Gilets Jaunes : la presse étrangère cible Emmanuel Macron

Gilets Jaunes : la presse étrangère cible Emmanuel Macron

Les médias étrangers sont largement revenus sur l’acte 4 de la mobilisation des gilets à Paris et en province. Si les articles sont largement consacrés aux violences en marge de ces manifestations, l’attention se porte désormais sur Emmanuel Macron et la réponse qu’il peut apporter à cette crise.
Public Sénat

Par Yann Quercia

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Les week-ends se succèdent et se ressemblent dans les quotidiens étrangers. La tentation révolutionnaire des manifestants revient à plusieurs reprises. « Paris en état de siège » titre le quotidien espagnol El Mundo. Le journal portugais Publico n’hésite pas à parler « d’une révolution française ».  Gilets jaunes, gaz lacrymogène, forces de police en masse, les images sont les même dans les journaux et sur les sites des quotidiens du monde entier.

Le New-York times titre : « La colère contre les taxes couve en France ». Il précise « Le quatrième week-end de défilés antigouvernementaux en France a de nouveau basculé dans la violence samedi, avec des manifestants à Paris qui ont brûlé des voitures et arraché des barricades sur les devants des magasins, tandis que la police antiémeute a tiré des gaz soulignait le site du quotidien allemand Die Welt.

L’hebdomadaire britannique The Observer évoque « une ville verrouillée »en parlant de Paris, tandis le quotidien portugais Diario de Noticias se focalise sur les casseurs : « Les gilets jaunes mettent la ville à feu ».

« Pour le président français, le défi est à la fois politique et personnel »

Alors qu’Emmanuel Macron doit s’adresser ce soir à la Nation, la presse étrangère s’interroge sur la crise politique française et sur la position du Président de la République. Le quotidien suisse Le Temps titre : « Emmanuel Macron plus que jamais dans l'étau des gilets jaunes ». « Pour le président français, le défi est à la fois politique et personnel » ajoute le quotidien.

El Mundo souligne que « la pression sur Emmanuel Macron continue » et que le Président garde le silence en pleine crise » avant de s’exprimer ce lundi soir.  Même constat pour le New-York Times pour qui la colère contre la hausse de la taxe sur les carburants « s'est transformée en une colère beaucoup plus grande à l'égard des politiques économiques du président Emmanuel Macron et de la dégradation du niveau de vie en France. » Le Washington Post précise aussi que désormais «  la rage s’adresse directement au président Emmanuel Macron. »

Enfin, le journal portugais Publico décrit « une révolte sans leader d’une classe moyenne en colère se poursuit, avec Macron pour cible. »

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Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. On l’a votée avec beaucoup de difficultés, on garde les acquis », défend un cadre de la majorité sénatoriale. Quelques ajustements du texte ne sont donc pas à exclure, ne serait-ce que pour « répondre », estime-t-il, à l’initiative parlementaire du RN et aux syndicats, qui prévoient une manifestation le 1er octobre. La ligne rouge des 64 ans n’interdit pas, par ailleurs, de rediscuter d’autres points de la réforme. Au Sénat, l’introduction de nouvelles mesures sur l’emploi des seniors semble par exemple faire consensus au sein de la majorité. À l’occasion de l’examen du texte, la chambre haute s’était déjà exprimée en faveur de l’instauration d’un « index seniors », censé pousser les entreprises à davantage de transparence sur l’emploi des salariés en fin de carrière, et sur la création d’un « CDI seniors », nouveau contrat de travail exonéré de certaines cotisations. Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. 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