Guyane : « Emmanuel Macron n’a pas convaincu, la déception est grande »

Guyane : « Emmanuel Macron n’a pas convaincu, la déception est grande »

Les premières heures d’Emmanuel Macron en Guyane se sont déroulées dans un climat tendu. Contacté par publicsenat.fr, les deux sénateurs de Guyane, membres du groupe LREM, Antoine Karam et Georges Patient, sont critiques sur le début de ce déplacement.
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 « Je ne suis pas le Père Noël parce que les Guyanais ne sont pas des enfants ». Cette phrase polémique prononcée par Emmanuel Macron à son arrivée en Guyane a parasité d’emblée son déplacement officiel (voir notre article).

Père Noël « Une faute de langage »

« J’ai l’impression que le Président a été mal informé. Par cette phrase, il a choqué la population Guyanaise. C’est une faute de langage. Nous n’avons pas besoin de Père Noël mais que l’État tienne ses engagements » s’insurge Antoine Karam, sénateur de Guyane par ailleurs membre du groupe LREM avant de poursuivre. « J’étais présent à son arrivée à Maripasoula (frontière du Suriname), je pense qu’il n’aurait pas dû venir en hélicoptère mais en pirogue, c’est le seul moyen de locomotion dans ce territoire enclavé ».

Son collègue au groupe LREM, Georges Patient, également sénateur de Guyane, reconnaît néanmoins « qu’il y a eu une bonne séquence » à Maripasoula. « Il y a eu un gros accueil populaire. Le maire de la commune a bien préparé la réception. Emmanuel Macron a confirmé la construction prochaine d’un collège, d’un lycée, d’un stade de football. Mais c’est vrai que ce qu’il a dit sur le Père Noël a été mal perçu par la population du littoral ».

« Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est de ne pas les recevoir »

Jeudi après-midi, une marche à l'appel du collectif Pou Lagwiyann Dékolé (pour que la Guyane décolle) avait rassemblé dans le calme plus d'un millier de personnes à Cayenne. Les manifestants demandaient le respect de l’Accord de Guyane et a être reçu par le chef de l’État. Des échauffourées ont eu lieu dans la nuit entre certains manifestants et les forces de l’ordre, après le refus de ce rendez-vous avec les membres du collectif par l’exécutif. « Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est de ne pas les recevoir. Le Président a décidé que seuls les élus locaux sont légitimes. Avec la manifestation de l’après-midi conjugué à ce refus, on pouvait facilement imaginer que ça dégénérait dans la nuit » déplore Georges Patient. « La population était déjà excédée avec cette histoire de Père Noël. Le collectif a demandé un entretien légitimement car ils sont aussi cosignataires de l’Accord de Guyane » complète Antoine Karam.

 Les assises de l’Outre-mer: « Nous sommes nombreux à considérer que c’est un travail qui ne sert à rien »

En ce qui concerne cet accord, devant la presse, Emmanuel Macron a assuré que « la parole de l’État sera tenue » (voir notre article). Pas de quoi, selon Antoine Karam, rassurer les Guyanais. « Il n’a pas convaincu, pour l’instant la déception est très grande. « Je ne comprends pas pourquoi il insiste autant sur les assises de l’Outre-mer alors que le gouvernement connaît déjà nos besoins » explique-t-il. Même sentiment du côté de Georges Patient qui reproche au chef de l’État de ne pas avoir centré ce déplacement sur les accords de Guyane mais sur les Assises. « Nous sommes nombreux à considérer que c’est un travail qui ne sert à rien. Durant les évènements, les élus ont travaillé des mois pour collecter les demandes de la population ».

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