Face aux conséquences d’une « dissolution insensée », cause de « dangerosité et d’instabilité », le président LR de l’Association des maires de France veut faire des communes « un pôle de stabilité », rejetant toute responsabilité des collectivités dans le dérapage des finances publiques. Reçu par Michel Barnier ce mardi, il assure ne rien « attendre ».
Gérard Larcher à la manoeuvre dans le pot au noir de la droite
Par Véronique MARTINACHE
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Maître d'ouvrage du "chantier de la reconstruction" de la droite, le président LR du Sénat Gérard Larcher est sorti de son rôle d'opposant institutionnel pour investir un terrain plus politique, face à la crise existentielle qui agite son parti.
M. Larcher a annoncé mardi la tenue en octobre d'une "grande convention nationale" de la droite et du centre, à l'issue d'une réunion où étaient conviés les présidents des groupes parlementaires LR et centristes, les patrons des trois grandes associations d'élus ainsi que des présidents de régions dont Laurent Wauquiez, démissionnaire de la tête de LR, et Valérie Pécresse, qui deux jours plus tard claquait la porte du parti.
Le président de la "chambre des territoires" n'a pas manqué de souligner que la reconstruction devrait partir "du terrain vers le haut" après la déroute aux Européennes, où LR a plafonné à 8,48%.
Président de la chambre haute depuis 2014, l'ancien maire de Rambouillet a pris soin de baliser son initiative, rappelant son entier engagement "au service du Sénat" et se plaçant "au-delà des partis".
Mais dans la majorité présidentielle, on pointe une confusion des genres. "Que le président du Sénat s'intéresse aux territoires, c'est normal. (Mais) quand on réorganise un parti politique, on est dans une démarche différente", a estimé la ministre de la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault.
Gérard Larcher se retrouve "à la jonction d'un répertoire institutionnel classique: + je préside une institution qui aujourd'hui est le seul contre pouvoir+. Et d'un autre répertoire, beaucoup plus politique et partisan, lié à la défaite électorale de son parti", analyse auprès de l'AFP le politologue Thomas Frinault.
Jusqu'ici, M. Larcher, 69 ans, s'était surtout posé en défenseur du bicamérisme et du rôle de contre-pouvoir du Sénat face à une Assemblée nationale largement dominée par la majorité présidentielle.
- "Le tout pour le tout" -
"Il tente le tout pour le tout pour sauver la famille gaulliste", déclare un sénateur LR, pour qui "sa démarche mérite beaucoup de respect".
"Sa position de président n'est pas affaiblie par les événements. Au contraire, il montre qu'il est fidèle à l'idéal gaulliste", ajoute-t-il.
Au lendemain du départ de Valérie Pécresse, le groupe LR au Sénat a affiché son "unité" autour de son chef de file Bruno Retailleau et "réaffirmé l'utilité et la nécessité de l'initiative de Gérard Larcher".
Ce départ n'a fait que "renforcer sa détermination", assure-t-on dans l'entourage du président du Sénat.
Mais l'équation n'est pas simple: comment réussir à occuper un espace entre LREM et le RN quand les figures de la branche modérée de LR quittent le parti les unes après les autres - Xavier Bertrand, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et maintenant Valérie Pécresse -, et avec un chef de gouvernement, Edouard Philippe, ainsi que plusieurs ministres issus des rangs de la droite ?
Dans son appel au rassemblement, le président du Sénat posait l'enjeu: "la perspective des élections municipales puis départementales et régionales".
Car ces futurs élus sont aussi les futurs grands électeurs qui choisiront les sénateurs de demain.
Et s'il n'y a pas eu de "vague" Macron le 24 septembre 2017 au Sénat, faute d'ancrage local, une arrivée massive de "marcheurs" dans les futurs exécutifs locaux pèserait sur la composition du Sénat, dès les élections sénatoriales prévues en 2020.
Un effet qui serait encore amplifié en cas de renouvellement total du Sénat en 2021, tel qu'envisagé dans l'avant-projet de loi de réforme institutionnelle. "Il faut respecter le principe que le Sénat est une assemblée de la continuité qui est renouvelée par moitié et il faut respecter les dates d'élection qui sont prévues", a prévenu M. Larcher.
Le ministre chargé des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, a appelé les maires de droite à "quitter LR" pour oeuvrer aux côtés de La République en Marche, tandis que le député Aurélien Taché posait le cadre: "à nos conditions, sur nos valeurs".
Sur le terrain, la tentation est là, confirment des sénateurs LR.
"S'il n'y a pas d'autre alternative que La République en marche et le Rassemblement national alors notre démocratie peut être un jour menacée", met pourtant en garde M. Larcher.