Garde alternée : la nouvelle règle pour tous ?

Garde alternée : la nouvelle règle pour tous ?

Une proposition de loi sur la garde alternée, examinée à l’Assemblée cette semaine, remet sur le devant de la scène, ce sujet très clivant. Les invités de l’émission « On va plus loin » en débattent.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Jeudi 30 novembre est examinée à l’Assemblée, une proposition de loi du MoDem sur « la résidence de l’enfant en cas de séparation des parents ». Et lorsque l’on parle  « garde (ou résidence) alternée », les esprits s’échauffent vite. Mais qu’en est-il en France concrètement ?  

Et bien, seul un enfant de couple divorcé sur cinq vit en résidence alternée. La garde alternée est donc loin d’être la norme.

Laurence Rossignol, sénatrice (PS) de l'Oise et ancienne ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes, s’oppose fortement à cette proposition de loi : « Ce qui pose problème dans la proposition c’est qu’elle pose la résidence alternée comme étant systématique, comme étant le droit commun (…) Ce qu’on observe c’est que dans beaucoup de séparations , il y a ensuite une absence des pères et que cette absence des pères, cela n’est pas de la faute des mères. Il y a une espèce de renversement dans la revendication de résidence alternée systématique comme quoi, si la coparentalité ne se fait pas, ce serait par un blocage des mères. »

Une double domiciliation

Caroline Abadie, députée (LREM) de l’Isère, qui a participé à la réécriture de cette proposition de loi, estime que ce texte permet plutôt l’apaisement : « Le texte prévoit une double domiciliation. Cela veut dire que malgré une séparation, un divorce, un enfant aurait toujours deux domiciles : un chez son père, un chez sa mère (…) L’idée de ce texte est de dire symboliquement, l’enfant a toujours deux domiciles et, symboliquement, les parents malgré leur séparation, sont toujours responsables de leur enfant après le divorce. Et ça permettra, on l’espère, d’apaiser les conflits qui arrivent  (…) au tout début de la séparation pour que l’enfant ne soit plus un enjeu de pouvoir ou de victoire sur le divorce. »

Jean Latizeau, président de l'association SOS Papa, trouve que cette proposition de loi n’est qu’une pâle copie d’un texte datant de 2014. Et pour lui, la situation actuelle montre que les dés sont pipés : « Lorsqu’un père demande la résidence alternée et que la mère s’y oppose, c’est refusé aux pères dans 75% des cas (…) Et en revanche, lorsque la mère est d’accord, c’est toujours accordé ».

 Marie-Jane Ody, vice-présidente de l’USM (Union syndicale des magistrats) temporise : « Les jugements sont rendus au cas par cas après une étude des cas des parties. Pour que la résidence alternée soit accordée, il faut qu’un certain nombre de facteurs soient réunis. Il faut notamment qu’il y ait une proximité géographique entre les lieux de résidence des parents, il faut que cela ne mette pas en cause la scolarisation des enfants (…) Il y a des critères objectifs et également des critères sur les capacités éducatives des parents. »

« Cette loi ne force pas les gens »

Caroline Abadie souhaite « remettre chacun des parents dans son rôle » : « Peut être aux mères d’admettre un petit peu plus que le père a un rôle à jouer et peut-être aux pères d’admettre un peu plus qu’ils ont un rôle à jouer ». Elle ajoute : « En tout cas, cette loi ne force pas les gens et laisse le juge aux affaires familiales au cœur du dispositif (…) parce que l’intérêt de l’enfant doit primer ».  

 

Vous pouvez voir le débat sur la garde alternée en intégralité :

OVPL : Garde alternée : la nouvelle règle pour tous ?
28:32

 

Dans la même thématique

Weekly cabinet meeting at Elysee Palace, Paris, France – 12 Jan 2024
5min

Société

Prostitution : un nouveau plan de lutte présenté ce jeudi, huit ans après la loi pénalisant les clients

Alors que la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, peine encore à produire ses effets, le gouvernement a annoncé la présentation d’un nouveau plan pour lutter contre la prostitution, à l’aube d’une augmentation inquiétante des chiffres chez les mineurs. Selon les associations, ils seraient entre 7 000 et 10 000 à être aujourd’hui prostitués, un chiffre qui a doublé ces dernières années.

Le

Enfants et ecrans
4min

Société

Rapport sur l’usage des écrans chez les enfants : « Nous avons perdu six ans », déplore la sénatrice Catherine Morin-Desailly

Commandé par l’exécutif, le rapport d’experts sur l’usage des écrans chez les enfants a été remis au président de la République ce 30 avril. En 2018, le sujet avait déjà fait l’objet d’une proposition de loi largement votée au Sénat, mais jamais discutée à l’Assemblée. Auteure du texte, la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly dénonce aujourd’hui « une perte de temps ».

Le

A national gendarmerie van entering the Paris courthouse
7min

Société

Meurtre de Matisse à Châteauroux : qu’est-ce que l’excuse de minorité, que le gouvernement souhaite réformer ?

Alors que de multiples faits divers concernant des mineurs font l’actualité ces dernières semaines, le dernier en date, le meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé à mort, samedi dernier à Châteauroux, par un mineur afghan âgé lui aussi de 15 ans et placé sous contrôle judiciaire, cinq jours avant le meurtre, Gabriel Attal a annoncé, le 18 avril dernier, souhaiter « ouvrir le débat » sur l’excuse de minorité. Mais au fait, à quoi fait référence cette qualification pénale, qui revient régulièrement dans les discussions ?

Le