Gérald Darmanin : « Il n’y a pas de divorce entre la police et la population »

Gérald Darmanin : « Il n’y a pas de divorce entre la police et la population »

Auditionné par la commission des Lois de l’Assemblée nationale, ce lundi, le ministre de l’Intérieur est revenu sur les violences policières de ces dernières semaines, et s’est livré devant les députés à un plaidoyer pour la défense des forces de l’ordre, évoquant des pistes d’amélioration dans le fonctionnement de l’institution policière.
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« Une audition sur les conditions dans lesquelles les forces de l’ordre ont eu recours à la force ». Tel était l’objectif, selon la présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet, de l’audition de Gérald Darmanin, qui s’est déroulée ce lundi. Alors que la vidéo de l’agression de Michel Zecler, révélée par Loopsider, a suscité l’indignation générale, après que plusieurs images d’actes violents commis par les forces de l’ordre ont été révélées, le ministre de l’Intérieur est revenu les événements de ces dernières semaines. « Des incidents parfois très graves se sont produits et ont affecté la relation de confiance qui doit exister entre les Français et les forces de sécurité. C’est dans ce contexte que nous devions vous entendre Monsieur le ministre », a déclaré la députée de la majorité, lors de ses propos liminaires.

« Je ne partage pas votre constat sur le divorce qu’il existe entre la police et la population », a affirmé Gérald Darmanin. Prenant la parole, il a d’abord tenu à rappeler sa « ligne de conduite » depuis sa prise de fonction au ministère de l’Intérieur. « C’est d’abord de protéger les Français, qui souhaitent la sécurité, et aussi de protéger ceux qui nous protègent : les policiers et gendarmes qui font un métier difficile et dangereux ». Dénonçant d’abord les « donneurs de leçons » et les difficiles conditions de travail des agents des forces de l’ordre, Gérald Darmanin est ensuite revenu sur les faits de violence évoqués par Yaël Braun-Pivet. « Des actes inqualifiables ont été commis par ceux qui portent l’uniforme de la République » a soutenu le ministre de l’Intérieur. « Les personnes qui utilisent la force de façon disproportionnée doivent être sanctionnées et n’ont rien à faire dans la police ou dans la gendarmerie. Mais des individualités ne sont pas un tout, et je ne supporte pas l’atteinte à cette institution qui fait un travail admirable » a-t-il ajouté.

Une réforme possible de l’IGPN

Le locataire de Beauvau a ensuite affirmé que des « erreurs » avaient été commises par les différents responsables politiques dans la gestion de l’institution, et dans les moyens accordés aux forces de l’ordre, identifiant ainsi « sept péchés capitaux ». Parmi eux, la question « de la formation et de l’encadrement ». « Raccourcir la formation initiale n’était pas une bonne mesure, et le peu de formation que nous offrons à nos policiers est une erreur fondamentale commise par le ministère de l’Intérieur. De même, il faut recréer un corps intermédiaire, il n’y a pas assez de chefs ou de sous-chefs présents dans la rue parmi les forces de l’ordre » a avancé le ministre de l’Intérieur, indiquant qu’il souhaitait porter à 30 000 le nombre de policiers réservistes. Interpellé sur le polémique article 24 de la loi « sécurité globale », dont la majorité vient d’annoncer la réécriture, le ministre a campé sur ses positions. « Les forces de l’ordre ne sont pas assez protégées, je n’ai pas changé de conviction », a-t-il assuré.

Gérald Darmanin a par ailleurs annoncé la généralisation, dès le mois de juillet, des caméras piétons. « Je m’en félicite », a-t-il assuré. « Les caméras protègent les citoyens des accès de violence de la part des forces de l’ordre, mais aussi les policiers ». La question de l’IGPN a également été abordée : quelques pistes ont été évoquées, notamment la fusion de l’IGPN avec les deux autres inspections du ministère de l’Intérieur : l’Inspection générale de la gendarmerie (IGGN) et l’Inspection générale de l’administration (IGA) ; ou encore la nomination à la tête de l’IGPN d’une personnalité extérieure. Pris à parti sur le cas du préfet Lallement, Gérald Darmanin lui a apporté son soutien. « Je n’ai ni amour ni haine pour le préfet Lallement », a-t-il assuré. « C’est un fonctionnaire travailleur qui ne m’a jamais menti, dirige l’un des postes les plus difficiles de France, a l’exigence de l’autorité politique et ne faillit pas à ses fonctions. »

Une demande d’exemplarité

« Si je soutiens très fortement la police et la gendarmerie, que j’espère être un avocat même dans les périodes difficiles, il faut aussi que ce soutien aille avec la responsabilité », a affirmé le ministre de l’Intérieur. « Je souhaite que nous puissions continuer à les protéger dans les opérations de police, dans leur vie personnelle, mais la contrepartie de ce soutien très fort c’est une demande très forte d’exemplarité des fonctionnaires de police. Ceux qui salissent l’uniforme doivent être exclus de possibilité d’y revenir, mais je suis très fier d’être à la tête d’un ministère où les femmes et les hommes risquent tous les jours leur vie. »

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