« Il faut remettre les pendules à l’heure et redonner sa chance au rail. Sinon la SNCF va mourir »
Les invités de l’émission « On va plus loin » débattent de la réforme de la SNCF, enclenchée par le gouvernement et le rapport Spinetta, sorti il y a quelques jours.

« Il faut remettre les pendules à l’heure et redonner sa chance au rail. Sinon la SNCF va mourir »

Les invités de l’émission « On va plus loin » débattent de la réforme de la SNCF, enclenchée par le gouvernement et le rapport Spinetta, sorti il y a quelques jours.
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Le gouvernement a démarré lundi la réforme de la SNCF, en recevant la direction et les syndicats de l’entreprise et après la remise du rapport Spinetta la semaine précédente. Rapport qui préconise des modifications profondes pour la SNCF, notamment la fermeture des « petites » lignes et la fin du statut des cheminots.  

Bruno Poncet, membre du bureau fédéral Sud Rail, estime que la méthode employée par le gouvernement n’est « pas loin » « du théâtre » : « Aujourd’hui, on a été reçus. La ministre nous a balayés le rapport mais elle ne prend aucune décision (…) Elle nous a écoutés, je ne suis pas sûr qu’elle nous ait entendus, parce qu’on n’est pas du tout sur la même ligne. C’est juste des effets d’annonce (…) Le rapport est sorti jeudi et tout de suite, beaucoup de présidents de région, beaucoup d’associations d’usagers [et] évidemment les cheminots, se sont inquiétés (…) Donc il était peut-être certainement temps pour eux de réagir pour éteindre le feu tout de suite. »

De son côté, François Patriat, sénateur de la Côte-d’Or et président du groupe La République en Marche au Sénat, considère que « la méthode est plutôt la bonne » : « D’abord, un état des lieux : on est d’accord ou pas d’accord. Ensuite, on débat. Ensuite, on discute. Ensuite, on se concerte. Et la réforme du service ferroviaire, si elle intervient, c’est dans plus d’un an. Donc (…) il n’y a pas de précipitation. Il y a un chantier qui est ouvert. Il faut que, bien sûr les syndicats, bien sûr les salariés du public, soient informés. Mais il faut aussi que les usagers et les contribuables soient informés sur l’état des lieux et sur ce qu’on peut faire pour que ces services fonctionnent mieux, servent mieux les usagers et dans le même temps, coûtent moins cher. »

Ronan Dantec, sénateur écologiste (RDSE) de Loire-Atlantique et vice-président  de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, veut « une approche globale » : « On ne va pas pouvoir se contenter de la question de la mobilité rail. C'est-à-dire que sur la table, on a la totalité des mobilités (…) La mobilité rail est aujourd’hui, une mobilité qui est souvent en situation difficile par rapport à d’autres mobilités, parce qu’elle est plus taxée (…),  plus chère en investissements au départ. Il faut donc qu’on regarde la totalité des enjeux [et] des besoins. »

 Et il ajoute : « Le rapport Spinetta m’a posé (…) comme président de région, beaucoup de problèmes. Un pays, ce n’est pas une logique comptable (…) Je crois qu’il faut d’abord qu’on définisse les besoins. On sait qu’un certain nombre de lignes ne seront pas rentables en elles-mêmes, donc c’est de la solidarité nationale. Et pas que du financement national (…) Que la question de la contribution carbone énergie soit posée pour le transport routier .On a abandonné l’écotaxe mais du coup, on n’a pas permis au rail d’être totalement concurrentiel. Le transport aérien ne paye pas la contribution carbone énergie, à la différence du TGV (…) Qu’on aille jusqu’au bout de la remise sur la table  de l’ensemble des questions pour poser effectivement un diagnostic. »

Mais Marc Fressoz, journaliste spécialiste des transports au site Contexte, a le sentiment que le temps du diagnostic n’a que trop duré : « Tous les gouvernements depuis 95 font des diagnostics sur le rail et ils ne trouvent jamais la solution (…)  Aujourd’hui, le diagnostic est connu : il n’y a plus d’argent, le système coûte cher. Et donc il faut remettre les pendules à l’heure et redonner sa chance au rail. Sinon la SNCF va mourir ».

Face à la préconisation du rapport Spinetta de supprimer le statut des cheminots à l’embauche, le syndicaliste Sud Rail rétorque :  

« Aujourd’hui (…) on nous traite de privilégiés. Moi, je suis rentré il y a 17 ans dans la boîte, j’ai fait 15 ans de 3 x 8. Vous croyez que gagner 1100 euros pour faire les 3 x 8 et travailler trois dimanches sur cinq, c’est être privilégié ? »

Le 26 février, le Premier ministre Edouard Philippe, annoncera le calendrier et les premières décisions, concernant cette réforme. De son côté, la CGT a appelé à une journée de mobilisation nationale le 22 mars.

 

Vous pouvez voir et revoir le débat, en intégralité :

OVPL : débat sur la réforme de la SNCF
23:24

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