Front national : « refonder » pour enfin gouverner ?
Après la déception des élections présidentielle et législatives, le Front national se tourne vers sa base pour apaiser les divisions internes de ses cadres. Première étape de cette « refondation », un séminaire de deux jours où le changement de nom du parti sera abordé.

Front national : « refonder » pour enfin gouverner ?

Après la déception des élections présidentielle et législatives, le Front national se tourne vers sa base pour apaiser les divisions internes de ses cadres. Première étape de cette « refondation », un séminaire de deux jours où le changement de nom du parti sera abordé.
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Consulter pour mieux refonder, c’est un peu le principe qui va guider la séquence qui s’ouvre au Front national et dont le point d’orgue sera le congrès du parti en mars 2018. En attendant, un séminaire de « refondation » de deux jours démarre vendredi 21 juillet au siège de Nanterre. Au menu de ce week-end, 7 groupes de travail chargés d’aborder : les thèmes de campagne,  la stratégie, du mouvement, l’animation des fédérations, l’organisation des campagnes électorales, la « propagande » et la communication, et l’implantation locale.

Marine Le Pen souhaite que les étapes de la refondation soient respectées

 Il sera suivi d’un questionnaire sur les choix stratégiques du parti adressé aux adhérents en septembre. Ces deux étapes essentielles ont pour but de panser les plaies de la défaite à l’élection présidentielle et le score décevant des législatives.

Assez peu audible dans le débat public depuis les législatives, le Front national semble plombé par les divisions internes qui ont vu notamment une proche de Florian Philippot, l’eurodéputée Sophie Montel, démise de ses fonctions de présidente du groupe FN de la région  Bourgogne Franche-Comté. Premier coup de semonce de Marine Le Pen face à la multiplication de critiques  sur les deux dernières campagnes électorales. «Dans un mouvement politique, comme dans un pays, il faut un minimum d'autorité, un minimum d'ordre et un minimum de respect des règles de fonctionnement car sinon, c'est le chaos... et je ne laisserai pas le chaos s'installer dans mon parti» a prévenu, la semaine dernière, la présidente du FN, avant d’ajouter  que la «provocation effectuée dans les médias» n'était «pas admissible ». «Il y a un processus de refondation qui est à l'œuvre, avec un certain nombre d'étapes, dont j'entends que chacun les respecte ».

« Revenir vingt ans en arrière serait catastrophique » selon Florian Philippot

Florian Philippot, vice-président du Front national mais aussi, depuis mai dernier, président du mouvement Les Patriotes, a déjà anticipé cet exercice à haut risque de remise en question. Dans le Parisien, l’eurodéputé met en garde « contre l’autoflagellation permanente ». « Partir d'un résultat décevant pour tout casser, après cinq ans ou six ans de travail, et pour revenir vingt ans en arrière, serait contre-productif, même catastrophique. En tout cas, cela nous mènerait dans le mur ». Message adressé aux détracteurs de la ligne « ni droite, ni gauche » et qui seraient favorables au retour au premier plan des valeurs traditionnelles. « Sur les sujets sociétaux, on est parfois ringardisés, voire diabolisés. Et même sur l'immigration, on est parfois mal compris. Trop souvent, nous faisons encore peur sur ces sujets-là » leur répond Florian Philippot.

Bruno Gollnisch : « L’une de nos priorités c’est l’accueil de la vie et pas de chanter les louanges de l’avortement »

Des considérations pas vraiment du goût d’un cadre historique du parti, l’eurodéputé Bruno Gollnisch. « L’une de nos priorités c’est l’accueil de la vie et pas de chanter les louanges de l’avortement. Je ne pense pas que nous fassions peur sur les questions de l’immigration. Jean-Marie Le Pen n’a jamais dit qu’il s’en prenait à la personne de l’immigré. Et même dans nos rangs, nous avons  des filles et des fils d’immigrés » estime Bruno Gollnisch qui dit néanmoins aborder le séminaire dans un esprit constructif.  

Le Front national : un nom en sursis ?

« Pourra-t-on jamais gouverner la France quand on s'appelle Le Pen? » s’interrogeait Marion Marechal-Le Pen récemment. Demain, cette question aura pour déclinaison : peut-on gouverner la France avec un parti qui s’appelle le Front National ? En effet, le changement de nom du parti est au cœur de la refondation. Florian Philippot s’y est déclaré favorable , le nom  Front national  suscitant « une hostilité », « un blocage immédiat » chez un grand nombre d’électeurs, selon lui. Marine Le Pen, elle-même, n’est pas contre non plus. Au micro de Public Sénat, le sénateur-maire FN de Fréjus, David Rachline, milite aussi pour la création « d’une nouvelle formation politique, une nouvelle force politique populaire ». « Et pourquoi pas changer de nom, j’en suis partisan » a-t-il affirmé. Il faudra pour cela convaincre  le FN canal historique. « C’est un nom tout à fait honorable, je ne vois pas en quoi un nouveau empêcherait la diabolisation » objecte Bruno Gollnisch.

David Rachline partisan d'un changement de nom du FN
01:23

Ce choix comme celui de la question de la souveraineté monétaire, épine dans le pied de Marine Le Pen lors de la présidentielle, seront soumis à la consultation des adhérents en septembre. Leurs réponses seront  « la base de la refondation du FN » a annoncé Marine Le Pen.

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