Hôpitaux psychiatriques : entre intégration des malades et enfermement

Hôpitaux psychiatriques : entre intégration des malades et enfermement

Avoir une nourrice atteinte de troubles mentaux, passer ses après-midi dans le jardin d’un hôpital, côtoyer des personnes malades en toute liberté, c’était « le monde normal » de la réalisatrice Hélène Risser lorsqu’elle était enfant, aujourd’hui raconté dans un documentaire. Si, de l’extérieur, le milieu psychiatrique semble être un univers violent et dangereux, il était pour elle et son petit frère un lieu agréable, qui a beaucoup évolué…
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Par Mariétou Bâ

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Lorsqu’Hélène Risser était enfant, ses parents, tous deux psychiatres à l’hôpital de Hoerdt, lui ont choisi une nourrice. C’est parmi leurs patients qu’ils l’ont trouvée. Erica avait été hospitalisée à 17 ans, pour des problèmes de comportements. À l’époque, les malades qui n’étaient pas récupérés par leur famille, étaient obligés d’être internés. Cela a donc été son cas. Et c’est elle que les parents de la petite Hélène ont choisie comme nourrice. Erica a toujours été très « scrupuleuse » et bienveillante », se remémore la mère de la réalisatrice. Elle n’était pas un danger. Son internement est le signe d’un temps où le rôle des structures psychiatriques n’était pas défini.

De l’ouverture au repli

Pourtant, ce milieu médical est régulièrement remis en question. Après la deuxième Guerre mondiale déjà, l’idée de l’enfermement psychiatrique représentait un traumatisme. Les souvenirs des malades mentaux tués par les Nazis étaient très proches, la structure fermée rappelait donc les camps concentrationnaires. En réaction à cette histoire douloureuse, le milieu psychiatrique a vu naître des idées alternatives, comme l’hôpital de Saint-Alban, en Haute-Garonne. Des expériences menées par les médecins ont montré que les malades pouvaient guérir : une influence considérable dans ce milieu médical. L’hôpital d’Erstein, dans le Bas-Rhin, a suivi le mouvement. C’est à travers l’exemple de cet établissement que la réalisatrice expliquera tout au long du documentaire, l’évolution du monde psychiatrique.

C’est dans les années soixante que les parents d’Hélène Risser, jeunes psychiatres, participent à la transformation de l’hôpital d’Erstein, modifié jusqu’à son architecture. Des pavillons sont créés, espacés pour éviter la proximité des malades. Mais à force d’expérimentations vers plus de liberté accordée aux patients, et notamment « d’externements arbitraires » comme le nomme un psychiatre interviewé dans le film, le danger de certains malades sortis trop tôt a peut-être été sous-estimé. Une des raisons d’un futur repli ?

« Fait-on vraiment du soin ou de la surveillance ? »

Aujourd’hui, l’hôpital d'Erstein a bien changé. Il est équipé de nombreuses caméras de surveillance et de portes infranchissables si l’on n’est pas muni d’un badge. « Je me sens davantage dans une prison que dans un hôpital », confie Hélène Risser. Une rupture avec son « monde normal ». « Est-ce qu’on fait vraiment du soin ou de la surveillance ? », se demande Eric, infirmier. Il évoque l’amalgame entre la prison et l’hôpital, dû selon lui à l’association des troubles mentaux à la notion de danger.

"Fait-on vraiment du soin ou de la surveillance ?", se demande un soignant de l'hôpital d'Erstein (Bas-Rhin) #UMED
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Dans ce documentaire très personnel et touchant, on observe des patients qui subissent directement les changements de philosophie et de politiques médicales, mais aussi des soignants tiraillés entre une volonté d’accorder une vie normale aux malades et celle de protéger le monde extérieur.

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