Les "gilets jaunes" réinvestissent la rue samedi pour leur acte 15, espérant endiguer le déclin de leur mobilisation depuis un mois, avec de nouveaux rassemblements à Paris et en province.
Depuis quatre week-ends consécutifs, l'affluence décroît selon le ministère de l'Intérieur, dont les chiffres sont régulièrement contestés par les manifestants.
Le dernier samedi avait mobilisé 41.000 personnes en France, contre 282.000 lors de la première journée d'action du 17 novembre, date du lancement de ce mouvement de contestation sociale inédit.
A Paris, cinq manifestations ont été déclarées, dont trois sous forme de rassemblements, a indiqué par communiqué la préfecture de police.
Les deux défilés, baptisés sur Facebook "Tsunami jaune" et "Tous aux Champs Elysées, on ne lâche rien", partiront à 12H00 et 13H00 de l'Arc de Triomphe et se disperseront à partir de 17H00 place du Trocadéro.
Cette "marche dans les beaux quartiers" doit notamment descendre les Champs Elysées, traverser le quartier de l'Opéra, contourner le musée du Louvre et faire une pause devant le siège du Medef avant de rallier l'esplanade du Trocadéro.
Près de 4.000 personnes ont annoncé vendredi soir leur intention de participer à ces rassemblements, et plus de 18.000 se sont déclarées "intéressées", des chiffres qui ne présument pas de l’affluence dans la rue: samedi dernier, 5.000 "gilets jaunes" ont défilé dans la capitale, selon les autorités.
Les principales figures du mouvement ont annoncé leur présence dans différents lieux de rassemblement.
Eric Drouet, figure des "gilets jaunes", à Paris, le 2 février 2019
AFP/Archives
Eric Drouet a annoncé mercredi sur YouTube qu'il défilerait samedi à Paris, affirmant recevoir "beaucoup d'invitations" pour "aller dans d'autres villes sur certains actes, comme à Toulouse".
Maxime Nicolle, (bras levé), le 9 février 2019, à Menton
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Sur Facebook, Maxime Nicolle a indiqué qu'il participerait au rassemblement à Rennes tandis que Priscillia Ludosky se joindra au pique-nique organisé devant le Château de Chambord, un pied de nez à Emmanuel Macron qui y avait fêté ses 40 ans fin décembre 2017.
Priscillia Ludosky , le 20 janvier 2019, à Paris
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D'autres rassemblements en province sont prévus, notamment à Bordeaux, qui est avec Toulouse l'une des places fortes de la mobilisation, théâtre régulier de heurts violents avec les forces de l'ordre.
Les syndicats de police bordelais ont d'ailleurs alerté vendredi leur hiérarchie nationale sur la situation "critique" et la "lassitude morale et physique" des policiers, réclamant des moyens de lutte plus efficaces contre "la guerilla urbaine".
"Si certains pensent que les policiers seront épuisés et qu'on les aura à l'usure, ils se trompent", a cependant assuré le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, lors d'un déplacement à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). "Les policiers seront présents et feront leur métier", a-t-il ajouté.
Nombre d'entre eux, ainsi que des gendarmes, seront d'ailleurs mobilisés à Clermont-Ferrand, où 3.000 personnes sont attendues, depuis toute la région Auvergne-Rhône-Alpes.
La ville entière s'est barricadée: commerces, parcs et bâtiments publics seront fermés dans l'après-midi, tandis que les concerts et les spectacles ont été annulés. Tout ce qui peut servir de projectiles a été retiré (horodateurs, poubelles, bancs publics, etc.) pour un coût total estimé à 300.000 euros.
Depuis la nomination de Michel Barnier à Matignon, la ligne du Parti socialiste opposée à Olivier Faure multiplie les prises de parole tenant sa direction pour responsable dans l’échec de la nomination de Bernard Cazeneuve. Une accusation dont elle se défend, alors que le parti à la rose souhaite peser davantage à gauche.
Le nouveau locataire de Matignon consulte en vue de la nomination de son gouvernement. Côté LR, le nom du patron des sénateurs de droite, Bruno Retailleau, revient avec insistance. « Une hypothèse plus que possible », avance un sénateur LR, selon qui « on lui a demandé ». Mais rien n’est encore fait. Si des macronistes seront de la partie, les choses semblent bouchées à gauche.
