Immigration: Philippe tente d’apaiser face aux critiques des associations

Immigration: Philippe tente d’apaiser face aux critiques des associations

Une "consultation" en janvier sur le futur projet de loi sur l'immigration, un "groupe de suivi" sur un recensement controversé...
Public Sénat

Par Claire GALLEN, Marc PRÉEL

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Une "consultation" en janvier sur le futur projet de loi sur l'immigration, un "groupe de suivi" sur un recensement controversé des migrants: Edouard Philippe s'est efforcé d'apaiser jeudi les tensions autour de la politique d'immigration, sans convaincre les associations.

"Nous avons entendu les réactions, d'indignation parfois, et nous avons considéré qu'il était nécessaire de nous expliquer", a déclaré le Premier ministre au terme d'une réunion à Matignon avec une trentaine d'associations d'hébergement ou d'aide aux étrangers.

Cette consultation acte la reprise en main par le Premier ministre du dossier, initialement piloté par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Ces derniers jours, M. Philippe avait déjà assuré à plusieurs reprises la défense de la politique du gouvernement, à l'Assemblée ou encore sur RTL mercredi.

"On va remettre de l'huile dans les rouages pour montrer que tout n'est pas déjà ficelé", avance un proche du Premier ministre.

Cette "consultation", qui commencera par une réunion à Matignon le 11 janvier, rassemblera le chef du gouvernement et les associations concernées, mais aussi des maires ou des parlementaires, afin de discuter notamment du projet de loi sur l'asile et l'immigration préparé par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Celui-ci suscite de vives inquiétudes du côté des associations de défense des étrangers.

"Pour aborder la discussion publique sur ce sujet difficile, sensible, dans un pays qui est à la fois généreux et en même temps traversé par un certain nombre d'inquiétudes, je souhaite que la discussion soit la plus riche possible de façon à ce que des mesures équilibrées, cohérentes, efficaces, puissent être adoptées", a commenté M. Philippe.

La réunion du 11 janvier sera également l'occasion de mettre en place un "groupe de suivi" de la circulaire controversée du 12 décembre sur le recensement des étrangers en centres d'hébergement d'urgence, via des "équipes mobiles" de fonctionnaires de l'Etat.

Présenté par l'Intérieur comme le moyen de connaître les publics hébergés et de les orienter en fonction de leur situation (réfugiés, déboutés...), ce recensement a été vivement dénoncé par les associations qui y voient un "tri", au mépris de leur mission d'accueil inconditionnel.

- 'Résistance passive' -

"La circulaire n'a pas pour objet et n'aura pas pour objet de revenir sur le principe d'inconditionnalité de l'accueil", a martelé le Premier ministre, en assurant qu'il s'agissait de cadrer une pratique "qui existe déjà", avec l'envoi de fonctionnaires "qui ne sont jamais des forces de police".

"Nous ne demandons pas aux associations de se substituer aux agents" procédant au recensement ni "de nous donner des listes", a-t-il ajouté.

D'ailleurs, le Premier ministre a proposé la création d'"un groupe de suivi qui permettrait de vérifier que la façon dont nous écrivons le recours à cette pratique est bien conforme (...) et permet d'atteindre son objectif".

Les propos se voulaient rassurants, alors que la polémique a gagné jusqu'aux rangs de la majorité ces derniers jours.

Mais les associations, qui s'étaient rendues à la réunion dans l'espoir d'obtenir le retrait de la circulaire, ont fait part de leur "déception" lors d'une conférence de presse. Elles devaient encore décider si elles se rendront à la réunion du 11 janvier, même si à Matignon on souligne que participer à la réunion "ne signifie par forcément être d'accord avec les objectifs poursuivis".

"Nous n'avons pas été entendus, nous n'avons rien obtenu", a estimé Florent Gueguen, le président de la Fédération des acteurs de solidarité (ex-Fnars), en évoquant la publication de consignes aux associations pour organiser "une sorte de résistance passive".

Sur le projet de loi, les associations se sont félicitées du retrait de la notion de "pays tiers sûr", permettant de renvoyer, dans certains cas, un demandeur d'asile vers un pays de transit, a indiqué Jean-Claude Mas de la Cimade. Mais "nous n'avons pas compris s'il y avait une possibilité d'évolution significative", a-t-il déploré.

Le calendrier initial, prévoyant un envoi au Conseil d'Etat vers le 15 janvier, "n'est pas nécessairement décalé", a-t-on souligné à Matignon, car "des choses peuvent cheminer en parallèle de la transmission au Conseil d'Etat".

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