Groupe PS du Sénat : bataille d’anciens ministres pour succéder à Didier Guillaume

Groupe PS du Sénat : bataille d’anciens ministres pour succéder à Didier Guillaume

Après la démission surprise du président du groupe PS du Sénat, les candidatures pour sa succession se précisent. L’ancien ministre des Sports, Patrick Kanner, sera candidat, tout comme probablement Laurence Rossignol, mais aussi peut-être Jean-Pierre Sueur. D’autres y réfléchissent.
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C’est une micro campagne, discrète et à l’abri des caméras. Elle a pour cadre les couloirs feutrés du Palais du Luxembourg. La démission surprise mardi dernier de Didier Guillaume, président du groupe PS du Sénat, oblige les sénateurs socialistes à trouver en peu de temps un nouveau patron (ou patronne) pour animer un groupe marqué par sa diversité. Les élus constructifs envers Emmanuel Macron côtoient les socialistes clairement dans l’opposition au chef de l’Etat. L’élection aura lieu mardi prochain, lors de la réunion de groupe. Avec 78 membres, contre seulement 30 pour le groupe Nouvelle gauche de l’Assemblée, le groupe PS du Sénat a limité la casse aux dernières sénatoriales.

Kanner : « Je me prépare à être candidat »

Comme pour l’élection à la tête du PS, les prétendants commencent à se multiplier. Premier à se lancer clairement : le sénateur du Nord, Patrick Kanner. « Je me prépare à être candidat. J’ai envie d’y aller pour une candidature dans la recherche du rassemblement » annonce l’ancien ministre des Sports à publicsenat.fr. A l’origine hollandais, il peut faire valoir une certaine expérience des arcanes socialistes. Il vient en revanche d’être élu sénateur, en septembre dernier. Habituellement, les présidents de groupe au Sénat ne sont pas issus des nouveaux arrivants. Certains lui reprochent aussi de s’être déjà lancé dans la bataille du congrès du PS, en soutenant le hollandais Stéphane Le Foll. S’il est élu, « naturellement, je prendrai mes distances par rapport aux débats du congrès », répond l’intéressé.

Autre nom qui revient avec insistance : Laurence Rossignol. Si elle consulte encore, comme les autres prétendants, la sénatrice de l’Oise sera selon toute vraisemblance candidate. L’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes avait déjà tenté sa chance en septembre dernier face à Didier Guillaume. Elle avait rassemblé 22 voix contre 36 pour Didier Guillaume (et 12 voix pour Martial Bourquin). Cette ancienne de SOS racisme était derrière Martine Aubry, avant de faire son entrée au gouvernement Valls et de soutenir ce dernier lors de la primaire. De quoi faire le lien entre les différentes tendances. Mais certains lui reprochent d’être parfois clivante ou trop tranchante. Ce qui énerve une sénatrice qui verrait bien une femme à la tête du groupe : « Quand une femme a du caractère, c’est tout de suite une hystérique. On ne dit pas ça d’un homme… » Elle devrait être la seule femme candidate pour le poste. Le groupe compte 28 femmes pour 50 hommes.

D’autres sénateurs pourraient être sur les rangs. Le sénateur du Loiret, Jean-Pierre Sueur, y réfléchit de plus en plus. Cet ancien président de la commission des lois est réputé pour son travail. Il a été secrétaire d’Etat aux Collectivités territoriales de 1991 à 1993, sous les gouvernements Cresson puis Bérégovoy. Il est sur une ligne plutôt constructive à l’égard d’Emmanuel Macron.

Changements dans les équilibres internes

L’ancien secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, Jean-Marc Todeschini, réfléchit aussi à une candidature. Sénateur de Moselle et hollandais de longue date, il n’irait que si sa candidature pouvait permettre le rassemblement. Autre nom : celui de Marc Daunis. Le sénateur des Alpes-Maritimes réfléchit également à la question. Enfin, le nom d’André Vallini, ancien secrétaire d’Etat chargé de la Réforme territoriale, est aussi évoqué.

Jusqu’en septembre, le groupe était largement sur une ligne sociale-démocrate. La majorité des sénateurs soutenait François Hollande. Les sénateurs socialistes ne comptaient que peu de frondeurs défendant une ligne plus à gauche. Mais l’équilibre interne a changé. La constitution du groupe En Marche a entraîné le départ des sénateurs socialistes les plus macronistes. Puis les sénatoriales ont permis l’élection de sénateurs davantage sur une ligne d’opposition à Emmanuel Macron.

Pour l’heure, chacun consulte encore les uns et les autres et les choses peuvent bouger. Comme résume un responsable socialiste, « la poussière s’est levée. Elle n’est pas encore redescendue ».

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