Guerre en Ukraine « On est en train de perdre politiquement, économiquement, socialement », estime Aurore Lalucq

Guerre en Ukraine « On est en train de perdre politiquement, économiquement, socialement », estime Aurore Lalucq

Conséquence directe de la guerre en Ukraine et des sanctions infligées par les 27 à la Russie, les économies européennes font face à une forte inflation, les prix de l’énergie s’envolent et le spectre de la récession plane. Deux eurodéputés cette semaine dans « Ici l’Europe » livrent leur analyse sur cette guerre qui est aussi un terrain d’affrontement économique.
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Par Marie Brémeau

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Le constat est le même pour l’ensemble des économies des 27 Etats membres de l’Union européenne. Les répercussions de la guerre en Ukraine et les salves de sanctions infligées à la Russie commencent à peser dans la durée. « On est tous confrontés à une crise qui est une crise en Ukraine mais qui est une crise globalisée parce que cette guerre a un impact direct sur nos importations énergétiques, dont nos économies dépendent très fortement », analyse Christophe Hansen. « On a des sanctions sur le pétrole. On importe plus de pétrole russe, alors que normalement on importe 26 % de nos besoins de la Russie. » ajoute-t-il.

Des sanctions pas adaptées

L’eurodéputé luxembourgeois (PPE) affirme même que l’Europe connaît de graves dommages collatéraux alors que l’inflation ne cesse d’augmenter un peu partout et qu’on frôle la récession, les sanctions ont des effets limités. « Le problème c’est sans doute que l’on n’adapte pas assez rapidement nos stratégies, nos sanctions. » En effet, si à court terme l’arrêt d’achat de pétrole russe a eu un impact pour la Russie, le Kremlin semble avoir trouvé depuis d’autres marchés.

Les exportations russes de pétrole ont augmenté

« On constate que la Chine achète davantage de pétrole russe, l’Inde en importe aussi plus. Donc en gros, ils ont mis un ou deux mois pour s’adapter, mais ils ont trouvé d’autres débouchés et en gros leurs exportations en mai 2022 comparé à mai 2021 sur ce marché-là ont augmenté de 39 % en fin de compte. Parce ce que le prix global du carburant a augmenté, ils exportent des quantités similaires mais la marge qu’ils gagnent est supérieure. » L’élu luxembourgeois milite pour une adaptation des sanctions européenne plus rapide.

« L’économie russe ne s’est pas effondrée »

L’eurodéputée française (S & D) Aurore Lalucq partage le même avis et s‘inquiète pour la suite. « L’économie russe ne s’est pas effondrée et c’était ça le plan. C’était ça. D’avoir une guerre économique, de la gagner, de faire en sorte d’effondrer l’économie russe pour qu’ils n’aient plus les moyens de faire la guerre. »

« Les égoïsmes nationaux ont pris le relais »

Or, malgré les sanctions, l’économie russe résiste et le rouble se porte bien. « Les égoïsmes nationaux comme d’habitude ont pris le relais. L’Allemagne ne voulait pas qu’on touche au gaz ou à certains types de banques liées au gaz, même chose du côté de l’Italie… Fallait faire tout de suite fort très vite, accepter qu’on allait se faire du mal, anticiper qu’on allait se faire du mal, protéger les plus faibles. Parce que là on est en train de perdre politiquement, économiquement, socialement. Donc, il faut absolument qu’on se ressaisisse à mon avis. » Les deux eurodéputés, que ce soit Aurore Lalucq ou Christophe Hansen, estiment que le plus dur reste à venir. « L’unité et la solidarité vont être mises à l’épreuve, non seulement entre les Etats membres mais aussi avec l’Ukraine. Car plus cette crise dure, et plus les impacts vont s’intensifier dans la société », prédit le conservateur luxembourgeois.

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