« Inopportune », « malvenue »… La gauche sénatoriale dénonce l’audition de Juan Guaidó par la commission des Affaires étrangères

« Inopportune », « malvenue »… La gauche sénatoriale dénonce l’audition de Juan Guaidó par la commission des Affaires étrangères

La commission des affaires étrangères du Sénat auditionne ce mercredi 2 décembre Juan Guaidó, président de l’assemblée nationale du Venezuela et président par intérim du pays. Mais à quelques jours d’élections législatives dont Juan Guaidó est un des principaux protagonistes, les sénateurs socialistes estiment l’initiative « inopportune », quand leurs collègues communistes la jugent « malvenue ».
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Par Rafael Benabdelmoumene

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Crise internationale au Sénat ? Le 6 décembre prochain, le Venezuela va devoir voter pour déterminer la couleur politique de la chambre unique du pays, actuellement entre les mains de l’opposition. Des élections boycottées par l’ensemble de l’opposition, dont Juan Guaidó, invité par la commission des affaires internationales du Sénat ce mercredi en visioconférence, est le chef de file. A la place, les forces d’opposition au régime de Nicolás Maduro organisent une consultation populaire censée contrecarrer l’élection officielle. Dans ce contexte, l’initiative de la commission des affaires étrangères est vivement critiquée par les sénateurs socialistes et communistes, qui la jugent « incongrue » pour les premiers, et « malvenue » pour les seconds. D’autant que Juan Guaidó est candidat aux élections législatives qui se dérouleront dans quelques jours dans le pays.

Les sénateurs socialistes et communistes montent au créneau

Dans un communiqué de presse, le groupe socialiste alerte donc sur les risques d’accorder, selon eux, « une tribune qui pourrait être mal interprétée et interférer avec un processus politique intérieur ». Ils demandent le report de l’audition afin qu’elle se tienne après le scrutin législatif vénézuélien et à ne pas donner l’impression de prendre parti pour « untel ou untel », a expliqué le sénateur socialiste Rachid Temal en conférence de presse.

Leurs collègues communistes, eux, dénoncent dans un communiqué les choix de Guaidó, qu’ils accusent d’avoir « choisi toutes ces dernières années la voie de la confrontation violente avec le soutien actif des États-Unis de Donald Trump ». Ils estiment donc que le signal envoyé par cette invitation est « inquiétant » alors que Juan Guaidó est lui-même « en difficulté » au sein de l’opposition vénézuélienne, soulignent-ils.

Une vision « équilibrée »

Joint par téléphone, Christian Cambon, président de la commission qui va auditionner Juan Guaidó, tient à rassurer. Il ne croit pas en une quelconque interférence dans le processus électoral vénézuélien. Le sénateur LR assure vouloir faire en sorte que les membres de la commission soient informés de manière équilibrée sur la situation politique du pays. L’ambassadeur du Venezuela et représentant du pouvoir en place Michel Mujica sera ainsi invité - à la demande du groupe communiste - à s’exprimer devant la même commission le 9 décembre, soit après les élections vénézuéliennes, pour contrebalancer les propos de Juan Guaidó. Ce que les communistes jugent « tardif ».

Tout en rappelant que Juan Guaidó reste le chef de l’État par intérim du Venezuela reconnu par l’Union Européenne, Christian Cambon justifie le bien-fondé de l’invitation de l’opposant, qui sera interrogé notamment sur l’état de la démocratie dans le pays et la crise économique et politique que traverse le Venezuela. 

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