Gilets jaunes : les sénateurs LR ne sont pas convaincus par les annonces d’Emmanuel Macron

Gilets jaunes : les sénateurs LR ne sont pas convaincus par les annonces d’Emmanuel Macron

Les sénateurs du groupe Les Républicains du Sénat, qui accueillaient ce matin Laurent Wauquiez en réunion de groupe, sont sceptiques après les annonces d’Emmanuel Macron pour tenter de calmer la colère des gilets jaunes.
Public Sénat

Par Yann Quercia

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Emmanuel Macron peut-il calmer la colère des gilets jaunes ? Pas un mot de la part de Laurent Wauquiez à l’entrée et à la sortie de la salle Médecis du Palais du Luxembourg pour la réunion hebdomadaire du groupe LR. Gérard Larcher, Bruno Retailleau, les poids lourds du parti Les Républicains ne s’expriment pas sur les annonces d’Emmanuel Macron.

Si le Président entend «changer de méthode», il a martelé qu'il ne fallait «pas changer d'avis, pas changer la vérité, et pas changer de cap» pour autant : « Ce qui est surprenant, c’est que le président de la République s’aperçoive après 18 mois qu’il y a un problème de méthode » déclare le sénateur, Philippe Dallier, à la sortie de la réunion de groupe. Il ajoute : «Il n’y a pas seulement un problème de méthode car on voit que sur la transition énergétique, il n’a pas compris ce que les Français ressentent. »

Même son de cloche pour la sénatrice Catherine Procaccia qui parle d’un discours « complètement déconnecté de ce qu’attendent les citoyens » : « Ce n’est pas comme ça qu’on va calmer la colère des gilets jaunes mais aussi l’ensemble de la population. Il a fait un discours complètement technocratique et vertical. »

Pour le Président de la commission des finances, Alberic de Montgolfier, le discours d’Emmanuel Macron ne correspond pas à ce qu’attendaient les Français : « Les Français attendaient des réponses claires. Le Sénat en avait apporté cette nuit en refusant cette augmentation de taxe sur les prix des carburants. Il faut stabiliser la fiscalité au lieu de faire du bricolage avant d’envisager des nouvelles mesures qui sont peu lisibles. »

« Si le gouvernement voulait une taxe flottante, il fallait la proposer dans le projet de loi de finances »

Gilets jaunes : Les sénateurs LR ne sont pas convaincus par les annonces d’Emmanuel Macron
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Répétant que sa méthode n’est « pas de changer le cap » ou de « changer d’avis », Emmanuel Macron a néanmoins fait une annonce sur la TICPE, la taxe sur les carburants. Il a appelé à « construire une méthode pour rendre plus intelligente cette taxe aujourd’hui un peu aveugle ». Pour cela, il a demandé à « adapter la hausse de la taxe au marché du pétrole ». ll a promis un rendez-vous « tous les trimestres » pour atténuer la note à la pompe « s’il devait y avoir une envolée des cours ».

« Si le gouvernement voulait une taxe flottante, il fallait la proposer dans le projet de loi de finances. Il y a déjà eu des discussions à l’Assemblée nationale et au Sénat » souligne le rapporteur général du Budget au Sénat. Alberic de Montgolfier pointe le problème de constitutionnalité d’une telle mesure : « On a passé l’article sur la fiscalité écologique. Je ne sais pas comment, avec le principe constitutionnel, on pourrait réintroduire cette mesure à l’Assemblée. »

Christine Lavarde, membre de la commission des finances dénonce l’incohérence du gouvernement sur cette taxe : « Ce qui est assez étrange, c’est que le gouvernement nous a dit hier, pendant le débat sur la taxe sur les carburants, qu’il était hors de question de remettre en place quelque chose qui pourrait ressembler à la TICPE flottante. Il va falloir que le Président se synchronise avec ses ministres mais ces propositions semblent incompatibles. »

Stabilisation des tarifs de la taxe carbone en 2019

Hier, le Sénat a supprimé la hausse de la taxe carbone prévue pour 2019. Une mesure que la Haute assemblée avait déjà adoptée l’année dernière, craignant notamment que la hausse de la fiscalité des carburants soit « déraisonnable » et fasse naître une nouvelle vague de « bonnets rouges. »

Malgré l’avis défavorable du gouvernement, représenté ce lundi par Olivier Dussopt, le Sénat a adopté l’amendement de la commission des finances qui appliquent les tarifs de la TICPE de 2018 à 2019. « Ce qui revient à stabiliser les tarifs à compter du 1er janvier 2019 ».

A noter qu’à la sortie du groupe, une sénatrice confie « ne pas avoir écouté Laurent Wauquiez. » Elle ajoute : « Ce n’est pas ma tasse de thé. »

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Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. On l’a votée avec beaucoup de difficultés, on garde les acquis », défend un cadre de la majorité sénatoriale. Quelques ajustements du texte ne sont donc pas à exclure, ne serait-ce que pour « répondre », estime-t-il, à l’initiative parlementaire du RN et aux syndicats, qui prévoient une manifestation le 1er octobre. La ligne rouge des 64 ans n’interdit pas, par ailleurs, de rediscuter d’autres points de la réforme. Au Sénat, l’introduction de nouvelles mesures sur l’emploi des seniors semble par exemple faire consensus au sein de la majorité. À l’occasion de l’examen du texte, la chambre haute s’était déjà exprimée en faveur de l’instauration d’un « index seniors », censé pousser les entreprises à davantage de transparence sur l’emploi des salariés en fin de carrière, et sur la création d’un « CDI seniors », nouveau contrat de travail exonéré de certaines cotisations. Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. 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