Hôpital à bout de souffle : « Il faut trier les arrivées aux urgences », plaide Philippe Juvin

Hôpital à bout de souffle : « Il faut trier les arrivées aux urgences », plaide Philippe Juvin

Face à la saturation des urgences, le LR Philippe Juvin recommande la mise en place d’un système de filtrage, qui permette de réorienter certains patients vers des praticiens indépendants. Pour lui, la réintégration des soignants non-vaccinés, peu nombreux, « n’est pas une solution ».
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Si l’épidémie de covid-19 est passée au second plan dans l’actualité, éclipsée notamment par la guerre en Ukraine puis la campagne présidentielle, la situation hospitalière en France reste particulièrement tendue. 120 services d’urgence limitent aujourd’hui leur activité ou s’y préparent, faute de moyens et de personnels soignants, selon une liste établie par l’association Samu-Urgences de France (SUdF). « La situation est extrêmement inquiétante. Je ne connais pas un seul service d’urgence en France qui puisse me dire que tout va bien », explique vendredi au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, le LR Philippe Juvin, anesthésiste-réanimateur et chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou.

« Vous avez des burn-out et des démissions partout en France »

« C’est très compliqué pour deux raisons. La première : comme la médecine de ville va mal, le seul endroit ouvert matin, midi et soir, même les jours fériés, ce sont les urgences. Tout dysfonctionnement de la médecine de ville se répercute sur les urgences. Deuxième raison : c’est un métier d’une dureté inimaginable, physiquement et moralement », pointe celui qui est également maire de La Garenne-Colombes. « Vous avez des burn-out et des démissions partout en France, même dans les grands centres. »

Face à cette situation, certaines personnalités, comme l’urgentiste Patrick Pelloux, plaident pour une réintégration des soignants non-vaccinés contre le covid-19. « Cela n’est pas une solution », objecte Philippe Juvin. « Ils sont très peu nombreux, ça ne va rien changer au système ».

Filtrer l’accès aux urgences

Monsieur santé de Valérie Pécresse durant la campagne présidentielle, Philippe Juvin plaide pour une réforme importante des modalités d’accès aux urgences hospitalières. « Il n’est pas normal que l’on puisse aller aux urgences librement, à deux heures du matin, parce qu’on a un bouton sur la fesse droite depuis trois mois. » s’agace-t-il.

Il évoque ainsi la mise en place d’un système de filtrage « à la danoise ». « Au Danemark vous devez prendre votre téléphone avant d’aller aux urgences », explique Philippe Juvin. Selon la gravité des symptômes décrits, les patients sont ensuite orientés, soit vers les urgences, soit vers un praticien de ville. « Je crois qu’il faut trier les arrivées aux urgences, il ne faut pas permettre à tout le monde d’y aller. »

Dans la même thématique

Photo IVG
3min

Société

Accès à l’IVG en France, la course d’obstacles

Le 4 mars 2024, le Parlement adopte définitivement l'IVG dans la Constitution. Après les députés, les sénateurs ont voté en faveur de l’inscription de « la liberté des femmes de recourir à une interruption volontaire de grossesse » dans la loi fondamentale. Un « jour historique », selon le gouvernement, mais qu'en est-il concrètement de l'accès à l'IVG sur le territoire ? Derrière les célébrations, sous les ors du Congrès à Versailles, se cache une réalité plus sombre. Public Sénat est allé enquêter sur le terrain à la rencontre de ces femmes en quête d’une IVG.

Le

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »
5min

Société

Majorité numérique à 15 ans : « La problématique, c’est le système pour vérifier l’âge »

Dans son discours sur l’Europe à la Sorbonne, Emmanuel Macron a appelé à reprendre le contrôle sur les contenus en ligne et à protéger la jeunesse des contenus dangereux. Pour Olivia Tambou, maître de conférences, la clé d’une telle réglementation au niveau européen réside dans la vérification de l’âge. La sénatrice Catherine Morin-Desailly appelle à une réflexion plus globale sur les usages et la formation.

Le

Police operation de lutte contre les depots sauvages a Nice
5min

Société

Couvre-feu pour les mineurs : quel pouvoir pour les maires ?

La décision de Gérald Darmanin d’instaurer un couvre-feu pour les mineurs en Guadeloupe inspire les maires de métropole. À Béziers, la mesure est en vigueur depuis lundi. À Nice, Christian Estrosi songe aussi à la mettre en place. Dans quelle mesure les maires peuvent-ils restreindre la liberté de circuler ?

Le