Iran: Macron n’a pas convaincu Trump, issue prévisible mais critiquée
Malgré son intense activité diplomatique et les bonnes relations cultivées avec Donald Trump, Emmanuel Macron n'a pas pu dissuader le président...
Par Laurence BENHAMOU
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Malgré son intense activité diplomatique et les bonnes relations cultivées avec Donald Trump, Emmanuel Macron n'a pas pu dissuader le président américain de sortir de l'accord nucléaire avec l'Iran, une décision attendue mais considérée comme un échec par les opposants au chef de l’État.
Ces derniers ont relevé le contraste entre les démonstrations d'amitié fin avril entre les deux dirigeants lors du voyage du Français à Washington et la décision de Donald Trump non seulement de sortir de l'accord mais de sanctionner les entreprises étrangères, y compris européennes et françaises, qui commerceraient avec l'Iran.
Comme pour prendre les devants sur une décision américaine jugée "sans surprise" à l'Elysée, le président de la République avait souligné dans le Journal du Dimanche vouloir focaliser la relation franco-américaine sur la lutte contre le terrorisme et l'alliance militaire, se disant conscient que la politique de Donald Trump "répond toujours à ses objectifs de politique intérieure", avec un "prisme anti-iranien".
"Le fait qu'il y ait des relations amicales entre les présidents Macron et Trump ne veut pas dire un accord politique. Et Emmanuel Macron a proposé une initiative politique - un nouvel accord plus large - qui est toujours sur la table et que Donald Trump n'a pas rejetée hier soir", a défendu Jean-Yves Le Drian sur RTL mercredi.
"Nous n'avons jamais occulté les divergences avec le président américain et ce n’est pas une raison pour ne pas avoir une bonne relation avec les États-Unis", ont commenté des conseillers de l’Élysée.
Ils ont aussi déclaré sur franceinfo qu'Emmanuel Macron anticipait cette décision et que son voyage avait servi à préparer l'avenir, les "marques d'affection" entre les deux hommes soulignant leur "relation de confiance".
"Ce qui était important c'était de tenter et de tout tenter pour infléchir cette position" de M. Trump, a noté la ministre des Armées Florence Parly, "ce qui aurait été regrettable c'est de ne pas avoir essayé de mettre tous nos efforts pour infléchir la position du président américain".
Paris espère d'ailleurs toujours ramener M. Trump dans la boucle des négociations par le biais de sa proposition de négocier un nouvel accord, plus large.
Les relations franco-américaines vont de nouveau être mises à l'épreuve dans les semaines qui viennent lorsque la France et ses alliés européens vont négocier avec les États-Unis pour tenter de faire exempter ses entreprises présentes en Iran de sanctions américaines.
- "Diplomatie de la séduction" -
En revanche, les adversaires de tous bords voyaient dans la décision américaine l'échec des efforts du président français pour amadouer Donald Trump et en faire un "ami".
Danielle Simonnet (France Insoumise) a critiqué le suivisme du chef de l’État, craignant que sa proposition de nouvel accord ne revienne à s'aligner sur les exigences de Donald Trump. Virginie Calmels, n°2 des Républicains, y a vu "l'inutilité des gesticulations d'Emmanuel Macron". Pour Thierry Mariani (LR), "au-delà des grandes embrassades et des papouilles, Trump n'a pas été convaincu" et ce voyage n'a "pas servi à grand-chose".
Le PS a lui dénoncé une "diplomatie de la séduction dont rien à ce jour n’a prouvé l’efficacité sur l’accord iranien, ni sur le commerce international ou sur le respect de l’accord de Paris sur le climat".
Le président américain Donald Trump (G) et le président français Emmanuel Macron (D) se tiennent la main à la Maison Blanche à Washington, le 24 avril 2018
AFP/Archives
"La stratégie de la séduction ne pouvait marcher sur Donald Trump, puisque le cynisme, la vulgarité et l’égocentrisme sont les ressorts de sa personnalité", a souligné l'ex-président PS François Hollande dans un entretien au Télégramme de Brest, notant par ailleurs que, pour ce qui est de l'idée d'Emmanuel Macron d'élargir l'accord aux missiles balistiques, "Donald Trump n'en avait que faire et (..) elle a donc été inopérante".
"C'est un échec. A quoi servent ces journées où on s'embrasse, où on se touche, où on se palpe, si M. Trump de toute façon n'en fait qu'à sa tête? L'Europe a une carte historique à jouer. (...) Nous devons discuter avec l'Iran, aux côtés de la Russie, aux côtés de la Chine, et surtout ne pas s'aligner sur M. Trump", a tranché Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat.
"Quel camouflet pour Emmanuel Macron qui a promu la perspective d’un nouvel accord", a renchéri le PCF.
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