Gérard Larcher : «Je ne me satisfais pas d’une France qui se sent oubliée»

Gérard Larcher : «Je ne me satisfais pas d’une France qui se sent oubliée»

Devant l’Association des maires de France, le président du Sénat a critiqué la « méthode » du gouvernement dans ses réformes des collectivités locales.
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Gérard Larcher hausse le ton. Invité à s’exprimer lors du 100ème congrès des maires, le président du Sénat a critiqué certaines décisions du gouvernement concernant les collectivités locales. « L’organisation de notre République est désormais décentralisée » rappelle-t-il. « Elle repose sur deux principes auxquels nous sommes tous attachés et qu’il est sans doute bon de rappeler : la libre administration des collectivités territoriales et son corolaire, leur autonomie financière. Pourtant, quand je me déplace dans ces territoires et ses communes, c’est bien la réalité et l’avenir de cette organisation décentralisée qui sont aujourd’hui l’objet des interrogations et des préoccupations des élus. »

« Les collectivités ont réalisé d’importants efforts financiers au cours des dernières années. Efforts imposés parfois  à marche forcée par un Etat qui, lui, ne réduisait pas lui-même, ou alors que fort modérément, ses dépenses » poursuit-il. « Entre 2013 et 2016, la réduction du déficit public a été portée aux deux tiers par nos collectivités locales alors qu’elles ne représentent que moins de 20% de la dépense. Je veux être clair : nul ne conteste la nécessité de réduire la dépense publique, et certainement pas au Sénat, c’est une exigence qui s’impose à tous. Mais les efforts demandés à chacun doivent être équilibrés. »

Manque de confiance

« Les maires de France méritent la considération de l’Etat et de la Nation » a-t-il affirmé sous les applaudissements. « Je l’ai fait valoir lors de la première conférence nationale des territoires, en affirmant que l’Etat doit cesser de considérer les élus comme de simples curseurs. J’en suis plus que jamais convaincu après un été au cours duquel la confiance des collectivités territoriales envers l’Etat a été sérieusement ternie. Force est de constater que la volonté de renouer les fils de la confiance a été battu en brèche par des décisions parfois peu concertées et trop souvent unilatérales. Je pense à la réduction des crédits ou à la diminution non concertées des contrats aidés, » tranche-t-il.

« Il y a d’abord une question de méthode »

Le président du Sénat est aussi revenu sur l’action concrète de son hémicycle. « Le Sénat a tenu les engagements qu’il avait pris le 17 juillet dernier. Il a refusé la règle d’or renforcée que le gouvernement souhaitait imposer aux collectivités, en particulier aux communes. Les collectivités locales doivent voter leur budget en équilibre. Alors, que l’Etat commence donc par s’appliquer à lui-même, la règle d’or qu’il a voulu imposer aux collectivités locales ! »

Autre sujet majeur, celui qui concerne la réforme de la taxe d’habitation, « nous avons proposé au gouvernement de la reporter d’une année » a-t-il rappelé. « Le dégrèvement, c’est une aussi une manière pour l’Etat de reprendre la main et donc de limiter davantage l’autonomie financière des communes » a critiqué Gérard Larcher, soulignant que le maintien de la taxe pour 20% des ménages pouvait poser des problèmes constitutionnels. « Je veux mettre le gouvernement en garde contre des dispositions préparées à la hâte » avance-t-il.

« Le gouvernement doit prendre le temps. J’ai donc proposé au président de travailler à une réforme complète du système d’ici septembre 2018. Il nous faut construire une fiscalité moderne, plus juste. »

 

Taxe d'habitation : "Le gouvernement doit prendre le temps" affirme Larcher
02:26

« Le Sénat sera naturellement attentif à l’enjeu que représente l’équilibre des territoires » a continué Gérard Larcher. « La France n’est pas faite que de métropoles (…) Je ne me satisfais pas d’une France qui se sent à côté, oubliée, abandonnée. Examinez le résultat du premier tour de l’élection présidentielle et vous aurez la cartographie de l’état psychologique d’une partie de notre territoire ».

Il a enfin souligné que sa proposition d’une conférence de consensus sur le logement avait été acceptée par le président de la République et le Premier ministre. Elle devrait avoir lieu « dans les semaines à venir. »

 

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