Guerre en Ukraine : « A la création d’une juridiction spéciale, je préfère la Cour pénale internationale » affirme Robert Badinter

Guerre en Ukraine : « A la création d’une juridiction spéciale, je préfère la Cour pénale internationale » affirme Robert Badinter

Robert Badinter était invité par le Conseil Constitutionnel à la Nuit du droit sur le thème « la guerre et le droit », en présence du président Zelensky et du procureur général ukrainien, Andriy Kostin. L’ancien garde des Sceaux n’est pas favorable à la création d’une juridiction spéciale, contrairement au souhait du président ukrainien.
Public Sénat

Par Lucille Gadler

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« L’histoire nous enseigne que les dictateurs au pouvoir ne sont pas jugés »

Pour l’ancien garde des Sceaux, Vladimir Poutine, comme l’ensemble des oligarques et généraux russes doivent être condamnés.

Mais pour Robert Badinter, personne ne viendra chercher au Kremlin un dictateur comme Poutine : « l’histoire nous enseigne que les dictateurs au pouvoir ne sont pas jugés ».

Pour lui, l’essentiel est, aujourd’hui, la réunion de l’ensemble des preuves des crimes de guerre perpétrés par la Russie : « C’est très important que les juristes ukrainiens et internationaux s’en préoccupent, dès maintenant ». Essentiel également pour l’ancien homme d’Etat, le déclenchement des poursuites envers les oligarques et généraux russes : « Il ne faut pas attendre. Il faut montrer une volonté politique et internationale très forte pour punir ces criminels ». 

Juger les crimes de guerre : « Il y a un besoin de vengeance qui doit être transcendé sous la forme de justice »

« Il y a un besoin de vengeance qui doit être transcendé sous la forme de justice » a affirmé Robert Badinter au cours de cet entretien. Néanmoins, pour celui qui a cofondé la Cour pénale internationale, nul besoin de la création d’une juridiction internationale spéciale comme le souhaite le président Volodymyr Zelensky. Au contraire, cette multiplication de juridictions aurait, selon lui, pour effet de desservir la justice internationale : « à la création d’une juridiction spéciale, je préfère que la cour pénale internationale s’en saisisse ». « Ces crimes suscitent tellement de douleur que la conscience universelle ne doit pas le supporter. Il faut veiller à ce que ces auteurs de crimes soient jugés comme cela a été le cas à Nuremberg, selon toutes les règles protectrices de la justice et du droit » insiste-t-il.

Aussi, « ce n’est pas du côté des Nations Unies qu’il faut espérer quoi que ce soit », explique-t-il, car la Russie siège au Conseil de sécurité. D’après lui, les juridictions nationales ukrainiennes ont tout leur rôle à jouer dans le jugement de ces crimes de guerre.

« La conscience universelle ne doit pas supporter ces crimes, et les auteurs doivent être jugés par la justice internationale. […] Il ne faut pas que ce soit le règlement de compte de celui qui l’a emporté à l’encontre de celui qui est vaincu. Il faut que ce soit la Justice, sur le plan international, qui l'emporte.» a conclu l’ancien garde des Sceaux.

Dans la même thématique

Enfants et ecrans
4min

Société

Rapport sur l’usage des écrans chez les enfants : « Nous avons perdu six ans », déplore la sénatrice Catherine Morin-Desailly

Commandé par l’exécutif, le rapport d’experts sur l’usage des écrans chez les enfants a été remis au président de la République ce 30 avril. En 2018, le sujet avait déjà fait l’objet d’une proposition de loi largement votée au Sénat, mais jamais discutée à l’Assemblée. Auteure du texte, la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly dénonce aujourd’hui « une perte de temps ».

Le

A national gendarmerie van entering the Paris courthouse
7min

Société

Meurtre de Matisse à Châteauroux : qu’est-ce que l’excuse de minorité, que le gouvernement souhaite réformer ?

Alors que de multiples faits divers concernant des mineurs font l’actualité ces dernières semaines, le dernier en date, le meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé à mort, samedi dernier à Châteauroux, par un mineur afghan âgé lui aussi de 15 ans et placé sous contrôle judiciaire, cinq jours avant le meurtre, Gabriel Attal a annoncé, le 18 avril dernier, souhaiter « ouvrir le débat » sur l’excuse de minorité. Mais au fait, à quoi fait référence cette qualification pénale, qui revient régulièrement dans les discussions ?

Le

Photo IVG
3min

Société

Accès à l’IVG en France, la course d’obstacles

Le 4 mars 2024, le Parlement adopte définitivement l'IVG dans la Constitution. Après les députés, les sénateurs ont voté en faveur de l’inscription de « la liberté des femmes de recourir à une interruption volontaire de grossesse » dans la loi fondamentale. Un « jour historique », selon le gouvernement, mais qu'en est-il concrètement de l'accès à l'IVG sur le territoire ? Derrière les célébrations, sous les ors du Congrès à Versailles, se cache une réalité plus sombre. Public Sénat est allé enquêter sur le terrain à la rencontre de ces femmes en quête d’une IVG.

Le