thiriez, un fin négociateur pour imaginer l’après-ENA

Frédéric Thiriez, un fin négociateur pour imaginer l’après-ENA

Le choix de Frédéric Thiriez pour repenser le fonctionnement de la haute fonction publique, une surprise annoncée par Emmanuel...
Public Sénat

Par Christophe SCHMIDT

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Le choix de Frédéric Thiriez pour repenser le fonctionnement de la haute fonction publique, une surprise annoncée par Emmanuel Macron avec la suppression de l'ENA, élargit encore la palette d'une personnalité aux intérêts multiples, et reconnue pour ses dons de négociateur.

Avocat célébré, chanteur lyrique, patron du foot professionnel français, alpiniste, conseiller ministériel... le CV de Frédéric Thiriez, 66 ans, est aussi brillant qu'éclectique.

Ce n'est pourtant pas en touche-à-tout mais bien en expert qu'il travaillera pour Emmanuel Macron à concevoir l'après-ENA, puisqu'il est lui-même passé par ce moule de la technocratie française, symbole pour les "gilets jaunes" d'une élite jugée déconnectée.

C'était de 1975 à 1977, à l'orée d'une première carrière de haut fonctionnaire qui l'amènera, au début des années Mitterrand, à diriger les cabinets des ministres socialistes Joseph Franceschi et Gaston Defferre.

Il bifurque en 1990 vers la profession d'avocat, gagnant vite une réputation de juriste pointu. C'est ainsi qu'il aborde le monde du foot.

En 1991, il est l'avocat de la FFF contre les Girondins de Bordeaux de Claude Bez. Il intègre peu à peu les instances du milieu, jusqu'à prendre la tête en mai 2002 de la Ligue de football professionnel (LFP), une aventure qui durera quatorze ans.

Le grand public repère vite ses bacchantes et sa longue silhouette, ses bras toujours en mouvement et ses effets de manche d'avocat-comédien à la voix de baryton, déjà passionné d'art lyrique, d'opérette et de théâtre qu'il pratique en amateur.

Chez les professionnels du ballon rond, c'est son talent de négociateur qui fait forte impression. Un don "parfois aux limites de la comédie, peut-être, comme les gens qui ont un grand talent d'expression", relevait dans Le Monde en 2008 Michel Rocard, l'un de ses anciens patrons.

Son grand fait d'armes est l'explosion des droits de retransmission télévisés redistribués aux clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, passés de 280 millions d'euros par an à son arrivée à la LFP à 726 millions par saison pour la période 2016-2020.

On reconnaît aussi à l'actif de ce fin diplomate d'avoir pacifié les relations entre les clubs les plus riches et les autres.

S'il a été chaleureusement applaudi à son départ de la LFP au printemps 2016, ses rapports avec l'autre patron du football, le président de la fédération (FFF) Noël Le Graët, n'ont pas toujours été simples. "100% des journalistes considèrent que Thiriez n'y connaît rien en football", avait ainsi taclé M. Le Graët fin 2015, alors qu'un désaccord les opposait sur le régime des montées et relégations entre L1, L2 et championnat National.

Frédéric Thiriez est l'époux de Marie-Claire Carrère-Gée, ancienne conseillère de Jacques Chirac à l'Elysée, et candidate à l'investiture des Républicains (LR) pour les municipales de 2020 à Paris.

La feuille de route que lui a confiée jeudi le chef de l'Etat est claire, mais complexe: "Refonder le recrutement de nos hauts fonctionnaires (...), les modes de formation et la gestion des carrières" dans un environnement d'où l'ENA aura disparu.

Sollicité par l'AFP après l'annonce de sa mission, M. Thiriez a fait savoir qu'il ne souhaitait pas parler à la presse "pour le moment".

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