Ile-de-France: vers la fin des Autolib’

Ile-de-France: vers la fin des Autolib’

Les Autolib' bientôt à la casse ? Le syndicat gestionnaire va proposer à la centaine de communes adhérentes au service d...
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Par Sami ACEF

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Les Autolib' bientôt à la casse ? Le syndicat gestionnaire va proposer à la centaine de communes adhérentes au service d'autopartage, dont Paris, de résilier le contrat passé avec le groupe Bolloré, en conflit ouvert avec la capitale, sur fond de grave déficit.

"Le groupe Bolloré ne nous a pas laissé le choix", a déploré vendredi dans un communiqué Catherine Baratti-Elbaz, présidente du Syndicat Autolib’ Métropole et maire PS du 12e arrondissement de Paris, invoquant la rupture "il y a un mois (de) la procédure de conciliation" par le groupe Bolloré, concessionnaire du service de voitures électriques.

Au coeur du litige, une réclamation déposée fin mai par l'industriel, qui demande aux collectivités adhérant au service dans la métropole, en particulier Paris, de lui verser 46 millions d'euros par an, pour éponger la dette d'exploitation du service lancé en fanfare en 2011 sous Bertrand Delanoë (PS), jusqu'à la fin du contrat en 2023.

Après des débuts prometteurs, ce dispositif, très novateur pour l'époque, fait désormais face à une révolution des façons de se déplacer, avec le vélo électrique, le VTC, la location de véhicules privés. Sans compter son image dégradée, avec des voitures souvent sales.

La dette est estimée par le groupe à 293,6 millions - une somme contestée par la Ville - mais qu'il est contractuellement obligé de donner de sa poche 60 millions d'euros.

"Les communes de la métropole ne verseront pas les 233 millions d’euros que le groupe Bolloré exige", a rétorqué Mme Baratti-Elbaz, qualifiant ces sommes d'"astronomiques" et jugeant qu'elles mettraient "en péril l’équilibre budgétaire des communes".

Le Conseil syndical, qui fédère la centaine de communes adhérentes d’Autolib' se prononcera par vote le 21 juin sur la résiliation du contrat.

"Selon les premières estimations réalisées par le syndicat, le coût de cette résiliation pour les communes sera de plusieurs dizaines de millions d’euros, soit un coût considérablement inférieur aux 233M€ exigés par le groupe Bolloré", assure la présidente du Syndicat.

Le groupe Bolloré, qui a "pris acte" en début de soirée de cette éventuelle résiliation, estime de son côté qu'elle coûterait quelque 300 millions d'euros aux collectivités.

- Quelle solution de remplacement ? -

La Mairie, qui doit déjà faire face à la crise du Vélib depuis le début de l'année, avait fait l'objet d'un feu nourri de l'opposition LR au Conseil, dénonçant sa "gestion hasardeuse", et estimant que "les services rendus ne sont pas à la hauteur de la capitale de la France".

"Après le fiasco Velib, le fiasco Autolib", avait également ironisé la conseillère LFI Danièle Simonnet.

Autolib' a été en son temps "une belle invention, avec une vision révolutionnaire qui a offert et offre un service apprécié aux Parisiens et métropolitains" mais qui devient désormais "un peu moins séduisant", avait déclaré la maire de Paris Anne Hidalgo, qualifiant alors d'"abracadabrantesque" la somme demandée par le groupe Bolloré.

Anne Hidalgo avait déjà réuni lundi après-midi des constructeurs automobiles pour discuter d'alternatives à Autolib' comme "Renault, PSA, BMW, Volkswagen, Daimler, Drivy, Ubeeqo, Zipcar, Citiz, Communauto, Car2Go, Vulog, Zencarz, Sixt, Hertz et Clem’", selon la Ville.

"Il ne s’agira pas de remplacer Autolib’ par un seul acteur, mais par plusieurs qui proposeront des solutions complémentaires", précise le communiqué, citant en exemples "des trajets intramuros", des trajets vers et depuis la petite couronne, mais aussi des locations longue durée pour "partir en week-end".

Les premières "solutions" seront "initiées avant la fin de l'année" selon Mme Baratti-Elbaz.

Le groupe PCF/Front de gauche du Conseil de Paris s'est félicité que "la Ville de Paris ne cède pas au chantage de Bolloré". "Désormais, avant de se lancer tête baissée dans de nouveaux projets alternatifs, prenons le temps de la réflexion" et "de la concertation", a fait valoir le groupe UDI/MoDem.

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