Girardin à Mayotte dans un climat orageux pour tenter de trouver une issue à la crise
La ministre des Outre-mer Annick Girardin a annoncé à Mamoudzou une série de mesures, notamment sécuritaires pour tenter de déminer le mouvement...
Par Cécile AZZARO, Ornella Lamberti
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La ministre des Outre-mer Annick Girardin a annoncé à Mamoudzou une série de mesures, notamment sécuritaires pour tenter de déminer le mouvement de contestation contre l’insécurité et l'immigration irrégulière qui agite Mayotte depuis trois semaines.
"Le 101e département français reste Mayotte, Mayotte reste un département français", a-t-elle martelé lundi lors d'une conférence de presse pour signifier l'attachement à ce territoire encore complètement paralysé par les barrages routiers lundi, appelant à redéfinir les compétences du département autant que l'accompagnement de l'Etat.
Elle a confirmé le maintien sur le territoire, jusqu'à la fin de l'année scolaire, de 60 gendarmes arrivés la semaine dernière, la pérennisation d'un demi-escadron de gendarmes mobiles sur place depuis 2016, et la création d'une brigade de gendarmerie nationale à Koungou.
L'arrivée de nouveaux renforts est accélérée, avec la venue de 10 policiers supplémentaires en mars et 16 gendarmes d'ici le 1er août, qui viendront étoffer une nouvelle brigade de prévention de la délinquance juvénile.
Dans un communiqué, le collectif et l'intersyndicale à la tête du mouvement ont dit "refuser de s'associer à cette mascarade", regrettant qu'il n'y ait "aucune intention de mener de véritables négociations sur nos revendications", et déplorant "une "tentative de divisions des élus".
Pour Maoulida Momed, un des porte-parole, la ministre n'a annoncé que "des sous-mesures prises dans l'urgence qui ne résoudront rien sur le long terme".
Vendredi l'intersyndicale avait invité la population "à descendre massivement dans les rues" mardi à Mamoudzou.
Des gendarmes font face à des manifestants à l'occasion de la venue à Mayotte d'Annick Girardin, ministre des Outre-Mer. Lundi 12 mars 2018.
AFP
Dès son arrivée en matinée, Mme Girardin s'était heurtée aux manifestants à un barrage routier proche de l'aéroport, et avait choisi de s'asseoir par terre pour dialoguer, avant de se rendre place de la République, au chef-lieu Mamoudzou.
A son arrivée à Grande Terre l'attendait un petit groupe de femmes portant une banderole "Gouvernement Assassin". "On n'est pas fatiguées, on est déterminées", ont scandé des femmes vêtues du traditionnel grand châle, la salouva, tandis que quelques banderoles proclamaient "Au secours Macron" et "Liberté Egalité Sécurité".
- Surveillance renforcée en haute mer -
A la presse, Mme Girardin a annoncé la création d'un état-major de la lutte contre l'immigration clandestine, à terre et sur mer, ainsi que "l'envoi immédiat par la marine nationale d'un navire patrouilleur militaire qui est sur place depuis 24 heures".
"24 heures sur 24, il y aura de la présence pour lutter contre l'immigration clandestine et arrêter les kwassa kwassa qui peuvent aujourd'hui aborder nos côtes", a-t-elle promis.
Comparaison du nombre d'étrangers placés en rétention administrative et expulsés en 2016 dans le département de Mayotte et en France métropolitaine
AFP
En outre un officier de liaison doit être affecté au ministère de l'Intérieur comorien, "parce que cette lutte contre l'immigration clandestine se fait bien sûr à partir des Comores". Cet archipel, à 70 km des côtes mahoraises, est le point d'origine de l'immigration massive que connaît Mayotte.
Alors que le bon déroulement de la rentrée scolaire apparaissait comme un enjeu majeur de la journée de lundi, Mme Girardin a relevé que 2.000 professeurs et 2.500 élèves étaient présents, dans 110 écoles ouvertes sur 180.
"Personne ne peut se satisfaire qu'il y ait des enfants qui n'aient pas pu se rendre à l'école aujourd'hui", a-t-elle dit. L'an dernier 52.000 élèves étaient scolarisés au primaire à Mayotte.
D'après Rivomalala Rakotondravelo, secrétaire départemental du syndicat du primaire Snuipp à Mayotte, actuellement en métropole, "ll y a eu la consigne relayée que les collègues soient en grève et que les parents gardent leurs enfants".
Toute l'île était paralysée lundi, avec douze barrages recensés par la préfecture, plus qu'il n'y en avait jamais eu depuis le début du mouvement, entravant l'accès aux établissements.
En ce qui concerne la lutte contre l'abus du droit du sol, Mme Girardin a indiqué que la création d'un statut d'exterritorialité pour l'hôpital, qui est aussi la plus grande maternité de France, ferait l'objet d'un groupe de travail.
Avant l'arrivée de Mme Girardin, l'intersyndicale et le Collectif des citoyens à l'origine du mouvement de protestation avaient dénoncé sa "méconnaissance du territoire", et exigé la venue de "quelqu'un qui puisse engager le gouvernement", comme le chef de l'Etat, le Premier ministre ou le ministre de l'Intérieur.
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