Jacques Chirac : « Il a été le dernier président à l’idéal démocratique »

Jacques Chirac : « Il a été le dernier président à l’idéal démocratique »

Avec son comparse Pierre Jouve, Ali Magoudi a réalisé un portrait de Jacques Chirac. Pendant deux ans ils ont mené des entretiens avec celui qui n’est encore que maire de Paris. Une personnalité chaleureuse, mais aussi secrète. Retour sur les coulisses d’un tournage hors normes.
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Pendant deux ans, ils vont mener des interviews en longueur pour tenter d’analyser la personnalité de celui qui quelques années plus tard deviendra président de la République.

« Prendre son temps avec Jacques Chirac, c’était aller contre sa nature (...) C’était une énergie pure Chirac » se souvient Ali Magoudi. « Une énergie, et surtout une extrême gentillesse, une affabilité, une courtoisie rare ».

Le tournage a été une véritable course-poursuite

De leurs longs face-à-face, les deux réalisateurs se souviennent aussi de la pudeur, et de la maîtrise de l’homme : « Si Mitterrand pouvait se livrer, Chirac donnait à voir de lui ce qu’il voulait. Il laissait rarement voir autre chose que ce qu’il souhaitait » détaille Ali Magoudi. Une pudeur pour protéger les siens, sa famille, une pudeur ou une incapacité à se livrer. Pour Pierre Jouve « Chirac n’était pas bon dans cet exercice d’introspection, c’était un hussard ! (…) Il avait dans un même mouvement un besoin de reconnaissance immédiate, allait au contact des gens, il avait besoin d’être reconnu, et dans le même temps restait très mystérieux ».

« Il y avait en Jacques Chirac autant d’humanité que de criminalité politique, dans un milieu qui exige de soi que l’on fasse le vide autour de soi » Ali Magoudi psychanalyste

Une énergie pure

De l’animal politique Ali Magoudi témoin privilégié garde aussi l’image d’un homme capable sans préparation d’enchaîner les réunions : « Il ne s’arrêtait jamais, et il répondait aux questions de deux emmerdeurs dans les couloirs de l’Hôtel de ville même tard dans la nuit », et Pierre Jouve de compléter « Il était incapable d’immobilité », avant de résumer le personnage en une phrase : « Il y avait en Jacques Chirac autant d’humanité que de criminalité politique, dans un milieu qui exige de soi que l’on fasse le vide autour de soi », Un véritable tueur en politique qui n’a pas hésité à trahir Jacques Chaban-Delmas en 1974 pour soutenir Valéry Giscard d’Estaing, avant de le trahir à son tour pour se présenter à l’élection présidentielle de 1981.

Aucun héritier

À la question rituelle de l’héritage, Pierre Jouve a beau chercher mais ne lui trouve aucun héritier, pas même Alain Juppé avec qui on le compare souvent : « Chirac a été le dernier président à l’idéal démocratique chevillé au corps. Avec la reconnaissance de la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv, ou son hostilité au Front National, il a pris de violents risques, sur les grands principes il ne cédait pas (...)  Il citait souvent la figure de son grand-père, enseignant sous la troisième république. Ça aujourd’hui je ne le retrouve plus à droite. »

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