Industrie : La France « a négligé un des moteurs de son économie », selon Édouard Philippe

Industrie : La France « a négligé un des moteurs de son économie », selon Édouard Philippe

Devant le Conseil national de l’industrie, le Premier ministre a présenté les objectifs du gouvernement pour que « l’industrie française retrouve son rang » dans le monde.
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Insister sur l’innovation et préparer les usines de demain. C’est dans un centre de recherche et développement de Valeo, à Bobigny, que le gouvernement est venu présenter ses ambitions en matière de politique industrielle. Un million d’emplois industriels perdus en vingt ans, une production toujours plus faible qu’avant la crise de 2008, la France derrière l’Italie, le Premier ministre Édouard Philippe a très vite mis de côté les signes d’un frémissement de l’activité pour rappeler la dure réalité de l’industrie française. « On n’a pas fait collectivement assez pour l’industrie […] On a oublié, ou négligé, un des moteurs de l’économie », a admis le chef du gouvernement.

« Les gains de pouvoir d’achat du made in world » contre « les emplois du made in France »

Dans son discours, prononcé dans le cadre du Conseil national de l’industrie, Édouard Philippe a pointé du doigt l’action de ses prédécesseurs, qui s’est résumée, selon lui, à de la « communication ». « Par-delà les odes à l’industrie et les slogans du redressement productif, on a souvent privilégié la communication colbertiste », a-t-il dénoncé.

Des mauvaises orientations qui auraient creusé la balance commerciale française et fragilisé le tissu industriel. « On a souvent préféré les gains de pouvoir d’achat du made in world aux emplois du made in France. »

Aux acteurs de l’industrie, Édouard Philippe n’a pas promis de « nouveau pacte » ou de « nouveau choc » mais des « objectifs clairs ».

Le Premier ministre a longuement insisté sur la compétitivité des entreprises. « C’est même par-là que tout commence. » Ordonnances, réforme de la fiscalité, grand plan d’investissement, pérennisation du CICE : le Premier ministre a dressé la liste des mesures des six premiers mois du quinquennat qui doivent contribuer, selon lui, à « avoir un impact positif sur l’industrie ».

« Montrer aux Français que ce n’est pas une faveur qui vous est accordée »

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Autant de réformes qu’Édouard Philippe veut « amplifier » dans les mois à venir. Il a ainsi annoncé vouloir réfléchir avec les collectivités territoriales à une réforme de la fiscalité de production, qui « n’est pas incitative ». Confirmant les souhaits de son ministre Bruno Le Maire, il a déclaré que le gouvernement était « prêt à poursuivre » la baisse des « charges » sur les salariés au-delà de 2,5 Smic. « Il y a une impatience sur ce sujet », a-t-il reconnu, précisant que cette réforme serait menée « seulement lorsque nous aurons rétabli la situation des comptes publics ».

Comme un rappel au Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) mis en place par François Hollande, Édouard Philippe a demandé un engagement en termes d’emplois aux chefs d’entreprise. « Nous avons besoin de vous pour montrer aux Français que ce n’est pas une faveur qui vous est accordée, que les efforts consentis par les Français permettent de créer des emplois », a mis en garde le Premier ministre.

« Nous ne sommes pas naïfs »

Édouard Philippe annonce également que le gouvernement prévoit de renforcer les aides à l’export pour les entreprises. « Nous souhaitons que l’industrie se projette à l’international ». Tout en affirmant que la France doit « jouer le jeu de l’Europe » et tenir compte de la mondialisation, le chef du gouvernement a voulu montrer un visage plus protecteur. « Nous ne sommes pas naïfs, nous n’hésiterons pas à monter au créneau en cas de menaces sur nos champions français, notamment en cas de menaces d’OPA », a-t-il souligné.

Autre volet, celui de l’innovation et de d’industrie du futur. Citant en exemple le cas du véhicule autonome et de la voiture électrique, Édouard Philippe a défendu la nécessité de faire émerger des acteurs au niveau européen et de mettre l’accent sur la formation et les compétences, une question « centrale ». « La France doit être au rendez-vous de cette révolution de la mobilité. » Face à ces transformations technologiques, il a défendu la nécessité de réorganiser les filières.

Quelques jours après la cession par l’État de près de 5% du capital de Renault, Édouard Philippe a résumé la philosophie du gouvernement avec une formule : « l’État partenaire ».

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