Patrick Kanner s’étonne de voir ce principe de taxe flottante proposé par le Président, alors même que les sénateurs PS ont proposé le même dispositif hier et qu’il a été rejeté. En effet, le groupe socialiste au Sénat a déposé un amendement prévoyant « l’instauration d’un mécanisme permettant de préserver le pouvoir d’achat des ménages par le moyen d’une TICPE flottante. » Le sénateur s’étonne que la proposition socialiste ait été « retoquée par Olivier Dussopt, alors ministre au banc » pour être proposée 24 heures plus tard.
Pour Patrick Kanner, « on ne comprend plus grand-chose à la stratégie du Président de la République et de son gouvernement. » Il dénonce une trilogie « improvisation, incompréhension et obstination » sur le sujet de la transition écologique. Malgré l’annulation par le Sénat, hier, de la hausse des taxes sur les carburants en janvier 2019 (voir notre article), le sénateur a l’impression « qu’il y a toujours le refus de remettre en cause la hausse du 1er janvier. »
Afin de défendre le principe d’une TICPE flottante, Patrick Kanner précise qu’ « il faut savoir adapter les taxes selon la charge supportable par les Français » et déplore, à nouveau, le refus d’Olivier Dussopt d’accéder à sa demande hier. La polyphonie au sein du gouvernement le conduit à déplorer « un discours divergeant, pour ne pas dire dissonant. » Il constate que « le Président est obligé de monter en première ligne systématiquement. [..] Or, quand un Président est obligé de monter en première ligne, c’est que quelque chose ne va plus au sein du gouvernement. »
« Attention, on sent que le mouvement est en train de nous échapper »
Face au refus du gouvernement de dialoguer, il considère qu’il fallait « accepter la main tendue de Laurent Berger de la CFDT pour un pacte social autour de la transition écologique. » Il rappelle que le groupe socialiste au Sénat a proposé une conférence nationale de financement de la transition écologique, projet qui a été rejeté. Le sénateur déplore « une précipitation significative, une forme de débordement par le mouvement. » Pour lui, le mépris dont fait preuve le Président face aux corps intermédiaires constitue « une menace ».
À propos de l’affaire du tweet de Gérald Darmanin, qui a été à nouveau abordée dans l’hémicycle cet après-midi, il regrette le tweet, mais surtout « l’absence du ministre de l’hémicycle sans écouter les arguments des groupes parlementaires. » Pour lui, Gérald Darmanin devra « s’expliquer devant ses anciens partenaires Les Républicains. » Il constate « une forme de mépris, pour ne pas dire d’ignorance pour ce que représente le Parlement par rapport à l’exécutif. » Il craint ainsi « un problème d’équilibre entre l’exécutif et le délibératif, le législatif. »