Hamon veut « être un réducteur de différences » au PS… et à gauche

Hamon veut « être un réducteur de différences » au PS… et à gauche

Le candidat socialiste à la présidentielle a annoncé aux groupes PS de l’Assemblée et du Sénat la mise en place d'un « conseil parlementaire » pour préparer « les premiers textes de loi » en cas de victoire. Alors que l’organigramme de campagne se discute, il est prêt à accueillir « tout ceux qui voudront » travailler avec lui.
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Les temps changent vite en politique. Le groupe PS du Sénat est loin d’être une terre hamoniste. Seuls 2 sénateurs socialistes sur 108 avaient apporté à l’ancien ministre de l’Education leur parrainage avant le premier tour de la primaire. Le groupe, où les frondeurs ont toujours étaient moins nombreux qu’à l’Assemblée, était majoritairement derrière Manuel Valls. Aujourd’hui, Benoît Hamon est leur candidat à la présidentielle. On ne s’étonnera qu’à moitié qu’en arrivant devant le groupe de la Haute assemblée, mardi matin, après un passage devant les députés, Benoît Hamon n’ait pas été applaudi. Que les socialistes se rassurent, il l’a été à la fin.

« Un conseil parlementaire se réunira toutes les semaines »

Benoît Hamon a certainement su employer des mots doux à l’oreille des parlementaires. Car après son discours d’investiture dimanche à la Mutualité (voir notre article), Benoît Hamon organise sa campagne et compte bien faire appel aux députés et sénateurs. Il va mettre en place un « conseil parlementaire ». Il s’agit pour lui de s’appuyer sur l’expertise des parlementaires. Les deux présidents de groupes, Olivier Faure et Didier Guillaume, qui était le directeur de campagne de Manuel Valls, présideront ce conseil.

« On a des parlementaires qui sont à la fois des politiques et des techniciens. Je leur propose de constituer un conseil parlementaire qui se réunira toutes les semaines, qui aura pour double objectif de faire remonter la réalité du terrain, la perception de la campagne, ce qu’il faut parfois corriger (…) et profiter de l’expertise qui est la leur dans des domaines où il me revient maintenant de dire comment un projet politique se transforme en programme et en action gouvernementale. Et je veux leur parler des premiers textes de loi sur lesquels je souhaite que nous soyons prêts avant mai pour pouvoir gouverner et exercer le pouvoir dans les meilleures conditions qui soit dans le deuxième semestre 2017 » a expliqué Benoît Hamon à Public Sénat avant la réunion de groupe. Regardez (images : Samia Dechir) :

Hamon met en place un « conseil parlementaire » pour préparer « les premiers textes de loi »
00:51

« Ni sectarisme, ni faux rassemblement » pour l’organigramme

A quels sénateurs pense-t-il ? « Tout ceux qui voudront, je ne trie pas » lance le candidat. Pour Benoît Hamon, il s’agit d’ouvrir « les portes du bateau », comme le dit un proche. C’est avec cet état d’esprit que le candidat prépare son nouvel organigramme de campagne. Le sujet est plus délicat. Il devrait être connu d’ici la fin de la semaine. L’objectif est « de faire une équipe de campagne opérationnelle avant tout, qui marque l’élargissement, et d’incarner une nouvelle génération. Le critère de l’envie est important » explique à publicsenat.fr Mathieu Hanotin, directeur de campagne du candidat. Selon Le Parisien, son poste serait menacé, mais il ne souhaite pas s’exprimer sur le sujet. S’il s’agit de rassembler, « on ne fera pas un truc de synthèse », insiste Mathieu Hanotin. « Ni sectarisme, ni faux rassemblement ». Pas d’accord « d’appareil », certes, mais tout le monde est le bienvenu.

