Grand débat : « Nous avons contribué à éviter un débat trop orienté » pour Nadia Bellaoui
Alors que la restitution du grand débat a été faite par Édouard Philippe, Nadia Bellaoui, garante, a livré ses impressions et ses attentes de cette grande consultation à l’émission « Ma voix compte ». Rencontre. 

Grand débat : « Nous avons contribué à éviter un débat trop orienté » pour Nadia Bellaoui

Alors que la restitution du grand débat a été faite par Édouard Philippe, Nadia Bellaoui, garante, a livré ses impressions et ses attentes de cette grande consultation à l’émission « Ma voix compte ». Rencontre. 
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Par Yanis Darras

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Vous avez toute de suite accepté d’être garante de ce grand débat, Nadia Bellaoui ?

Je n’ai pas beaucoup hésité à devenir garante du Grand débat. Lorsqu’il a été annoncé, la période était assez tendue et on ne voyait pas bien comment sortir de la crise, sans prendre en compte la parole de chacun. Aujourd’hui, je crois qu’on peut dire que nous avons contribué à éviter un débat trop orienté ou trop centré sur l’action gouvernementale et qu’il devienne un débat de société, ne se réduisant pas à un face-à-face entre les citoyens et le gouvernement.

Vous avez participé à de très nombreuses réunions locales. Dans quel état avez-vous trouvé le pays ?

On sent différemment le poids des difficultés sociales selon que le territoire est enclavé, en difficulté, ou qu’au contraire, on est préoccupé par le sort global du pays, sans être soi-même en difficulté. Ce qui est constant, c’est une vraie disponibilité pour l’échange. D’autant qu’aujourd’hui, il y a peu de lieux où l’on peut débattre de la chose publique donc, cette volonté de se parler, d’échanger, c’était une constante durant le grand débat.

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le tirage au sort nous a paru être le mode le plus ouvert. Celui qui permettait de toucher au-delà des personnes qui s’inscrivent sur les listes électorales.

Il y a eu près de 10 000 réunions d’initiatives locales. Puis, 19 conférences régionales et 4 conférences nationales se sont tenues. C’était nécessaire de lancer un deuxième échelon du débat ?

C’était nécessaire oui, précisément parce que tout le monde n’a pas participé aux réunions d’initiatives locales. Là, on est allé chercher des citoyens, tirés au sort et on les a organisés de façon à ce qu’ils soient divers, qu’ils deviennent un peu porte-parole de leur situation sociale, de leur âge, de leur genre. Pour y arriver, le tirage au sort nous a paru être le mode le plus ouvert. Celui qui permettait de toucher au-delà des personnes qui s’inscrivent sur les listes électorales. Celui qui permettait aussi d’accueillir des étrangers en situation régulière, considérant ainsi que la citoyenneté pouvait être plus ouverte lorsqu’il ne s’agissait pas de voter mais de participer à un débat.

"Il faut peut-être aussi, penser à ralentir quelques fois. La démocratie, c’est aussi ça : prendre le temps d’écouter, de changer d’avis et ne pas forcément considérer qu’une réforme conduite au pas de charge est une bonne réforme."

Ce grand débat, c’est la preuve qu’on peut se passer des corps intermédiaires ?

Ce grand débat ne montre pas ça, au contraire ! Ce sont les maires qui ont été à l’initiative de la moitié des débats. L’autre moitié a été le fait de citoyens, d’associations ou de collectifs plus informels. S’il n’y avait pas eu ce tissu local, de corps intermédiaires, le grand débat n’aurait pas pu vraiment avoir lieu. Je crois que les participants sont très conscients de la technicité de certains sujets et, qu’il appartient ensuite aux gouvernants, à la démocratie représentative ; de reprendre la main. Les gouvernants doivent comprendre ça et s’appuyer davantage sur cette capacité collective du pays. Ils doivent donc solliciter régulièrement la population au moment le plus pertinent. Il faut peut-être aussi, penser à ralentir quelques fois. La démocratie, c’est aussi ça : prendre le temps d’écouter, de changer d’avis et ne pas forcément considérer qu’une réforme conduite au pas de charge est une bonne réforme. Parce que, d’une certaine manière, le rythme aurait finalement empêché d’en discuter en profondeur.

Qu’est ce qui serait pour vous, un échec ?

Ma déception serait que ce grand débat ne soit finalement qu’une parenthèse et que la vie politique retrouve son cours habituel sans être réellement transformée par ce moment particulier. Au contraire, ce qui serait un succès, c’est que les maires, pour préparer leur campagne pour les municipales, que les syndicats pour construire leurs plateformes revendicatives ; développent des méthodes comme celle-là avec des assemblées de citoyens ou des parties prenantes tirées au sort. Il faut trouver une façon d’inscrire ça durablement dans notre culture politique qui est encore trop délégataire.

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