Gilets jaunes : dans les pas du Mouvement 5 étoiles italien ?

Gilets jaunes : dans les pas du Mouvement 5 étoiles italien ?

Voilà onze semaines que les voix des « gilets jaunes » s’élèvent dans les rues et réclament du changement. Ces dix dernières années l’Europe a vu différents mouvements contestataires et populaires similaires émerger. En Italie, le Mouvement 5 étoiles a su s’imposer au plus haut sommet de l’État après avoir battu le pavé. Un parallèle entre les « gilets et jaunes » et le Mouvement 5 étoiles ést-il possible ?
Public Sénat

Par Juliette Beck

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Au jeu des différences et des ressemblances entre le Mouvement 5 étoiles italiens et les « gilets jaunes » français, une différence saute aux yeux pour Luca Tomini chercheur à l’Université Libre-de-Bruxelles, c’est l’absence de leader au sein des « gilets jaunes ». « Sur le fonctionnement, il y a deux aspects qui sont très différents entre les deux. Les gilets jaunes sont un mouvement qui est à l’origine une mobilisation spontanée, c’est évident pour tout le monde, il n’y a pas de leader, il n’y a pas d’organisation. C’est la grosse différence tandis que le mouvement 5 étoiles dès le début en 2007-2009, il y avait Beppe Grillo le leader connu ». Père fondateur du mouvement italien, ce Génois de 70 ans est un humoriste reconverti. Pendant treize ans, il a sillonné l’Italie appelant tous les Italiens, chômeurs, étudiants, salariés, retraités à la révolte. En France, depuis le début du mouvement la question de la désignation d’un leader a rapidement été mise de côté créant quelques fois de la discorde dans les rangs des fluos quand l’un d’eux se voyait providentiel.

Pour l'eurodéputée italienne Laura Agea la mouvement 5 étoiles est le seul en Europe à utiliser la démocratie directe
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Internet comme moteur

Les deux mouvements montrent des capacités de grande mobilisation ce qui les rends comparables, mais pour le chercheur Luca Tomini, il existe d’autres différences. « Il y a un autre aspect, parfois, on pense à internet, on pense au web comme outil de mobilisation, de participation et alors là, c’est clair que pour les gilets jaunes, internet reste encore, et les réseaux sociaux restent encore un outil très important pour mobiliser, pour se mobiliser pour manifester ». En Italie dès 2007 l’utilisation d’internet est aussi présente dans le mouvement mais le but n’est pas de mobiliser comme chez les « gilets jaunes » mais d’informer la population pour ouvrir le débat. La place des réseaux sociaux n’était pas non plus la même en 2007 et leur utilisation relativement minime par rapport à aujourd’hui. « Tandis que si on regarde l’histoire du mouvement 5 étoiles, internet, le blog de Beppe Grillo a été utilisé comme un outil pour créer le consensus » confirme Luca Tomini.

Pour Lucca Tomi la différence entre les gilets jaunes et le mouvement 5 étoiles c'est l'absence de leader chez les GJ
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Les méthodes semblent voisines, mais lorsqu’on regarde de plus près le mouvement italien prend appui sur internet pour rendre la démocratie plus directe. Une plateforme informatique nommée « Rousseau » a été créée. Chaque citoyen peut s’inscrire librement et participer à l’élaboration des lois en communiquant leurs avis aux députés qui ont eux-mêmes été élus via « Rousseau », comme l’explique l’eurodéputée italienne Laura Agea : « En 2018, on a voté par Rousseau, les citoyens ont appelé à voter 35 fois, on a choisi par la plateforme 329 citoyens qui aujourd’hui sont élus […] Moi aussi en 2014, j’ai été choisi par la plateforme et je suis arrivée ici dans le Parlement européen. On a choisi, on a discuté, on a voté les programmes politiques […] On a choisi le chef politique, Luigi Di Maio par la plateforme Rousseau et je ne crois pas qu’en Europe, il y ait un parti politique ou un mouvement politique ouvert comme le Mouvement 5 étoiles qui utilisent la démocratie directe comme nous ». Chez les « gilets jaunes » des plateformes similaires commencent à voir le jour, c’est peut-être l’étape d’après pour le mouvement français qui a du mal à se structurer en une seule voix. Le Mouvement 5 étoiles se dit pleinement disposé à aider les « gilets jaunes » explique l’eurodéputée « Aujourd’hui, le mouvement, 5 étoiles regardent avec attention les gilets jaunes, nous avons mis à disposition de tous les partis politiques qui ont besoin de démocratie directe la plateforme Rousseau ».

« On voit bien la difficulté d'arriver à une formulation clair et unique d'un projet politique » chez les gilets jaunes analyse l'eurodéputée Jean Arthuis
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Des contestations communes

Du point de vue des ressemblances entre la mouvance italienne et la mouvance française, l’eurodéputé Jean Arthuis membre de La République En Marche y voit des analogies possibles dans les contestations. « Je pense qu’il y a un contexte, qu’il y a un terreau qui est le même, c’est le sentiment d’être marginalisé, de ne pas être respecté de ne pas être entendu, d’avoir perdu son emploi et de s’inquiéter de son avenir. C’est une crise de la démocratie, l’élection d’Emmanuel Macron au mois de mai 2017 été déjà une forme de protestation. C’était une remise en cause du système parce que ce système ne répond plus à l’attente et parce que le système politique doit se remettre en cause ». Il y a une volonté de rupture avec une « vieille » classe politique qui doit se réinventer, mais le mouvement des « gilets jaunes » est encore loin d’une hypothétique accession au pouvoir comme cela a pu être le cas pour le Mouvement 5 étoiles. Même si certains « gilets jaunes » constituent déjà des listes en vue des élections européennes de mai 2019. Le mouvement se divise déjà sur cette opportunité de présenter des candidats aux élections.

 

 

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