Inondations et prévention : « On ne fera rien sans la population » estime Eric Daniel-Lacombe

Inondations et prévention : « On ne fera rien sans la population » estime Eric Daniel-Lacombe

Invité de l’émission « On va plus loin », l’architecte spécialiste des risques naturels et des constructions en zones inondables, Eric Daniel-Lacombe met en garde contre un risque d’interdiction de construire, sous couvert de prévention.  Empêchant ainsi les expérimentations.   
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Alors que le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé lundi, une « procédure de catastrophe naturelle accélérée » après que l’Aude a été touchée par des inondations meurtrières, le temps est aujourd’hui à l’évaluation des dégâts. Mais que faire à plus long terme alors que tous les experts et même les politiques, nous expliquent que ce phénomène peut se reproduire encore et encore ?  

Pour Eric Daniel-Lacombe, architecte spécialiste des risques naturels et des constructions en zones inondables, il faut intégrer la population dans le processus de changement des mentalités et d’action : « On ne fera rien sans la population (…) Je pense que les habitants ne peuvent pas s’exclure de cette conscience et c’est là-dessus qu’il faut les éduquer ou les rendre plus vigilants » assure-t-il.

 Face aux critiques du tout constructible, l’architecte défend sa paroisse : « L’architecture a été longtemps condamnée sur les méfaits qu’elle pouvait faire à la nature (…) mais elle peut, au contraire, emmener les gens vers une conscience du monde sensible, au-delà du monde technique. »  

Quant à « la culture de la prévention » prônée notamment par Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, Eric Daniel-Lacombe, y voit un risque : « Si vous regardez ce qu’il se passe à l’issue de ces deux jours, la prévention va conduire inévitablement, et pour des raisons justifiées, à l’interdiction (…) de construire (…) Mais qu’est-ce qu’on fait des bâtiments et des gens qui sont déjà là ? Moi je me bats (…) pour mener des expériences (…) réelles de résilience d’un quartier où l’on est capable de faire rentrer l’eau, la faire monter jusqu’à 1m50 [et] surtout la faire ressortir (…) Si on les interdit, on n’a plus de lieu d’enseignement. J’ai démarré au mois de juillet, la même chose sur la vulnérabilité des campings (…) et je dors trois nuits par semaine depuis trois mois, sur des zones qui sont toujours près d’une rivière, près de la mer qui monte (…) Pour essayer de comprendre les phénomènes (…), les évacuations et (…) ce qui pourrait nous reconnecter, savoir à quel moment, il faut rester. Et à quel moment, il faudrait partir. Si on se prive d’une expérience, on ne saura pas transformer les villages dont on ne cesse de parler depuis deux jours. »

 

Vous pouvez voir et revoir cet entretien, en intégralité :

OVPL. Entretien (en intégralité) avec l’architecte spécialiste des risques naturels et des constructions en zones inondables, Eric Daniel-Lacombe
07:49

Dans la même thématique

Weekly cabinet meeting at Elysee Palace, Paris, France – 12 Jan 2024
5min

Société

Prostitution : un nouveau plan de lutte présenté ce jeudi, huit ans après la loi pénalisant les clients

Alors que la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées, peine encore à produire ses effets, le gouvernement a annoncé la présentation d’un nouveau plan pour lutter contre la prostitution, à l’aube d’une augmentation inquiétante des chiffres chez les mineurs. Selon les associations, ils seraient entre 7 000 et 10 000 à être aujourd’hui prostitués, un chiffre qui a doublé ces dernières années.

Le

Enfants et ecrans
4min

Société

Rapport sur l’usage des écrans chez les enfants : « Nous avons perdu six ans », déplore la sénatrice Catherine Morin-Desailly

Commandé par l’exécutif, le rapport d’experts sur l’usage des écrans chez les enfants a été remis au président de la République ce 30 avril. En 2018, le sujet avait déjà fait l’objet d’une proposition de loi largement votée au Sénat, mais jamais discutée à l’Assemblée. Auteure du texte, la sénatrice centriste Catherine Morin-Desailly dénonce aujourd’hui « une perte de temps ».

Le

A national gendarmerie van entering the Paris courthouse
7min

Société

Meurtre de Matisse à Châteauroux : qu’est-ce que l’excuse de minorité, que le gouvernement souhaite réformer ?

Alors que de multiples faits divers concernant des mineurs font l’actualité ces dernières semaines, le dernier en date, le meurtre de Matisse, 15 ans, poignardé à mort, samedi dernier à Châteauroux, par un mineur afghan âgé lui aussi de 15 ans et placé sous contrôle judiciaire, cinq jours avant le meurtre, Gabriel Attal a annoncé, le 18 avril dernier, souhaiter « ouvrir le débat » sur l’excuse de minorité. Mais au fait, à quoi fait référence cette qualification pénale, qui revient régulièrement dans les discussions ?

Le