Handicap : « Le gouvernement accorde des miettes » selon la sénatrice Laurence Cohen

Handicap : « Le gouvernement accorde des miettes » selon la sénatrice Laurence Cohen

Alors qu’Emmanuel Macron avait fait du handicap une de ses priorités du quinquennat, un sondage de l’Ifop pour l’APF France handicap indique que 89% des personnes handicapées sondées n’ont pas, ou peu, confiance en la perspective de voir leurs difficultés mieux prises en compte.
Public Sénat

Par Yann Quercia

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Durant sa campagne, le candidat Macron avait suscité une forte attente concernant le handicap. Deux ans après, l’espoir semble avoir disparu. Pour 43% des personnes interrogées, leur situation personnelle s'est dégradée, et 51% estiment qu'elle n'a pas connu d'évolution. 82% confient connaître des difficultés financières, et 68% estiment que la première revalorisation de l'allocation adulte handicapé, en novembre dernier, n'a « rien changé » dans leur quotidien.

Durant sa conférence de presse du 25 avril, Emmanuel Macron avait pourtant insisté à plusieurs reprises sur le sujet du handicap. Dans une interview accordée aujourd’hui au Parisien, Sophie Cluzel confirme une revalorisation de l’AAH de 40 euros en novembre. Elle passera de 860 à 900 euros mensuels, soit une augmentation de 40 euros. Emmanuel Macron réalise ainsi sa promesse de campagne.

Une revalorisation qui ne compense pas les coupes

La confirmation de cette revalorisation ne permettra pas de calmer le mécontentement. « Je ne vais pas dire que c’est négatif mais suis obligée de dire que 900 euros par mois c’est en dessous du seuil de pauvreté » réagit ce matin la sénatrice PC, Laurence Cohen. Le groupe CRCE (communiste, républicain, citoyen et écologiste) avait déposé une proposition de loi, rejetée en octobre 2018, pour supprimer la prise en compte des revenus du conjoint dans la base de calcul de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), qui concerne plus d’un million de personnes dans le pays.

La sénatrice regrette que le gouvernement « n’écoute pas le Sénat » : « Quand on a discuté de notre proposition de loi, on nous a dit qu’il y aurait revalorisation. Elle est en deçà des besoins des personnes et du respect et de la dignité de ces personnes. Quand on affaire à des personnes en difficulté le gouvernement accorde des miettes. »

 Les associations reprochent également au gouvernement les changements dans le calcul de la revalorisation de cette prestation sociale. Sachant que le montant de l’AAH dépend des ressources du foyer et de leur écart avec un plafond, le gel de ce plafond va pénaliser certains foyers. La disparition pour les nouveaux allocataires d’un complément de ressources (de 179 euros), versées aux personnes les plus lourdement handicapées, est elle aussi pointée du doigt.

La caravane « En route pour nos droits » de l’APF démarre ce mardi. Elle finira son voyage à travers la France le 14 mai. Elle est lancée pour recueillir les doléances des personnes en situation de handicap et les remettre à Emmanuel Macron.

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