Génocide rwandais : pour Jacques Hogard, « La France n’est pas coupable de tout ce dont on l’accuse. »
Le 7 avril 1994, le génocide rwandais commençait. Durant trois mois et 10 jours, près d'un million de personnes, majoritairement Tutsis, perdront la vie. Alors que la parole commence à peine à se libérer, et que le travail des historiens est encore en cours, une question émerge : quelle est la part de responsabilité de la France au sein de ce drame ? Jacques Hogard, ancien militaire présent sur place, défend le rôle joué par la France.

Génocide rwandais : pour Jacques Hogard, « La France n’est pas coupable de tout ce dont on l’accuse. »

Le 7 avril 1994, le génocide rwandais commençait. Durant trois mois et 10 jours, près d'un million de personnes, majoritairement Tutsis, perdront la vie. Alors que la parole commence à peine à se libérer, et que le travail des historiens est encore en cours, une question émerge : quelle est la part de responsabilité de la France au sein de ce drame ? Jacques Hogard, ancien militaire présent sur place, défend le rôle joué par la France.
Public Sénat

Par Yanis Darras

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25 ans après le génocide au Rwanda, les faits sont encore douloureux, et les responsabilités incertaines. Pendant cent jours, les extrémistes Hutu, communauté majoritaire dans le pays, tueront presque un million de Tutsis, avec le soutien du gouvernement rwandais de l’époque. La France est intervenue militairement, au travers de l’opération Turquoise. Mais quel fût réellement son rôle ? Aujourd’hui, le gouvernement de François Mitterrand est pointé du doigt. La France aurait laissé faire. Certains militaires, comme Guillaume Ancel, évoquent même un soutien actif de la part de la France, il parle de livraisons d’armes.

Jacques Hogard a servi dans l’armée française, il commandait un des trois groupements présents au Rwanda en 1994. Il conteste fermement ces accusations : « Guillaume Ancel n’est pas crédible. La fameuse livraison d’armes dont il parle et dont il est incapable de donner la date, moi, je vous la dis : c’est le 22 juillet. Nous avons livré ce jour-là, des vivres, des bâches plastiques etc. à des réfugiés des familles des ex-forces rwandaises. Oui je l’ai fait et j’assume. »

Jacques Hogard : "Je ne peux pas accepter que mon pays et son armée, soient 25 ans après, pointés du doigt dans cette affaire"
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Jacques Hogard défend l’action de la France et nuance : « C’est facile si vous voulez, 25 ans après, de se mettre dans la peau de celui qui décrypte ce qui s’est passé. […] Je ne peux pas accepter que mon pays, son armée, soit pointé du doigt 25 ans après alors que la communauté internationale n’a pas agi. »

Les Nations Unies responsables ?

« Je pense que l’ONU a failli terriblement » explique Jacques Hogard. Pour ce dernier, « La France n’est pas coupable de tout ce dont on l’accuse. Son armée encore moins ». L’ancien militaire ajoute : « Je pense que le génocide au Rwanda peut être une affaire française. Mais je pense qu’il s’agit d’abord d’une affaire rwando-rwandaise et également d’une affaire internationale. »

Malgré l’urgence de la situation, les membres des Nations unies ont interdiction de parler de génocide à l’égard du Rwanda. Et l’organisation n’a pas souhaité intervenir dès les premiers jours du génocide.

Jacques Hogard : "Les américains ne se comportaient pas en amis. Ils se comportaient en espions"
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Une stratégie de la part des États-Unis pour l’officier de l'opération Turquoise : « Madeleine Albright, ambassadeur des États-Unis aux Nations unies de 1993 à 1997, a fait tout ce qu’elle pouvait pour retarder voire empêcher l’opération Turquoise […] simplement pour promouvoir son protégé, qui était Paul Kagame (actuel Président du Rwanda) ».

 

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