Le président Emmanuel Macron a tenté vendredi de désamorcer la polémique née de l'annonce de la mise à contribution de militaires lors des manifestations de "gilets jaunes" samedi, en assurant que l'armée n'était "en aucun cas en charge du maintien de l'ordre".
"Un faux débat" provoqué par "ceux qui jouent à se faire peur et à faire peur", a tranché le chef de l’État depuis Bruxelles, lors d'une conférence de presse.
Pour répondre aux accusations de laxisme sécuritaire et éviter une réédition du scénario violent de samedi dernier - avec notamment le saccage de nombreux commerces sur les Champs-Élysées - les autorités ont annoncé une série de mesures avant la 19ème journée de mobilisation de samedi.
Les manifestations seront notamment interdites dans plusieurs lieux emblématiques, des Champs-Élysées parisiens - où la célèbre brasserie Le Fouquet's, pillée et incendiée, restera fermée "plusieurs mois" selon ses gérants - à la place du Capitole de Toulouse, et les fouilles seront beaucoup plus systématiques.
Plus polémique, le recours annoncé aux soldats de l'opération Sentinelle pour soulager la charge des forces de l'ordre. Faite mercredi, l'annonce a suscité un tollé politique, l'opposition dénonçant un mélange des genres et un risque d'escalade.
Les forces de l'ordre stationnées sur les Champs-Elysées à Paris lors d'une manifestation de "gilets jaunes", le 12 janvier 2019
AFP
La polémique a encore gonflé après des déclaration du gouverneur militaire de Paris, le général Bruno Leray, évoquant une éventuelle "ouverture du feu".
"Les soldats donnent des sommations. Ils sont à même d'apprécier la nature de la menace et d'y répondre de manière proportionnée", avait-il souligné. "Les consignes sont extrêmement précises. Ils ont différents moyens d'action pour faire face à toute menace. Ça peut aller jusqu'à l'ouverture du feu".
- "Pas de face-à-face"-
Le gouvernement a tenté depuis d'expliquer que les soldats ne seraient pas appelés à faire du maintien de l'ordre et ne seraient en aucun cas au contact des manifestants.
Pour M. Macron, "c'est exactement la même chose que ce qui avait été décidé au mois de décembre et à plusieurs reprises par le passé, c'est-à-dire faire appel aux militaires de l'opération Sentinelle pour ce qui est leur mission, la lutte contre le terrorisme et protéger des sites sensibles, pour pouvoir décharger les policiers et les gendarmes de ces missions".
"Il n'a jamais été question de confier à Sentinelle (...) des missions de maintien de l'ordre", a renchéri vendredi soir sur RTL la ministre des Armées Florence Parly.
Visualisation expliquant le rôle et fonctionnement de l'opération Sentinelle appelée à renforcer les forces de l'ordre dans le cadre des manifestations de "gilets jaunes"
AFP
"Il n'est donc pas envisageable que des militaires des armées françaises puissent ouvrir le feu sur des manifestants", a-t-elle ajouté. "Les soldats de Sentinelle ne seront donc pas aux endroits où il y aura des manifestations, il n'y aura donc pas de face-à-face".
Les soldats de Sentinelle vont simplement "soulager leurs collègues policiers et gendarmes afin que ceux-ci se consacrent pleinement aux opérations de maintien de l'ordre, et ce sera le cas demain" samedi, a-t-elle assuré.
- L'opposition reste sceptique -
Le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a demandé "solennellement" vendredi au Premier ministre Édouard Philippe de venir s'expliquer devant l'Assemblée nationale sur la mobilisation de l'armée, fustigeant "une déclaration aussi aventureuse que périlleuse".
"En 2017 Emmanuel Macron promettait d'apaiser la France, en 2019 il mobilise la force Sentinelle, sans en avertir le chef d'état-major des armées, et laisse entendre que les militaires pourraient tirer sur les manifestants. Le macronisme fracture et abîme la France", a quant à lui twitté le député LR Éric Ciotti.
Selon la radio RTL, le chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, n'avait pas été prévenu au préalable de l'engagement des hommes de l'opération Sentinelle samedi et lors d'un conseil restreint de Défense qui a eu lieu mercredi, la mise à contribution des soldats n'avait pas non plus été évoquée.
De leur côté, deux avocats, William Bourdon et Vincent Brengarth, ont écrit au Défenseur des droits, Jacques Toubon, pour lui demander d'obtenir des "garanties" du gouvernement "pour éviter tout risque".
Lancé au lendemain des attentats de janvier 2015, l'opération Sentinelle mobilise 7.000 soldats en France. Les soldats protègent des sites religieux (synagogues, mosquées...), des lieux particulièrement exposés au risque terroriste ou très fréquentés (lieux touristiques, gares...). Ils sont présents de manière quasi-permanente à certains endroits, comme les aéroports ou les musées.
Entre 1980 et 2019, 12 500 points de captages d’eau potable dans les rivières ou les nappes souterraines ont été fermés en France. Laurent Baude, maire de Semoy dans le Loiret, est bien placé pour le savoir. L’unique point de captage de sa commune de 3200 habitants est fermé depuis un an et demi à cause d’une pollution au PFAS.
Depuis 2006, le 10 mai est la date de la journée nationale officielle de commémoration des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. Une cérémonie à laquelle participe le président de la République ou le Premier ministre. Dans les territoires d’Outre-mer, les commémorations ont lieu à d’autres dates. Explications.
Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.
A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.