Heures supplémentaires : Macron relance le « travailler plus pour gagner plus » !
Dimanche, le porte parole du gouvernement Benjamin Griveaux a confirmé ce qui n’était alors qu’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron : la désocialisation des heures supplémentaires à l’horizon 2020.

Heures supplémentaires : Macron relance le « travailler plus pour gagner plus » !

Dimanche, le porte parole du gouvernement Benjamin Griveaux a confirmé ce qui n’était alors qu’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron : la désocialisation des heures supplémentaires à l’horizon 2020.
Public Sénat

Par Jules Duribreu

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La mesure n’est pas nouvelle, Nicolas Sarkozy, durant son quinquennat, avait mis en place la défiscalisation des heures supplémentaires. La mesure, très populaire, avait été supprimée en 2010 par François Hollande.  

Une mesure plus juste ?

Le gouvernement en garderait l’esprit, avec une différence toutefois par rapport à 2007. Il s’agit ici non plus de défiscaliser mais de “désocialiser”. Cela signifie que ni l’employeur ni le salarié ne paieront de cotisations sociales. Un changement positif pour le sénateur LREM Martin Lévrier. « La défiscalisation pouvait provoquer des incohérences, voire des injustices. Je trouve que la désocialisation, à l’inverse, est plus éthique, plus juste. La question, c’est de savoir si la mesure sera étendue à tous les salariés, cadres inclus.»

Un risque de dérapage budgétaire

Concernant l’entrée en application de cette mesure, le gouvernement vise le budget 2020. Principale raison évoquée pour justifier ce calendrier, la rigueur budgétaire et l’objectif de baisse du chômage. A titre de comparaison, la défiscalisation sous Nicolas Sarkozy avait coûté 4,5 milliards d’euros pour une suppression de 19.000 emplois. En effet, un employeur va être tenté de faire réaliser plus d’heures aux équipes qu’il a déjà, plutôt que d’embaucher de nouvelles personnes. La mesure a donc tendance à profiter plus aux salariés déjà en poste qu’aux chômeurs. Or, la baisse du taux de chômage à 7% est une des priorités d’Emmanuel Macron.

Avec un coût estimé à 3,5 milliards par an, cette “désocialisation” pourrait peser sur les comptes publiques, d'où la volonté du gouvernement de ne pas aller trop vite sur ce point, afin de respecter les objectifs de réduction de la dette et du chômage. En ce sens, Benjamin Griveaux l’a répété : « La France a une trajectoire budgétaire à tenir, des engagements pris vis-à-vis de nos partenaires européens. »

« On cherche à calmer l’opinion publique »

Pour le sénateur LR Philippe Dallier, c’est bien cette trajectoire budgétaire qui est en cause. « Je m’inquiète globalement de l’état des finances publiques de ce pays. Avec en plus la suppression complète de la taxe d’habitation, je me demande vraiment comment l’État va trouver cet argent. »

En outre, le sénateur estime que cette mesure est avant tout là pour calmer l’opinion publique. « Le gouvernement est pris au dépourvu, on a une débauche d’annonces qui vise à calmer l’opinion publique. Il y a le feu à la maison parce que l’affaire de la CSG est mal passée, et il s’agit de faire des annonces, aujourd’hui, en 2018, pour 2020, afin d’étouffer l’affaire. »

Une mesure qui suscite également un avis plus que mesuré de la part du sénateur communiste, Fabien Gay. « Je suis très partagé sur cette question. Il y a une réalité, c’est que le coup d'arrêt de cette mesure, sous le mandat de François Hollande, c’est un coup porté au pouvoir d’achat. Et pour certaines familles, une mesure comme celle-ci, ça peut sauver un mois. Mais quand on parle de ça, on ne parle pas de la principal chose, c’est le salaire. C’est ça la réalité. On se partage les clopinettes pendant que les autres, en haut, sabrent le champagne. »

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Heures supplémentaires : Macron relance le « travailler plus pour gagner plus » !
3min

Politique

Héritage des Jeux : « En 6 ans, on a pu faire ce qu’on aurait dû faire en 30, 35 ans » affirme le sénateur de Seine-Saint-Denis Adel Ziane

Une croisière sur le canal Saint-Denis, des visites des sites olympiques de Paris 2024… Et si les Jeux avaient transformé l’image de la Seine-Saint-Denis au point de rendre ce département plus touristique ? Un an après les JOP, quel est le résultat ? La Seine-Saint Denis a-t-elle changé de visage ? Oui, déclare le sénateur du département Adel Ziane, dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Heures supplémentaires : Macron relance le « travailler plus pour gagner plus » !
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Heures supplémentaires : Macron relance le « travailler plus pour gagner plus » !
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le