Gérard Filoche exclu du PS après son tweet antisémite
Le Bureau national du Parti socialiste a exclu du parti mardi l'ancien syndicaliste Gérard Filoche, représentant de l'aile gauche...

Gérard Filoche exclu du PS après son tweet antisémite

Le Bureau national du Parti socialiste a exclu du parti mardi l'ancien syndicaliste Gérard Filoche, représentant de l'aile gauche...
Public Sénat

Par Stéphanie LEROUGE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le Bureau national du Parti socialiste a exclu du parti mardi l'ancien syndicaliste Gérard Filoche, représentant de l'aile gauche du PS, après un tweet antisémite que l'intéressé affirme avoir écrit par "négligence".

"Le Bureau national a voté pour l'exclusion de Gérard Filoche, il ne peut plus ni s'exprimer au nom du Parti socialiste, ni être membre de nos instances. Gérard Filoche n'est plus membre du Parti socialiste (...) Il est exclu", a déclaré le coordinateur du PS Rachid Temal au cours d'une conférence de presse. Le BN s'est prononcé à l'unanimité, M. Filoche étant absent.

"Il n'est pas possible qu'un dirigeant socialiste écrive un tweet antisémite", a souligné M. Temal, qui a aussi regretté que M. Filoche ait dans un premier temps parlé d'une "cabale" pour se défendre. Gérard Filoche peut faire appel de cette décision devant la Commission nationale des conflits.

M. Filoche, qui siégeait jusqu'à présent au BN en tant que représentant de l'aile gauche du PS, avait relayé vendredi soir un montage photographique circulant dans la "fachosphère", où l'on voit Emmanuel Macron, le bras ceint d'un brassard nazi orné d'un dollar en lieu et place de la croix gammée, devant les drapeaux américain et israélien et des photos de Patrick Drahi, Jacob Rothschild et Jacques Attali.

M. Filoche, cofondateur de SOS Racisme avec Julien Dray et Harlem Désir, a rapidement effacé son tweet et s'est dit "désolé", mais les condamnations de la classe politique ont été unanimes.

"Evidemment j'ai été négligent (...) je n'ai pas été attentif, je n'aurais pas dû le faire", s'est à nouveau justifié M. Filoche lundi soir sur i24news, reconnaissant un tweet "antisémite".

"C'est le capitalisme qui a mis Hitler au pouvoir (...) Hitler a été choisi par le capitalisme et être anticapitaliste c'est aussi être antiraciste, c'est aussi être contre l'antisémitisme. Je hais l'antisémitisme (...) Le capitalisme c'est lui qui nourrit l'antisémitisme", a-t-il ajouté.

Samedi, M. Filoche avait tenté de minimiser son geste. "A priori l'image Macron + argent est totalement banale. Il y en a 100 comme ça. A l'examen, ce montage et sa source sont bad. Dès que je l'ai su je l'ai retiré aussitôt. Tout à fait désolé! Quant à la cabale en meute elle vise autre chose non?", avait-il tweeté.

- "Ne pas transiger" -

Lundi, le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête à l'encontre de l'ancien trotskiste. Le même photomontage avait déjà été diffusé en février sur le site de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral, ce qui lui vaut d'être poursuivi.

Au PS, la véhémence de M. Filoche faisait depuis longtemps grincer des dents.

"Il y a bien longtemps que le PS aurait dû exclure Gérard Filoche. Je l'avais dit à l'Assemblée nationale le 21 octobre 2014. Et il faut attendre un tweet innommable et antisémite pour engager une procédure d'exclusion", a tweeté l'ancien Premier ministre Manuel Valls.

En cause, à l'époque: des propos jugés insultants de M. Filoche à l'encontre de Christophe Margerie, l'ancien PDG de Total décédé en Russie dans un accident d'avion.

L'ancien premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis avait alors évoqué une "très grande faute" et saisi la Haute autorité du PS.

Interrogé sur franceinfo mardi matin, M. Cambadélis a reconnu que "certains disaient" que Gérard Filoche n'avait plus sa place au PS "depuis très longtemps".

"Moi j’avais toujours fait en sorte que chacun puisse s’exprimer. Il y avait des désaccords qui étaient de type politique (...) Aujourd’hui le désaccord n’est pas politique, il est éthique. Et sur l’éthique on ne peut pas transiger", a-t-il dit.

Condamnant le caractère "antisémite" du photomontage, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) a pris la défense de M. Filoche, qui n'est "pas un antisémite".

"Il a, il y a des années, quitté la LCR (dont le NPA est issu, NDLR), pour adhérer au Parti socialiste. Au sein de ce parti de tous les reniements, Gérard Filoche, à sa façon, a défendu les intérêts du monde du travail. C’est en fait ce qu’on lui reproche", a-t-il écrit sur son site internet.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: Questions au gouvernement Senat
4min

Politique

Budget 2026 : quel calendrier pour la reprise des débats ?

Après l’adoption de la loi spéciale pour assurer la continuité de l’Etat, le gouvernement devra reprendre les débats au Parlement, début janvier, pour espérer faire adopter un budget pour l’année 2026. Une opération délicate dans un paysage politique fragmenté et avec un calendrier contraint.

Le

Documentaire Paris le mystère du palais disparu de Stéphane Jacques
5min

Politique

Paris, le mystère d’un palais disparu

Les promeneurs, touristes ou Parisiens qui déambulent sur le parvis de Notre-Dame, s’imaginent-ils qu’à quelques pas de là se dressait au Moyen Âge, l’une des plus somptueuses résidences d’Europe ? Et surtout, comment, six siècles plus tard, le tout premier palais de nos rois, bâti sur l’île de la Cité, au beau milieu de la capitale, a-t-il pu devenir ce fantôme de l’Histoire ? Dans son documentaire Le mystère du palais disparu, Stéphane Jacques retrace l’enquête menée par un trio de scientifiques spécialistes de la reconstitution numérique.

Le

Mericourt: Emmanuel Macron meets with  readers of the Ebra group,
11min

Politique

Face aux fake news, comment l’Elysée a opéré un « virage » dans sa communication

Suite aux « fausses informations » relayées sur le sujet de la « labellisation » des médias, l’Elysée a décidé de vite les démentir, via une vidéo sur X. Une nouvelle stratégie de communication, à l’œuvre depuis quelques mois, déjà observée lors d’une prétendue prise de cocaïne par Emmanuel Macron. Lui-même « victime » des affres des réseaux avec l’infox Jean-Michel Trogneux, il est d’autant plus sensibilisé à cet enjeu démocratique.

Le