La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, est arrivée lundi matin à Mayotte pour tenter de trouver une issue au mouvement de contestation contre l’insécurité et l'immigration qui secoue depuis trois semaines ce département français de l'océan Indien.
Elle entend concrétiser ainsi sur le terrain une "proposition de dialogue du gouvernement", ont indiqué ses services.
L'intersyndicale et le Collectif des citoyens à l'origine du mouvement de protestation avaient fait savoir que la venue de la ministre, à laquelle ils reprochent "sa méconnaissance du territoire", n'était "clairement pas souhaitée". Ils exigeaient au contraire la venue de "quelqu'un qui puisse engager le gouvernement", comme le chef de l'Etat, le Premier ministre ou le ministre de l'Intérieur.
Depuis le 20 février, Mayotte est secouée par une "grève générale" contre l'insécurité, notamment aux abords et à l'intérieur des établissements scolaires, et plus largement contre la forte immigration clandestine provenant des Comores, à 70 km de ses côtes.
Le bon déroulement de la rentrée sera l'enjeu principal de la journée de lundi. Mme Girardin avait d'abord annoncé qu'elle se rendrait à Mayotte "juste après la rentrée des classes".
Le mouvement a pris jusqu'ici de multiples formes : manifestations dans les rues du chef-lieu, opération escargot, opération "île morte", barrages sur les principaux axes routiers... Après trois semaines de conflit, la situation s'est encore tendue dimanche, avec le blocage du port principal de l'île. Des barrages tenus par près de 200 personnes devaient être levés dans la soirée et remis en place dès lundi matin et d'autres blocages routiers étaient érigés dans le centre de l'île.
Vendredi, l'intersyndicale a appelé la population "à descendre massivement dans les rues" du chef-lieu Mamoudzou le mardi 13 mars. Elle a également demandé "aux maires de fermer les établissements scolaires" et invité les parents à garder leurs enfants à la maison jusqu'à nouvel ordre.
Des manifestants protestant contre l'insécurité sur un barrage érigé près de Koungou à Mayotte, le 9 mars 2018
AFP
Face à la détermination des manifestants, le gouvernement a jusqu'ici alterné les appels au dialogue et la fermeté.
Des renforts de sécurité sont arrivés à Mayotte en fin de semaine pour sécuriser établissements et transports scolaires", portant selon le gouvernement "à 987 le nombre de forces de l'ordre déployées sur le territoire".
- 'Repartir de zéro' -
Mais le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a assuré dimanche que la rentrée scolaire aurait bien lieu comme prévu lundi. L'Etat, a-t-il dit, "assumera pleinement ses responsabilités, la rentrée des classes se fera demain matin à Mayotte".
S'adressant à ceux, en particulier les élus locaux, qui ne souhaitent pas que la rentrée ait lieu, il a déclaré : "La République n'abandonne pas Mayotte, n'abandonnez pas la République".
Autre point de fixation, sur lequel la ministre des Outre-mer devra tenter d'apaiser l'inquiétude de ses interlocuteurs : la question de l'immigration et de la maternité de Mayotte en particulier.
Le gouvernement a indiqué qu'il réfléchissait à "un statut extra-territorial" pour cette maternité afin que les naissances très nombreuses n'y "permettent pas obligatoirement d'obtenir la nationalité française".
Dix mille naissances ont lieu chaque année dans cette maternité, a rappelé le porte-parole du gouvernement. "10.000 naissances par an, dont 70% issues de parents étrangers, pour être clair venant des Comores pour l'immense majorité d'entre eux, c'est une vraie difficulté", a-t-il fait valoir.
En visite sur l'île début mars, le président des Républicains Laurent Wauquiez avait demandé une réforme du droit du sol à Mayotte, pour lutter contre l'immigration clandestine. Une solution rejetée par le gouvernement.
Selon ses services, Mme Girardin entend proposer "à l'ensemble de ses interlocuteurs une méthode, un calendrier et les principaux axes d'un travail de fond indispensable pour l'avenir de Mayotte".
A plus long terme, Benjamin Griveaux a estimé qu'il fallait "mettre autour de la table les élus locaux, les sociaux-professionnels, le monde économique, l'administration" et "repartir de zéro" pour tenter de répondre aux difficultés de l'île.
Dans un communiqué publié dimanche, les deux sénateurs de Mayotte ainsi que 5 des 17 maires de l'île et le 4e vice-président du Conseil départemental se sont dits "favorables à la reprise du dialogue" tout en restant "vigilants à ce que les engagements du gouvernement soient rapidement tenus".
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