Niveau rassemblement, Benoît Hamon est ambitieux. Il veut parler aux écologistes – les discussions informelles avec le candidat Yannick Jadot sont en cours – ou aux communistes, tout comme aux amis de Manuel Valls. Mais pourra-t-il rassembler des communistes aux vallsistes ? « A une époque, on a rassemblé de Michel Rocard aux communistes de Georges Marchais, à Jean-Pierre Chevènement au PS » rappelle Benoît Hamon. « Sans rassemblement, il n’y a pas le Front populaire, il n’y a pas le programme commun, il n’y a pas la gauche plurielle. Pourtant les familles étaient différentes, chahuteuses, avec des controverses extrêmement fortes ». Aux yeux de Benoît Hamon, les différences d’aujourd’hui ne sont pas plus insurmontables que celles d’hier. « Je veux être un réducteur de différences et proposer à tous de remplir ce futur désirable » résume à sa manière Benoît Hamon (voir la première vidéo).

Espagnac : « On a des points de convergences »

Au groupe PS du Sénat, Benoît Hamon a déjà convaincu Frédérique Espagnac. La sénatrice PS est une fidèle de François Hollande. Elle s’était faite discrète pendant la campagne de la primaire et avait choisi de ne soutenir personne. « Benoît Hamon a été plébiscité dans cette primaire. (…) Je ne doute pas que le groupe PS se rangera derrière lui » croit aujourd’hui la sénatrice des Pyrénées-Atlantiques. « Benoît Hamon a fait un bon diagnostic des attentes des Français » salue-t-elle, « je faisais partie avec Daniel Percheron de la mission du Sénat sur le revenu universel. On a des points de convergences. Et puis j’ai eu sur la déchéance et la loi travail un désaccord avec François Hollande » rappelle-t-elle. Tout comme Benoît Hamon. L’hommage rendu dimanche au Président par Benoît Hamon sur la laïcité et la lutte contre le terrorisme facilite bien entendu un soutien des hollandais. « Il a rendu hommage à François Hollande, c’était important » souligne Frédérique Espagnac. Regardez :

Espagnac : « On a des points de convergences » avec Hamon
02:17

Luc Carvounas, vallsiste historique, est prêt aussi aujourd’hui à rouler pour Benoît Hamon. « Il y a bien plus de parlementaires armés désormais pour faire la campagne de Benoît Hamon que les quelques rares collègues qui ont décidé de ce droit de retrait que je ne comprends pas. (…) L’ADN de Valls c’est de faire les campagnes électorales et de se rassembler derrière notre candidat » selon le sénateur du Val-de-Marne. Un membre de la gauche du parti a une autre lecture : « Tout le monde veut en être pour avoir l’air d’exister ». Et ne pas disparaître peut-être.

Hamon ne reviendra pas sur les investitures : de quoi détendre tout le monde

Quelques sénateurs demandent encore à voir. Certains ont pris la parole lors de la réunion pour exprimer leurs divergences. C’est le cas de Jean-Pierre Sueur, qui avait soutenu Valls. « Nous avons eu un débat très franc.  (…) Je lui ai dit qu’il fallait rassembler les socialistes. Pour ça, il faut faire beaucoup d’effort de synthèse ». Et de rappeler les « choix réalistes » du gouvernement « pour faire baisser la dette, le déficit. (…) Cette politique là, nous l’avons soutenue à l’écrasante majorité du groupe socialiste » rappelle le sénateur du Loiret. Qui va même jusqu’à évoquer un retrait du candidat de gauche si la gauche risque de ne pas être au second tour, ce qui « ouvrirait la voie à l’élection de Marine Le Pen ». Regardez :

Jean-Pierre Sueur (PS) : "Il faut faire beaucoup d’effort de synthèse"
00:32

Reste que la primaire a tranché le débat de la ligne. C’est ce que rappelle la sénatrice de l’aile gauche Marie-Noëlle Lienemann : « On a revu des arguments qu’on a entendu pendant la primaire. On leur a dit c’était sympathique mais que les deux millions de votants avaient donné une légitimité aux arbitrages, qu’il fallait passer à autre chose ». Pour preuve de sa volonté de rassemblement, Benoît Hamon n’entend pas revenir sur les investitures aux législatives ou aux sénatoriales. De quoi détendre tout le monde.

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