Cela pourrait être le premier obstacle du gouvernement Barnier, avant même l’adoption du budget 2025 d’ici la fin de l’année. Les députés du Rassemblement national ont confirmé qu’ils entendaient déposer, dans le cadre de leur niche parlementaire prévue le 31 octobre, un texte d’abrogation de la réforme des retraites. Du côté du Nouveau Front populaire, qui proposait le retour de la retraite à 60 ans dans son programme, l’idée de devancer le RN en mettant une proposition similaire à l’ordre du jour dès l’ouverture de la session ordinaire à l’Assemblée fait aussi son chemin. Rien n’assure toutefois que les deux familles politiques joindraient leurs voix pour faire adopter un tel texte. « Nous ne serons pas condamnés à voter la proposition de loi de ces hypocrites, qui sont responsables du fait qu’aujourd’hui nous avons un partisan de la retraite à 65 ans à Matignon », fustigeait le sénateur communiste Ian Brossat, invité de la matinale de Public Sénat ce 9 septembre. Quelques minutes plus tard, sur le même plateau, le député Rassemblement national Sébastien Chenu rétorquait, accusant la gauche de « sectarisme ». Mathématiquement, la réforme des retraites, adoptée dans la douleur au mois de mars 2023, trouve tout de même une majorité contre elle à l’Assemblée. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre Michel Barnier a donc tenté d’arrondir les angles en annonçant le 6 septembre, sur le plateau de TF1, son souhait d’ « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles », sans pour autant « tout remettre en cause ». « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme » Quelles « améliorations » le gouvernement Barnier pourrait-il apporter au texte ? Au sein de la droite et du bloc central, le retour à la retraite à 62 ans semble en tout cas exclu. « Il faut rouvrir les discussions, mais pas pour remettre en cause la réforme. On l’a votée avec beaucoup de difficultés, on garde les acquis », défend un cadre de la majorité sénatoriale. Quelques ajustements du texte ne sont donc pas à exclure, ne serait-ce que pour « répondre », estime-t-il, à l’initiative parlementaire du RN et aux syndicats, qui prévoient une manifestation le 1er octobre. La ligne rouge des 64 ans n’interdit pas, par ailleurs, de rediscuter d’autres points de la réforme. Au Sénat, l’introduction de nouvelles mesures sur l’emploi des seniors semble par exemple faire consensus au sein de la majorité. À l’occasion de l’examen du texte, la chambre haute s’était déjà exprimée en faveur de l’instauration d’un « index seniors », censé pousser les entreprises à davantage de transparence sur l’emploi des salariés en fin de carrière, et sur la création d’un « CDI seniors », nouveau contrat de travail exonéré de certaines cotisations. Les deux amendements avaient finalement été censurés par le Conseil constitutionnel. « Il faut reprendre cet aspect là des choses, pour associer à cette réforme des retraites un véritable changement de politique vis-à-vis de l’emploi des seniors. Il faut sans doute aussi travailler, en lien avec les partenaires sociaux, sur la question de la pénibilité notamment dans les métiers du bâtiment ou de l’aide à la personne », propose la sénatrice centriste Élisabeth Doineau. En revanche, pour la rapporteure générale du budget de la Sécurité sociale, une remise en cause complète de la réforme serait « suicidaire » : « Il faut être lucide face aux réalités budgétaires du pays, pour ne pas entraîner la France vers de nouvelles dépenses qui seraient un naufrage. » « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans » Les déclarations de Michel Barnier, qui a indiqué que les « améliorations » qu’il entendait proposer respecteraient « le cadre budgétaire », ont donc de quoi rassurer les défenseurs de la réforme. À gauche, l’accueil de l’annonce du nouveau Premier ministre est évidemment beaucoup plus froid. « Je ne vois pas sur quoi le débat peut reprendre si on élude la question des 64 ans, puisque l’essence même de cette réforme c’est le report de l’âge de départ à la retraite », dénonce la sénatrice Monique Lubin, qui défendait déjà en février dernier une proposition d’abrogation de la réforme. L’élue socialiste doute par ailleurs de la sincérité de l’initiative du nouveau Premier ministre, qui défendait du temps de la primaire des Républicains en 2021 un report de l’âge légal à 65 ans. « Sa déclaration me laisse songeuse. Je pense qu’elle a surtout pour but de donner des gages, de contrebalancer la tendance à droite de ce futur gouvernement, au moment où il cherche des ministres de centre-gauche pour le composer », estime Monique Lubin. Du côté des syndicats, le scepticisme est aussi de mise. Au micro de France Inter le 8 septembre, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon a réclamé « a minima » une suspension de la réforme, le temps de la réouverture des discussions, pour bloquer l’augmentation progressive de l’âge de départ à la retraite. De son côté, la CGT a fait de l’abrogation de la réforme l’un des mots d’ordre de la journée de mobilisation syndicale du 1er octobre.
Alors que se tiennent mardi et mercredi les journées parlementaires des groupes Ensemble pour la République et Horizons, une incertitude planait sur la venue du Nouveau Premier ministre. Le parti d’Edouard Philippe a envoyé une invitation à Michel Barnier. Du côté du groupe Ensemble pour la République dirigé par Gabriel Attal, on semblait vouloir garder ses distances.