Hamon présente un programme recentré, espérant reprendre la main
A la traîne dans les sondages et lâché par Manuel Valls, Benoît Hamon espère reprendre la main en présentant jeudi son programme,...

Hamon présente un programme recentré, espérant reprendre la main

A la traîne dans les sondages et lâché par Manuel Valls, Benoît Hamon espère reprendre la main en présentant jeudi son programme,...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT, Stéphanie LEROUGE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

A la traîne dans les sondages et lâché par Manuel Valls, Benoît Hamon espère reprendre la main en présentant jeudi son programme, enrichi des apports de ses adversaires de la primaire et davantage centré sur le travail et l'emploi.

M. Hamon et son équipe présenteront ce programme à la Maison de l'Architecture à 11H00, deux semaines après un exercice similaire d'Emmanuel Macron, désormais loin devant M. Hamon dans les enquêtes d'opinion.

Pas de virage à 180 degrés dans cette nouvelle version, qui reprend les piliers du projet qui a fait le succès de Benoît Hamon à la primaire de la "Belle Alliance populaire": réforme démocratique (avec le 49-3 citoyen), ambition écologique, revenu universel d'existence.

Mais le candidat socialiste à la présidentielle poursuit son effort pour crédibiliser ses propositions, et prouver que le "futur désirable" qu'il appelle de ses voeux est aussi "possible", et finançable en respectant la contrainte européenne des 3% de déficit maximum, au moins à la fin du quinquennat.

Dans le souci de rassembler son camp, M. Hamon a pioché dans les programmes d'Arnaud Montebourg, de Vincent Peillon, de Manuel Valls et de Sylvia Pinel, la présidente du PRG, avec qui le PS est parvenu à un accord cette semaine.

Comme annoncé la semaine dernière, le revenu universel d'existence, conçu comme une réponse à la raréfaction du travail, apparaît désormais comme une mesure pour soutenir le pouvoir d'achat des 19 millions de Français qui le toucheront: bénéficiaires actuels du RSA, étudiants, indépendants, salariés percevant jusqu'à 1,9 SMIC.

Evaluée à 35 milliards d'euros pour sa première étape, la mesure sera financée grâce à une réorientation de 10 milliards d'euros des crédits alloués au CICE (Crédit impôt compétitivité et emploi) et au Pacte de responsabilité, et par du déficit (et non plus, comme M. Hamon l'affirmait dans la primaire, par une réforme de la fiscalité du patrimoine).

- 'Candidat de l'emploi' -

Benoît Hamon entend aussi déminer les inquiétudes liées à sa fameuse "taxe sur les robots". Loin d'empêcher l'innovation, celle-ci viendra abonder un "fonds de transition travail", dédié à financer la formation et le retour à l'emploi des chômeurs. "Cette contribution ne concernera que les entreprises dont la robotisation s'accompagne d'une réduction des effectifs", précise M. Hamon dans un courrier adressé à Mme Pinel et dont l'AFP a obtenu copie.

Autre mesure -reprise à Arnaud Montebourg-, la priorité accordée au Made in France et aux petites et moyennes entreprises, auxquelles 50% des marchés publics seront réservés. "Une mesure qui fait véritablement de la commande publique un levier à partir duquel nous pourrons stimuler le tissu économique local", explique le candidat dans Le Parisien de jeudi.

Ce n'est pas le seul emprunt de M. Hamon à l'ancien ministre de l'Economie, puisque le député des Yvelines promet aussi de taxer les superprofits des banques, et de renforcer le pouvoir des salariés dans les entreprises: ceux-ci représenteront la moitié des membres votants des conseils d'administration des grandes entreprises et des entreprises de taille intermédiaire.

La présentation de ce programme suffira-t-elle à calmer les inquiétudes des socialistes ? Mardi, malgré les premiers gestes de bonne volonté effectués par M. Hamon, sur le revenu universel d'existence ou les déficits, l'ex-Premier ministre Manuel Valls a annoncé qu'il ne parrainerait pas M. Hamon, dénonçant une "dérive" et une "forme de sectarisme" du candidat.

Mercredi soir, l'une de ses proches, la secrétaire d'Etat Juliette Meadel, s'est à nouveau fait l'écho de ces réticences, affirmant se poser "de plus en plus (de questions) sur la stratégie et le programme" de M. Hamon.

Mais M. Hamon a aussi reçu lors d'un meeting à Nice le soutien sans équivoque de la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem: "Oui, tu es cher Benoît le candidat de l'emploi et de la valeur travail (...) celui du travail choisi, celui du travail de qualité, celui des salariés bien rémunérés et formés", lui a-t-elle notamment lancé sous les applaudissements de la foule.

Partager cet article

Dans la même thématique

Capture
5min

Politique

Un accord de libre-échange entre la Chine et l'Union européenne serait "extrêmement dangereux" pour cette eurodéputée

Scandale Shein, restrictions sur les terres rares, déferlement d'exportations sur le Continent : ces dernières semaines ont fourni aux européens de nombreux motifs d'inquiétude dans leur relation avec Pékin. Alors que Donald Trump a scellé un accord d'un an avec le président Xi Jin Ping, l'UE semble sur le banc de touche. Un sursaut est-il possible ? Ou bien sommes-nous condamnés à rester à la remorque de la Chine ? Débat dans "Ici l'Europe" avec les eurodéputés Sandro Gozi (Renew, France) et Estelle Ceulemans (S&D, Belgique).

Le

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Hamon présente un programme recentré, espérant reprendre la main
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le