«Immense gâchis», «autoritarisme», «grave pour le Parlement» : les réactions après la démission du général de Villiers
De nombreux politiques s’indignent après l’annonce de la démission du chef d’État-major et le bras de fer sur le budget de la Défense.

«Immense gâchis», «autoritarisme», «grave pour le Parlement» : les réactions après la démission du général de Villiers

De nombreux politiques s’indignent après l’annonce de la démission du chef d’État-major et le bras de fer sur le budget de la Défense.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

L’annonce de la démission du chef d’État-major des armées n’a pas surpris la classe politique. Des hommages au militaire, et des critiques sur la conduite d’Emmanuel Macron. Mais des politiques s’inquiètent également des moyens accordés à la Défense et de la fuite de propos tenus à huis clos tenus à l'Assemblée nationale. La crise entre Emmanuel Macron et le général Pierre de Villiers avait éclaté après les critiques formulées par ce dernier sur le budget des Armées devant la commission de la Défense de l'Assemblée nationale, réunie à huis clos.

À droite, les réactions sont virulentes. Pour le porte-parole des Républicains, Guillaume Peltier, qui parle d’un « caprice autocratique », il s’agit de la « première faut lourde du quinquennat Macron.

Pour le député Guillaume Larrivé, Emmanuel Macron est un « président impérial » qui « piétine à la fois les armées et les droits du Parlement ».

Un « excès d’autoritarisme », dénonce le député (LR) Damien Abad. Emmanuel Macron « n’est pas à la hauteur de la fonction », appuie son collègue Daniel Fasquelle.

Éric Ciotti, qui avait pris la défense du général de Villiers ce matin sur notre antenne, a vilipendé « l’irresponsabilité totale d'un pouvoir qui par arrogance et incompétence sacrifie un homme de la qualité ».

Sans faire de lecture politique, Gérard Larcher a rendu « hommage » sur Twitter à un « un grand soldat qui jusqu'au bout a servi la Nation avec courage et dignité »

« Dire la vérité devant une commission parlementaire est une faute ? NON »

À la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, les sénateurs saluent le général de Villiers. « Un grand chef d’État-major », pour Jean-Pierre Raffarin. « Il faut le comprendre », a expliqué l’ancien président de la commission, « il a eu aussi à se battre trop souvent contre les finasseries budgétaires ». « Un immense gâchis », considère le vice-président Cédric Perrin (LR). Ces deux mots reviennent souvent dans les réactions de la droite sénatoriale.

« Le président Macron est un petit »

Bruno Retailleau a jugé que cette démission était « inéluctable » : « le président de la République fait le choix du déclin de nos armées et d’une ambition revue à la baisse pour la France ».

Pour le sénateur des Français de l’étranger Christophe Frassa, « l’excès d’autoritarisme d’Emmanuel Macron aboutit à la démission du chef d’État-major ». « Encore un couac ! », lâche Alain Houpert. « Inquiétant pour l’armée », analyse Roger Karoutchi. Pour Henri de Raincourt, « le général de Villiers est un grand monsieur. Le Président Macron est un petit. »

« La confiance se mérite »

Moins nombreuses au Parti socialiste, les réactions n’en sont pas moins sévères. « Le nouveau chef d’œuvre d’Emmanuel Macron », a ironisé Benoît Hamon sur les réseaux sociaux :

« De cette démission, on pourrait retenir que le chef de l'État ne reconnaît pas au Parlement le droit d'être informé », a tweeté l’ancien garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas.

« Anormal de blâmer des militaires qui informent le Parlement », a renchéri la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann.

« Hommage au soldat et à l'homme d'honneur. La confiance se mérite. Celle-là était méritée », a tweeté le patron des députés du groupe Nouvelle gauche.

Pour le député Luc Carvounas, qui avait partagé mardi sur notre antenne son « extrême inquiétude » après le recadrage présidentiel,  les institutions sont « bafouées ». « Vous avez tout mon respect mon Général », a-t-il ajouté.

La députée Delphine Batho parle de Pierre de Villiers comme d’un « lanceur d’alerte » : « grave pour nos armées et pour le Parlement qui vote la loi de finances ».

« Il a fait son devoir »

Les députés de la France insoumise insistent particulièrement sur le franc-parler de Pierre de Villiers devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale. « Il a fait son devoir en s'exprimant devant la commission Défense », a rappelé Alexis Corbière.

« Sous Macron, un chef d'État-major des armées ne peut plus s’exprimer librement devant l’Assemblée nationale sans devoir démissionner », s’est indigné son collègue Bastian Lachaud.

« Macron a fracturé le pays pour longtemps »

Au Front national, Marine Le Pen voit dans ce départ une «  très mauvaise nouvelle pour les armées françaises qui perdent un homme d’une valeur inestimable » et qui « illustre les dérives très graves et les limites très inquiétantes de Monsieur Macron ».

Le sénateur-maire Stéphane Ravier qualifie le choix du chef d’État-major de « respectable ». « En humiliant un homme d'honneur et nos Armées, Macron a fracturé le pays pour longtemps. »

Pour le député Gilbert Collard, cette démission est une «  claque d'honneur dans la figure fixe et prétentieuse de Macron ».

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01121398_000016
8min

Politique

Nouvelle-Calédonie : Sébastien Lecornu attendu au tournant sur ce dossier inflammable

En succédant à François Bayrou à Matignon, le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu hérite d’une crise politique et sociale. Mais il va également devoir faire face à un dossier institutionnel à haut risque, celui de la Nouvelle-Calédonie. Lors de son passage au ministère des Outre-Mer entre 2020 et 2022, les indépendantistes lui avaient reproché d’avoir maintenu la date du troisième référendum d’autodétermination, mais également sa proximité avec les loyalistes.

Le

Paris : Francois Bayrou recoit le PS
9min

Politique

Budget : le PS montre les muscles avant de négocier avec Sébastien Lecornu

Alors que le premier ministre va recevoir les responsables socialistes, le PS fait monter la pression et demande à Sébastien Lecornu de se positionner sur leur contre-budget, insistant sur la question du déficit, de la taxation des hauts patrimoines et le pouvoir d’achat. Sur la taxe Zucman, ils sont prêts à lâcher le principe, à condition qu’une autre solution rapporte autant.

Le