Ce mardi, Frédéric Valletoux, député Horizons de Seine-et-Marne, ancien ministre de la Santé, était invité de la matinale de Public Sénat. Au lendemain de l’engagement de la responsabilité du gouvernement par Michel Barnier, et à la veille du vote d’une motion de censure, il est revenu sur la méthode adoptée par le Premier ministre depuis sa nomination. Il pointe notamment un manque de dialogue entre les députés du socle commun et le gouvernement.
Guerre à droite pour un poste clé à l’Assemblée, sous domination des macronistes
Par Anne Pascale REBOUL
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Premier test de la domination de La République en marche dans une Assemblée nationale recomposée, la répartition des postes clés a donné lieu mercredi à une première bataille inédite entre "groupes d'opposition" et une guerre ouverte à droite.
Aux côtés de deux députés REM, Thierry Solère, du groupe "constructifs" LR-UDI, a été largement élu questeur, avec des voix REM, aux dépens d'Eric Ciotti, LR historique, par un scrutin à bulletins secrets.
Ulcéré, le patron du groupe LR Christian Jacob a dénoncé une première depuis "plus de 50 ans", "des droits de l'opposition jamais autant piétinés", et des "mensonges" d'ex-collègues.
Après une énième suspension de séance, il a annoncé que son groupe refuserait de siéger au bureau de l'Assemblée "tant que les droits de l'opposition ne seront pas rétablis".
C'était la première séance de François de Rugy au perchoir, au lendemain de son élection à une large majorité. En jeu: la nomination des 21 autres membres du bureau, plus haute instance collégiale.
L'attribution de ces postes, fonction du poids de chaque groupe, est habituellement une formalité de début de législature.
Il n'en a rien été mercredi, alors que sept groupes -un record sous la Ve République- ont pu être constitués (du plus gros au plus petit: REM, LR, MoDem, "constructifs" LR-UDI, "Nouvelle Gauche" (ex-PS), LFI et communistes).
Jean-Luc Mélenchon, chef de file des Insoumis, a d'abord réclamé une vice-présidence pour chacun des sept groupes, y voyant "un symbole éclatant" puisque chaque vice-président est amené à diriger les séances. Sa revendication similaire en conférence des présidents le matin a "ouvert les vannes" et "il n'a pas eu besoin de trop pousser les autres" présidents à porter leurs demandes, selon une source parlementaire.
Et quatre candidatures ont donc été déposées pour les trois postes de questeurs. Ces députés ont une fonction sensible: ils sont chargés de tenir les cordons de la bourse et de veiller à la bonne utilisation du budget de l'Assemblée.
M. de Rugy a rappelé la "pratique constante depuis 1973": deux de ces postes pour la majorité, un pour l'opposition.
- "présidence impériale" -
Coprésident du nouveau groupe "constructifs", Franck Riester a défendu la candidature de M. Solère comme un moyen d'ouvrir la questure à "tous les groupes de l'opposition, les groupes minoritaires", suscitant des grondements sur certains bancs.
"J'appelle notre Assemblée à ce que les droits de l'opposition soient respectés", avait exhorté Christian Jacob, patron du "plus grand groupe d'opposition" (100 élus). Les "constructifs", qui entendent accompagner les "bonnes" réformes d'Emmanuel Macron, sont 35.
M. Solère a plaidé hors hémicycle que les "constructifs" étaient dans l'opposition, jugeant ses détracteurs "dans l'ancien monde".
"C'est pas une guerre des droites", a assuré Sébastien Huygue, LR "historique", dont le camp déjà fracturé est menacé d'un éclatement dans le sillage de l'échec de la droite à la présidentielle. Selon lui, certains "constructifs" n'ayant "pas réussi à rentrer au gouvernement" essaient un "coup de force à l'Assemblée avec la majorité".
Un autre élu LR a considéré que le choix par son groupe de M. Ciotti montrait que "l'ordre ancien résiste", affirmant qu'il y avait d'autres candidatures.
Et un ténor LR a jugé qu'"un questeur visé par une enquête pour fraude fiscale, c'est gênant". M. Solère (Hauts-de-Seine) est visé par une enquête préliminaire du parquet de Nanterre suite à une plainte de Bercy.
Au-delà, M. Ciotti, un sarkozyste, a dénoncé "scandale démocratique" et "hold-up institutionnel" par REM. "La présidence impériale désigne l'opposition officielle", pour Guillaume Larrivé (LR).
Le cas "risque de se reproduire" jeudi pour la présidence de la commission des Finances, réservée à l'opposition depuis 2009, redoutent des LR. Leur candidat Eric Woerth devra affronter au moins trois prétendants, notamment le "constructif" Charles de Courson (UDI).
La présence de sept groupes "bouscule nos habitudes" issues d'un système "bipartisan", a constaté Olivier Faure, chef de file des députés "Nouvelle Gauche" (ex-PS), réclamant une juste représentation dans les bureaux des commissions.